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Citoyens/Citoyennetés

Publié le 29 avril 2017 par Rolandlabregere

En France, le principe de citoyenneté est attaché à la Révolution de 1789 qui a instauré un régime fondé sur le triptyque d’idées nouvelles et généreuses, celles de liberté, d’égalité et de fraternité. Au fil du temps, mais surtout depuis la dernière décennie du XXème siècle, ces idées sont désignées sous le vocable de valeurs. Cette dénomination, entérinée par les indispensables démarches éducatives installées après les événements dramatiques de janvier et novembre 2015, s’est officialisée.

La loi du 8 juillet 2013 vise notamment « à amener les élèves à  devenir des citoyens responsables et libres, à se  forger un sens critique et à adopter un comportement réfléchi ». Ce texte pose, dans la continuité de la loi d’orientation et de programme pour l’avenir de l’école[1] et surtout dans celle de la loi   d’orientation sur l’éducation de 1989[2], les fondements « d’une école juste, exigeante et inclusive sont désormais posés et le texte crée les conditions de l’élévation du niveau de tous les élèves et de la réduction des inégalités[3]» L’Ecole est l’institution première pour faire vivre et « transmettre aux jeunes les valeurs fondamentales et les principes inscrits dans la Constitution de notre pays [4]». Avec le « parcours citoyen [5]» créé dans le cadre de la Grande mobilisation de l’école pour les valeurs de la République, le rôle de l’Ecole et des mouvements d’éducation s’amplifie. Ainsi, des actions éducatives qui auparavant étaient instituées dans les établissements et les écoles au gré des équipes et plus ou moins liées à leur projet de développement (éducation pour la santé, lutte contre les discriminations, contre le racisme, place des mémoires, promotion de l’égalité filles-garçons…) sont rassemblées, de l’école élémentaire à la terminale, dans un dispositif cohérent qui correspond au « besoin de renforcer la cohésion sociale et de réaffirmer toute notre détermination à ce que l’école reste un lieu d’éducation à la liberté, à l’égalité et à la fraternité[6] ». Cela fait dire à Nathalie Mons, présidente du Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco) qu’il souffle « comme un vent nouveau sur l’apprentissage de la citoyenneté à l’école [7]». L’apprentissage et la compréhension des valeurs sont reconnues comme une attribution fondamentale de l’Ecole pour contribuer à la construction des futurs citoyens. Ce constat rejoint l’idée initiée par Condorcet pour qui l’institution du citoyen dans une République combine l’acte d’inventer à celui de réinventer, de ré-instituer le lien civique et le lien politique[8]. L’instruction publique est née au 18ème siècle. Poursuivre aujourd’hui le travail de la « naissance du citoyen [9]», c’est naturellement intervenir dans le débat par une perspective de ré-enchantement et de réévaluation du concept de citoyenneté qui s’inscrit pleinement dans une réalité contemporaine travaillée par la complexité. Une fois appelée à se développer dans le temps, une invention se renouvelle en agrégeant de nouveaux éléments. La citoyenneté se construit dans le temps et avec la marche du temps. Il en découle une conception évolutive de la citoyenneté.

Parfois, celle-ci est à la peine tant le présent déconcerte, apporte son poids de douloureuses remises en question et pousse les plus fragiles vers d’incertaines postures. C’est la responsabilité de l’Ecole, de l’éducation populaire mais aussi des jeunes générations que de travailler à une réinvention de la citoyenneté qui porterait à bousculer les raisonnements de groupes constitués qui rêvent de s’ériger en communautés exclusives, c’est-à-dire en négateurs de l’intérêt général. L’autonomie attribuée au Comité d’éducation à la santé et à la citoyenneté (CESC) dont l’action est inscrite dans le pilotage de tout établissement du second degré peut l’inciter à mettre en avant des actions a minima et faire perdurer une routinisation de la tranquillité. Si, en France, l’éducation à la citoyenneté n’est pas discutée dans ses grandes orientations et se traduit par une tacite approbation par les différents courants qui acceptent le creuset républicain, il n’en n’est pas de même dans d’autres pays. L’éducation à la citoyenneté agace les forces conservatrices qui jouent de l’ignorance et des peurs. Ainsi, en 2008, en Espagne[10], le ministère de l’éducation a demandé que l’éducation à la citoyenneté soit implantée dans les établissements à raison d’une heure par semaine. C’est alors une controverse d’ampleur qui s’installe dans tout le pays. Eduquer (à la citoyenneté…) le jeune collégien ou le jeune lycéen n’est pas la chose du monde la mieux partagée. La Communauté autonome de Valence se dote de garanties en évacuant des contenus pédagogiques tout sujet lié à des « questions morales » qui pourraient empiéter « sur la sphère réservée à la famille et à la morale individuelle ». Pas question par exemple d’évoquer la lutte contre les préjugés, l’homosexualité et les comportements homophobes voire la consommation responsable et… la sécurité routière.

