Le sujet : Rafael, jeune père de famille illettré et alcoolique qui vit dans une décharge du sud des USA décide de signer un contrat pour tourner dans un snuff-movie en échange d'une somme rondelette qui devrait mettre sa famille à l'abri du besoin.D'un sujet casse gueule au possible offrant une porte ouverte sur des mièvreries et des lamentations pénibles dans lesquelles bon nombre d'auteurs se seraient vautrés, MacDonald parvient lui au contraire à en faire une matière explosive, toute en retenue, qui montre l'horreur sans la dire. C'est un tour de force remarquable qu'il réussit là, en adoptant le ton juste, en avançant sur une ligne ténue qui est la seule ayant un sens pour écrire une telle histoire. Et le tout avec une économie de moyens et de mots qui force le respect. L'empathie du lecteur est totale sans que cela soit jamais larmoyant, et on se retrouve emporté par le récit de ce héros christique et désespéré prêt à tous les sacrifices pour l'amour inconditionnel des siens. La laideur des êtres, leur soif matérielle, les laissés pour compte que l'on abandonne, l'alcoolisme, les rêves évanouis de l'enfance : tout y est et c'est superbe. A lire et à relire : un grand moment de lecture pour les lecteurs et une grande leçon d'efficacité pour les auteurs. Extrait : Ce que nous sommes en train de faire, ce sont peut-être bien les plus grands films de l'histoire, parce qu'ils sont la vérité pure, Rafael, c'est pas du chiqué, on montre comment des personnes réelles souffrent et meurent réellement, et ça reste de l'art, de l'art et de l'ironie, et toi, Rafael, tu seras dans un de ces films, tu montreras au monde entier quel genre d'homme tu es vraiment.
Gregory MacDonald - Rafael derniers jours, Editions 10/18. 192 pages, 7€.