Les start-up de la disruption numérique, qu'on rassemble sous l'acronyme symbolique Natu (pour Netflix, Airbnb, Tesla et Uber), bousculent tout le système économique traditionnel à la vitesse de la numérisation planétaire. Ceux de la " vieille " économie qui ne s'adaptent pas rapidement risquent de disparaître ou pour le moins de perdre des plumes. Cette progression est liée à l'énergie créative d'entrepreneurs habiles et à des consommateurs/clients opportunistes qui recherchent de nouvelles expériences à la hauteur de leur pouvoir d'achat.
Ainsi, les plateformes d'intermédiation de type Airbnb mettent en lien des loueurs temporaires et des locataires éphémères, un service très populaire qui fait de l'ombre aux hôteliers. Bien qu'ils réclament un meilleur encadrement de ces pratiques nouvelles que certains politiques imbéciles tentent de contraindre par la loi, ces hôteliers savent aussi activer de nouveaux ressorts d'attractivité. Et notamment, via deux tendances émergentes : la location en journée et la staycation.
Des hôtels haut de gamme voire des palaces louent en effet chambres (souvent inoccupées le jour), salons, lobby, bar et autres espaces à l'heure ou à la journée à qui veut vivre une expérience hôtelière différente : une façon de rentabiliser des mètres carrés désertés, d'améliorer leur taux d'occupation, mais aussi d'attirer une clientèle locale.
Longtemps focaliser sur la clientèle de passage, touristes ou professionnels, de nombreux hôtels découvrent ou redécouvrent la population qui vit autour de leur périmètre. C'est le succès des hôtels urbains Mama Shelter dont les restaurants réalisent des scores inédits dans l'hôtellerie (500 couverts par jour en moyenne) parce qu'ils savent attirer les habitants des villes là où ils sont installés. Fondateurs de cette chaîne d'un nouveau genre, les Trigano pensent que de lieux de passage, les hôtels doivent s'imposer comme des lieux de vie ouverts sur la ville, des lieux d'échangismes socio-culturels où les " étrangers " se frottent aux " autochtones ". Et il est à parier que les Mama Shelter surfent déjà sur la dernière tendance en vogue : la staycation.
Contraction de " stay " et de " vacation ", ce concept, initié aux Etats-Unis en 2015, vise à suggérer à des locaux de passer une nuit (ou plusieurs !) à l'hôtel dans leur ville, de s'offrir des petites vacances dans leur quartier... Selon la plateforme NightNight.co qui promeut ce type d'offres, il s'agit " d' extraire l'hôtel du contexte du voyage pour en faire un divertissement à part entière : une nuit à l'hôtel devient une alternative à un dîner au restaurant ou un spectacle ". Choisir une destination proche de chez soi, à portée de son domicile, est un moyen de vivre la ville différemment et de réinjecter de la proximité dans des tiers lieux qui ne sont plus des ilots hors du monde, hors du temps, mais des points d'ancrage citadins, tout en permettant à l'hôtellerie de se renouveler face aux ogres numériques.