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La peoplisation de la vie politique française, dérive ou naufrage ?

Publié le 26 mai 2008 par Stb

« Le mal démocratique, aujourd'hui, c'est l'anesthésie cathodique de la vie politique.»
Georges Balandier

La question de la peoplisation de la vie politique française hante tous les esprits. Mal, bien, dérive communicationnelle ? Est-il normal que les politiques se pressent chez Drucker, qu’il fasse bon faire la Une de Gala plus que celle de Libé ou du Monde. La question mérite effectivement d’être posée. De Sarkozy à Besancenot, tous y viennent.

Alors que l’on évoque de plus en plus la perte de repères, ne serait- il pas justement du rôle de celles et ceux qui aspirent à diriger la cité de montrer une autre voie, d’être des acteurs politiques plus que des peopolitiques.

Cette dérive pourrait bien être pas la cause principale de la désacralisation du politique, de l’abstention et de la chute de l’engagement militant.

De la croisière s’amuse à la nef des fous

L’irruption des « spin doctors » et le choix d’une communication politique à l’américaine ont cependant creusé une voie ouverte dès François Mitterrand et Valéry Giscard d’Estaing, celle des rapports avec la presse, de la médiatisation de la vie privée et de son mélange avec la sphère publique.

Cette voie est dangereuse. En effet, en laissant croire que la politique se réduirait à du spectacle ou à du cinéma, on encourage non seulement l’appauvrissement du débat d’idées ou profit de l’image, mais l’on risque aussi d’accélérer les déceptions et l’esprit zappeur d’un corps électoral. En faisant des candidats des marques de lessives plus ou moins bien empaquetés, on prend le risque d’un désaveu total d’une classe politique mais aussi la décrébilisation de la vie politique sur la scène internationale.

Ce désaveu laisse imaginer des lendemains qui déchantent quand la réalité de vrais problèmes politiques à l’instar du prix des matières premières, de l’environnement, de la situation économique du pays et de sa capacité à financer les retraites des papy-boomers se fera ressentir. On ne passe pas de « la croisière s’amuse » à la nef des fous dans risquer de sombrer.

Le retour de l’essentiel face à l’accessoire pourrait créer une crise politique sans précédent. Une quête de sens brutale qui rangerait Mai 68 au rang d’épiphénomène.

Petite bibliographie conseillée par Wikipédia
• Claire Artufel et Marlène Duroux, Nicolas Sarkozy et la communication, éd. Pepper, 2006, 256 pages.
• Georges Balandier, Le Pouvoir sur scènes, éd. Balland, 1992, 173 pages.
• Jean-Paul Champagne, La Mafia des people - La vérité sur ceux qui vous fascinent, éd. La Table Ronde, 2006, 249 pages.
• Roland Cayrol, Médias et démocratie - La dérive, éd. La bibliothèque du citoyen, Presses de Sciences Po, 1997, 117 pages.
• Jean-Marie Cotteret, Gouverner c'est paraître, éd. PUF, 2002, 96 pages.
• Christophe Deloire et Christophe Dubois, Sexus Politicus, éd. Albin Michel, 2006, 390 pages.
• Patrick Dugois, La Politique des petites choses, éd. Jacob-Duvernet, 2005, 199 pages.
• Philippe J. Maarek, Communication et marketing de l'homme politique, Litec/LexisNexis, éd. Carré Droit 2007, 468 pages.
• Denis Muzet, La Mal Info, enquête sur des consommateurs de médias, éd. L’Aube, 2006, 140 pages.


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