Bergson pensait que le principe de l'expansion universelle était la générosité. Et que celui de la société close, repliée sur elle-même, était la guerre. Mais la haine, aussi, est associée à la vengeance, suscitée par l'injustice. La haine aurait-elle des bénéfices ?
Un film tourné pendant la seconde guerre. Juste après le premier bombardement de Tokyo. On y voyait ce bombardement. Une opération qui n'avait pas pour but l'efficacité, quelques avions lâchaient au hasard quelques bombes sur la ville, mais de démoraliser l'ennemi. Surtout, ses personnages expliquaient qu'ils faisaient la guerre sans haine. Le héros, un pilote, perd une jambe dans l'aventure. (C'est l'auteur du livre dont est tiré le film.) Mais, ce n'est pas un drame. Il peut encore marcher, et piloter, et sa fiancée est heureuse qu'il soit en vie.
Il est possible, donc, que le sens du devoir, issu de la générosité, soit aussi efficace que la haine pour gagner les guerres. La haine est un indicateur, peut-être. Elle nous dit qu'il y a quelque chose de plus efficace qu'elle. Et que, si nous y avons sombré, nous avons définitivement perdu au jeu de la vie.