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Molière nominé

Publié le 27 mars 2017 par Rolandlabregere

Il sera difficile de savoir qui, en premier, a décidé de nommer clause Molière l’exigence de certaines collectivités territoriales de n’employer sur les chantiers que des ouvriers parlant français.  

La région Ile-de-France a adopté un plan destiné à favoriser l’accès des PME franciliennes à la commande publique, à condition que le français soit la langue pratiquée sur les chantiers. D’autres collectivités se mettent dans la roue de la collectivité dirigée par Valérie Pécresse. Voilà un aimable clin d’œil à la thèse de la préférence nationale si chère au Front national. Un renvoi d’ascenseur serait serait-il en chantier ?

En se glissant dans les habits de la tartufferie ambiante, les élus qui président des exécutifs régionaux ou départementaux font preuve d’une double ignorance. La première consiste à laisser de côté le fait que l’emploi sur les chantiers a été, tout au long de l’histoire de l’Europe, la première activité que peuvent pratiquer les immigrants et les personnes déplacées. Les monuments civils ou religieux qui font le prestige des collectivités qu’ils dirigent et dont ils s’enorgueillissent de leur présence n’ont pu sortir de terre que par la présence d’ouvriers de toutes spécialités qui ont parcouru l’Europe ou le pourtour de la Méditerranée pendant des siècles. Chercher à limiter la présence d’ouvriers étrangers ne peut qu’avoir un résultat sur l’avancée des chantiers. Quand le prolétariat s’est développé au 19ème siècle, les chantiers industriels et les équipements liés aux transports virent le jour grâce à la contribution d’ouvriers venus de toutes les provinces. Le dynamisme de l’économie parisienne s’est construit en partie par la présence de populations en mouvement. Le maçon creusois, Martin Nadaud, devenu député expliquera dans un discours à l’Assemblée nationale le 5 mai 1850  que « lorsque le bâtiment va, tout profite de son activité ». La seconde ignorance, feinte ou réelle, des politiques qui s’essaient à la démagogie sous couvert de défense des entreprises locales concerne la méconnaissance de l’histoire de la langue française. Le brassage des populations a fait entrer dans le vocabulaire français de nombreux mots étrangers. Les mots arabes sont présents en bonne quantité dans la langue française d’aujourd’hui. Selon les lexicographes, ce serait plus de 400 mots arabes qui se sont installés dans la langue française, contribuant ainsi à son enrichissement. Les mots voyagent en même temps que les Hommes. Il serait bon de s’en souvenir. A moins de se complaire dans la posture de précieuse ridicule.


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