Unanimement, l’Ecole et les associations complémentaires à sa mission désignent les principes fondateurs de la République sous le terme de valeurs. De toutes parts, l’usage a validé l’emploi de ce terme qui risque beaucoup à être banalisé. L’Ecole est appelé à jouer un rôle essentiel dans l’apprentissage de la citoyenneté et dans la transmission de l’idée républicaine comme la dignité, la solidarité, la laïcité, la non-discrimination… L’enseignement moral et civique (EMC) vise à développer le sens  moral et l’esprit critique et à former de futurs citoyens qui devront affronter  des responsabilités individuelles et collectives. S’il est juste et légitime d’évoquer les valeurs de la République et d’offrir aux élèves un éclairage historique et philosophique, la surutilisation du terme valeur dans des contextes les plus variés peut être contreproductive. Elle affadit et affaiblit la portée symbolique du triangle républicain. Les débats médiatiques, certaines prises de position, les postures démagogiques tenues par le renouveau des anti-Lumières entretiennent une forme d’équivoque. Par un usage inflationniste, valeur se dévalue. Les médias l’utilisent sans discernement. La valeur devient « une forme de pensée et d’action qui s’impose, directement ou indirectement, à toutes les sphères de la société », explique Anselm Jappe[11]. Ce qui est inscrit au fronton des monuments publics ne dévoile pas non plus un contenu moral et psychologique mais désigne davantage des « idées qui font appel à la réflexion et à l’intelligence [12]». Le régime qui s’est substitué à la royauté, dénommé dès lors, Ancien Régime, porte le rêve d’une vie politique et publique gouvernée par la raison. La citoyenneté résulte de l’évolution des idées politiques, juridiques, sociales qui se succèdent depuis la Révolution. Des événements, des évolutions sociétales impriment leurs marques et déterminent les contours de la citoyenneté. Être citoyen, c’est participer à la «souveraineté nationale et politique », rappelle Alain Bergougnioux, inspecteur général honoraire de l’Education nationale [13]. Le citoyen, « c’est celui qui participe de son plein gré à la vie de la cité », précise de son côté Régis Debray [14]. Droits et devoirs forment un ensemble indissociable. On est citoyen de et dans son époque, de sa génération. Un lycéen de classe terminale n’appréhende pas la question de la citoyenneté avec les références et outils de ses parents.

Le citoyen français d’aujourd’hui est né d’une vision qui tord le cou aux principes qui fondent l’essence même de la monarchie. Précédemment, en effet, les individus étaient sujets et ne pouvaient revendiquer ni pouvoirs ni droits vis-à-vis des orientations qui régissaient leur vie. Durant la période révolutionnaire, les mots citoyen et citoyenne ont été utilisés pour souligner que la notion de sujet avait fait son temps. Le sujet était soumis et isolé. Le citoyen sera libre et égal aux autres devant la loi et deviendra par ailleurs acteur du jeu collectif. Son destin sera gouverné par son mérite. Tel était le projet de la Révolution française. Sous son acception moderne, le citoyen est né des principes républicains portés par la Révolution. Les mots citoyen et citoyenne sont alors employés à la place de monsieur ou madame. Ces termes de civilité permettent en outre de désigner toute personne sans faire référence à la position sociale. La Révolution a voulu supprimer toutes les marques de distinction et d’honneur mais les différents régimes qui se sont succédés après 1789 les ont rétablies sans état d’âme. Ce constat fait dire à Olivier Ihl que ceux-ci ont institué « douze fois plus de distinctions honorifiques que la France monarchique en cinq cents ans[15]». Cela incite certains politistes à stigmatiser la part monarchique de la République française que le passage du septennat au quinquennat n’a pas fait évoluer. Des événements historiques fondateurs mentionnés plus haut, il ressort qu’être citoyen est un statut décerné à tous, automatiquement à l’âge de la majorité civique. