NESREN JAKE
NESREN JAKE
NESREN JAKE
NESREN JAKE
NESREN JAKE
"Ayant perdu la tête, grand-mère, un beau jour,
quitta notre logis pour aller s'endormir dan l'arbre :
elle y devint le fruit d'un rameau dénudé,
puis un oiseau, puis la lune,
elle se mit à chanter
une chanson d'enfant.
ils finirent par l'emmener,
mais elle ne cessa de chanter ses désirs,
le temps de ses désirs,
la violence de ses désirs;
Avec sa ramure octogénaire,
sa sève servile et stérile,
son feuillage dépenaillé,
face aux quatre coins du monde,
aux quatre coins du monde,
grand-mère,
face au silence."
Vahan Andréassian
"Est ton pays
celui qui t'ouvre les portes
sans fouiner dans la besace
de tes songes
Est ton pays
celui qui t'indique où
mettre tes songes en lieu sûr
Nul ne naît en terre étrangère
l'espace appartient à l'homme
dont le sort est d'errer
Ne me demande pas mon pays d'origine
regarde dans mes yeux baissés
la fêlure des horizons
...Qui t'a parlé du mot exil
je ne le prononce plus
Bâtis dans ton coeur
des terres de réservedes îles vierges
ne demande à l'espace qu'un peu d'immobilité
le temps d'une halte
il faut bêcher le territoire au jour le jour
y planter un drapeau blancet non des épouvantails
qui apeurent les oiseaux
L'exil est aussi ce chemin
qui délivre de la solitudeTout homme seul
porte la langueur du tempssur ses épaules
il pleure le cloisonnement
de l'espace
Mais toi
regarde plutôt la splendeurdes songes égarés
dans l'herbe de ton enfance..."
Alain Mabanckou extrait de: "Tant que les arbres s'enracineront dans la terre"