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Il y a des étapes à franchir dans la construction des sociétés démocratiques. La première est évidemment la mise en place d’élections pour placer aux cimes du pouvoir ceux qui pensent être les mieux placés pour représenter ceux qui votent pour eux. Les premiers enthousiasmes passés, la population s’aperçoit vite que l’esprit civique est un vœu pieux pour ceux qui ont la tête dans les cieux. Il est vrai que les tentations sont grandes et la nature humaine faible. Après les premières déceptions, la société proteste et manifeste son mécontentement dans les deux sens du terme. Il semble que ce soit à ce stade que se trouvent les sociétés centre-européennes.
Nos médias généralistes n’en parlent pas assez mais ça bouge en Serbie, comme cela continue à bouger en Roumanie pour lutter contre la corruption et les abus de certains de leur gouvernement en place, jusqu’à remettre en cause leur légitimité comme c’est le cas à Belgrade suite à l’élection du Premier ministre sortant Vucic.
La semaine dernière et ce dimanche 9 avril 2017 ça bouge encore à Budapest. Les Hongrois continuent à descendre dans la rue pour protester contre une loi prétexte. En effet, les Premiers ministres Viktor Orban et A. Vucic n’ont pas que des points communs dans leurs façons de gérer les affaires publiques, ils ont aussi un ennemi commun en la personne de Georges Soros. Et à travers la volonté de contrôler ou de faire disparaitre l’université d’Europe centrale à Budapest, c’est évidemment cet Américain devenu milliardaire en spéculant, d’origine juive hongroise, aux aspirations philanthropiques, qui est visé. Parmi ces adjectifs vous choisirez vous-même celui ou ceux qui énervent le plus ces messieurs qui sont souverainistes quand cela les arrange. Il leur faudra en effet peut-être rabattre du caquet et l’on verra ainsi les limites de ces politiques du chacun pour soi quand les Américains se déplaceront jusqu’à la rue Nador pour être sûrs que les intérêts de leurs concitoyens ne sont pas bafoués. Mais ce n’est pas le sort de Georges Soros qui nous inquiète, c’est surtout celui de la pensée libre, de la critique qui est en danger et où que nous soyons sur terre, continuellement remises en cause.
La deuxième étape est peut-être celle que nous vivons en France où nous avons enfin compris que les solutions d’un monde plus juste et équitable ne viendront pas de ceux qui confondent pouvoir et profit sous quelques formes que ce soit. Les manifestations, les grèves, les blocages furent une première étape qui, malgré les lois protégeant les hommes et les femmes, n’ont pas eu les résultats escomptés. Un an après les événements de nuit debout, la naissance et/ou le développement d’une multitude d’actions, de mouvements citoyens issus de la société civile semble être la réaction la plus saine jamais vue depuis longtemps face aux doutes des institutions démocratiques. Force a été de constater que les candidats actuels ne s’intéressent pas aux abstentionnistes ni au vote blanc. Pour eux manifestement, être élu par une frange restreinte de la population ne pose aucun problème. C’est normal puisque ne compte pour eux encore une fois que le fait d’être élu, au pouvoir. Cette éclosion printanière de mouvements civiques est l’aspect le plus sain de cette campagne encore une fois. Certains interpellent les candidats, d’autres ne s’en donnent même pas la peine, ils savent déjà, pour l’avoir déjà fait ou en avoir déjà été témoin, que cela ne sert à rien.
Dans une société démocratique, c’est le peuple qui est la base. Les sociologues diraient les classes moyennes. C’est tout simplement vous et moi. Les changements viendront de nous si nous arrivons à nous extraire de nos multiples carcans dont la peur et l’argent ne sont pas les derniers.