The Good Fight est une nouvelle série de dix épisodes dont la première a été diffusée sur la chaîne CBS le 19 février et la suite sur CBS All Access, tandis qu’au Canada, on peut la retrouver sur W Network. Sequel de la défunte The Good Wife sur la même chaîne, on reprend l’action à peine quelques mois plus tard alors que l’avocate Diane Lockhart (Christine Baranski) annonce son départ de la firme qu’elle a en partie fondée. Son projet: aller vivre une retraite amplement méritée dans un château en France. Seulement, ses plans tombent à l’eau lorsque son conseiller financier Henry Rindell (Paul Guilfoyle) est incarcéré pour fraude : « l’une des plus grandes depuis l’arrestation de Madoff ». Cette bombe accable aussi la fille de ce dernier, Maia (Rose Leslie) qui vient tout juste de passer son Barreau et qui est faussement accusée de complicité dans toute cette histoire. Tout n’est cependant pas perdu pour ces deux femmes qui se voient recrutées par la prestigieuse firme d’Adrian Boseman (Delroy Lindo) et qui n’auront pas le temps de s’ennuyer au cours des prochaines semaines. The Good Fight est probablement l’une des plus intéressantes séries à porter la bannière de CBS. Si la richesse des personnages et la qualité du scénario sont indéniables, c’est à l’inverse son mode de diffusion qui nous pose problème et dont l’avenir est loin d’être certain.
L’aventure continue
Bien entendu, Maia n’a rien à voir dans les mésaventures de son père et elle croit tomber des nues lorsqu’elle surprend sa mère Lenore (Bernadette Peters) ayant une relation intime avec son oncle Jax (Tom McGowan) qui selon Henry, est le véritable coupable dans toute cette affaire. Mais le prouver n’est pas si simple et en parallèle, elle doit aussi faire ses preuves sur le marché de l’emploi dans toutes sortes de causes sur lesquelles travaillent aussi Diane et Lucca Quinn (Cush Jumbo). Dans le second épisode, elles défendent un employé qui a vu son salaire réduit au minimum après qu’il ait été reconnu coupable d’avoir volé sa compagnie lors d’un interrogatoire de plusieurs heures. Dans le troisième, c’est un médecin américain qui assiste des chirurgiens amateurs en Syrie via Skype qui est accusé d’aider des terroristes.
C’est assez rare dans le cas d’un sequel, mais quiconque n’a pas vu préalablement The Good Wife ne se sentira pas du tout dérouté en entamant The Good Fight. C’est qu’après le premier épisode, les principaux protagonistes doivent en quelque sorte reprendre leur vie à zéro après avoir été fortement déconsidérés par le scandale financier que l’on a déjà évoqué. De plus, mis à part le personnage de Diane qui assure le pont entre les deux fictions, tous les autres constituent de nouveaux ajouts et on s’attache rapidement à eux.
On l’a vu, CBS s’est royalement cassé les dents avec Doubt, une série judiciaire qui avec un ton général assez superficiel peinait à nous investir dans des causes à défendre qui étaient rapidement balayées sous le tapis. À l’opposé à ABC, la troisième saison de How to Get Away With Murder priorise de plus en plus sur la survoltée vie personnelle de ses protagonistes que c’est à peine s’ils ont encore le temps de défendre ceux qui requièrent leurs services. Avec The Good Fight, ce sont les affaires des clients qui sont au cœur des épisodes et contrairement aux deux autres tout juste évoquées, rien n’est nécessairement acquis pour les avocates qui ne remportent pas toujours leurs causes.
Second point positif, bien que la série ait été mise en boîte il y a plusieurs mois, l’équipe a dû tourner pour une seconde fois le pilote suite à l’élection de Donald Trump afin de coller au mieux avec l’actualité. En effet, dans le premier plan de The Good Fight, l’on voit Diane bouche bée devant son téléviseur en train de regarder l’inauguration du nouveau président des États-Unis. À la base, les scénaristes avaient anticipé que ce serait Hillary Clinton qui se trouverait à sa place. Puis, au second épisode, la firme de Boseman est sur le point de perdre un important contrat parce qu’elle est notoirement reconnue pour avoir milité contre le parti de Trump. Pour éviter que cela se produise, elle déniche le seul employé de leur équipe (Julius Cain (Michael Boatman)) à avoir voté pour le président actuel ce qui permet à la firme de conserver ce client en particulier. Par contre, on tombe un peu dans l’exagération lorsqu’un avocat de l’externe avertit Julius qu’éventuellement, ses collègues ne lui feront plus confiance en raison de ses convictions politiques, ce qui semble déjà se produire. Scénario paranoïaque ou tristement visionnaire ?
CBS All Access
C’est en 2014 que CBS s’est lancée dans la course aux offres OTT. Plus de deux ans plus tard, c’est à se demander si ce service est viable pour la chaîne. C’est que pour le moment, le choix est assez maigre avec un catalogue rempli de reprises et de rattrapage de contenu exclusivement CBS qui a été ou est en ce moment diffusé à la télévision en mode traditionnel (incluant le sport en direct). À 5,99 $ avec pauses publicitaires ou à 9,99 $ sans, c’est environ le même prix d’un abonnement à Netflix qui lui regorge de productions originales. De son côté, mis à part The Good Fight, CBS a bien dans sa manche la fiction Star Trek : Dicovery, mais ne cesse d’en repousser la mise en ligne (aux dernières nouvelles, elle devrait être dévoilée à la fin de l’été 2017). Sinon, son offre déjà existante qu’elle nous propose ici est très pantouflarde et on ne peut pas dire que les multiples procéduraux à notre disposition ici se prêtent au gavage. Cela devrait pourtant être la qualité première pour ce type de service. Qui plus est, sa nouveauté dont il est question dans cet article est un pur produit télévisuel avec sa durée d’environ 43 minutes par épisodes, un ton général assez « propret » et c’est sans parler de son mode de diffusion : une qui nous arrive chaque semaine. C’est d’ailleurs sous cette fréquence qu’elle est accessible au Canada : chaque dimanche soir et entrecoupée de pauses publicitaires.
Il y a aussi quelques points positifs dans cette aventure « en ligne » comme le fait que Maia, l’un des personnages principaux soit lesbienne ou encore qu’elle et Diane se retrouvent dans une firme composée à grande majorité d’employés de couleurs. Sinon, on a droit à une différence amusante, mais tout de même notable : le premier épisode de The Good Fight a été diffusé sur CBS et dans celui-ci, Diane qui est dans tous ses états lance à un moment « That’s bull »… sans prononcer le « shit » qui devrait logiquement suivre. Plus tard, elle dit le mot « fucking », mais celui-ci a été assourdi en postproduction. À l’opposé, les quelques jurons que les protagonistes échappent dans les autres épisodes en ligne ne sont pas censurés. C’est somme toute un faible argument de vente.
En tous les cas, la diffusion télé de The Good Fight aux États-Unis a rassemblé 7,16 millions de téléspectateurs avec un taux de 0,7 chez les 18-49 ans ; ce qui est très bas. En même temps, c’est cet auditoire qu’il fallait convaincre de s’abonner après cette diffusion, ce qui n’augure rien de bon en particulier chez les plus jeunes. Mais comme tous les autres services en ligne existants, on ne connaîtra probablement jamais le succès de CBS All Access, incluant ses nouveautés originales. Dans le cas qui nous intéresse, il devait être satisfaisant puisque dans la semaine du 12 mars, la série a été renouvelée pour une seconde saison.
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