[Critique] Traque à Boston

Alors que la ville de Boston est sous le choc de multiples explosions, le sergent de police Tommy Saunders (Mark Wahlberg) rejoint les enquêteurs sur le terrain dans une course contre la montre pour traquer et arrêter les auteurs avant qu’ils ne frappent à nouveau. Croisant les parcours de l’agent spécial Richard Deslauriers (Kevin Bacon), du commissaire Ed Davis (John Goodman), du sergent Jeffrey Pugliese (J.K. Simmons) et de l’infirmière Carol Saunders (Michelle Monaghan), ce récit sans concession évoque la chasse à l’homme la plus complexe jamais mise en œuvre par la police américaine – et rend un vibrant hommage aux héros du quotidien.

Après les très bons Du Sang et des Larmes et Deepwater, Peter Berg reste dans l’adaptation de drame inspiré de faits réels avec Traque à Boston (Patriots Day en VO), un thriller dramatique évoquant l’attentat survenu lors du marathon de Boston en avril 2013, et surtout l’enquête qui a suivi pour identifier/retrouver les terroristes à la base de la terrible attaque. Comme à son habitude, le réalisateur américain est redoutable lorsqu’il place sa caméra au cœur de l’action, parvenant une nouvelle fois à retranscrire avec brio toute l’intensité de la situation. De l’explosion à la fusillade, en passant par la prise d’otage et l’interrogatoire, la tension est palpable et tient en haleine jusqu’au dénouement final. Jouant à fond la carte du réalisme, le film n’hésite pas à exploiter autant que possible les images des caméras de surveillance, lorgnant ainsi nettement vers le documentaire. De même, en brossant une large galerie de personnages, il réussit l’exploit de coller à la réalité tout en rendant compte des efforts de chacun. Car s’il faut reconnaître une qualité au long-métrage, c’est bien celle d’exposer la magnifique solidarité des différents corps de métier – et même des citoyens en général – face à l’incroyable tragédie.

Pour autant, Traque à Boston demeure plutôt perfectible sur le fond. A se concentrer autant sur les hommes, au détriment parfois du sujet de fond, le scénario échoue en effet à appréhender toute la complexité de la catastrophe. Un défaut mineur, certes, surtout compte tenu de l’ambition du film, mais néanmoins regrettable tant un sous-texte plus fouillé aurait pu considérablement enrichir l’expérience de visionnage. En outre, l’introduction se révèle aussi assez laborieuse, le film éprouvant quelques difficultés à capter immédiatement l’attention. L’intérêt d’une telle installation est évidemment compréhensible pour générer, par la suite, de l’empathie envers les protagonistes, mais la méthode employée pose tout de même question au regard du peu d’enthousiasme que suscite le récit jusqu’au moment du drame. Côté casting, s’agissant d’un film choral, il est relativement difficile de sortir du lot un acteur plutôt qu’un autre. Je me contenterais donc de souligner le bel engagement de Mark Wahlberg, très poignant lors d’une séquence émouvante avec Michelle Monaghan, ainsi que de l’ensemble de la distribution. Enfin, d’un point de vue purement technique, la mise en scène frénétique de Berg, combinée à un travail sonore une nouvelle fois remarquable, renforcent joliment la tension qui émane de l’histoire.

En définitive, Traque à Boston s’avère donc être un drame glaçant, dont l’intensité n’a d’égal que la nervosité. Malgré un scénario manquant un peu de subtilité et d’ambiguïté pour appréhender toute la complexité de la catastrophe, le film demeure toutefois particulièrement efficace. Pas indispensable mais très prenant !