La maîtrise du temps, liée à des logiques économiques et libérales, a imprégné le champ artistique et culturel, asservissant le travail culturel et artistique à des temps non-artistiques. Qu’il s’agisse de l’action culturelle passée de la longue durée à la courte durée ; de l’émergence qui n’offre qu’un état de visibilité momentanée pour les artistes ; ou du rapport aux territoires calqué sur le découpage territorial politique, tout est désormais soumis au temps politique. Le temps est l’un des éléments centraux d’infiltration de l’imaginaire et de la pensée de l’art, mais il est aussi un moyen d’asservir les consciences et l’inconscient. Il y a désormais une culpabilité à prendre du temps et les artistes sont soit dans une urgence soit dans une échéance, toujours contraignantes. Après, il n’y a pas eu d’âge d’or non plus… Néanmoins une bascule s’est faite, il s’est produit une incorporation des logiques économiques.
Michel Simonot.
A propos de l'ouvrage de Michel Simonot La Langue retournée de la culture
Entretien par Caroline Châtelet| 17 mars 2017
Qu’est-ce que le néolibéralisme et sa "rationalisation" font à la culture et aux politiques culturelles ? Dans un ouvrage concis et clair, le sociologue Michel Simonot analyse des changements qui commencent avec la contamination du langage.
Listant et analysant les transformations sémantiques à l’œuvre dans le champ culturel, La Langue retournée de la culture énonce en creux un changement de paradigme. Entre la disparition de certains termes, l’évolution d’autres, la substitution d’un mot par un autre, c’est à une absence totale de pensée des politiques de l’art et de la culture, au profit de la mise en œuvre de logiques managériales, qui s’énonce. Une contamination par le néolibéralisme qui produit, selon le mot de Michel Simonot, un « retournement de la langue » et la naturalisation d’une idéologie. Rencontre avec Michel Simonot
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Regards. Qu’est-ce qui, en tant que sociologue et auteur dramatique, vous a amené à ce projet de livre ?
Michel Simonot.
(…) Je travaille sur l’usage de la langue et des mots dans les domaines des politiques culturelles et du social depuis longtemps. Constatant que nous sommes aujourd’hui arrivés dans le champ de la culture à de tels contresens, à un tel retournement idéologique, je suis revenu à ce projet. Nous avons une histoire politique institutionnelle, et il me semblait important de rappeler d’où viennent les mots, quel est leur origine, leur sens. J’ai choisi les termes en fonction des enjeux politiques, sélectionnant ceux qui sont essentiels dans le contexte actuel.
(…)
©Caroline Châtelet | 17 mars 2017
Lire l'entretien.
Comme on peut le noter à la lecture du sommaire, le terme de culture se trouve à la fin de ce dictionnaire critique et intempestif. Il en fournit l'envoi. Ni l'art, ni toute autre forme de mise en question un tant soi peu radicale, ne sont solubles dans un sens commun, dans un récit national ou communautaire. Délibération, confrontation, conflits... il faut sans cesse redonner sens aux mots de la tribu démocratique.
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Michel Simonot écrit :
« (…) le politique est dans la quête obsessionnelle d'une culture et d'un art (et surtout d'artistes) qui -outre la politique sécuritaire- résoudraient le problème des différences, des affrontements, qu'il ne parvient pas lui-même à gérer »
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A SUIVRE, cela va de soi...
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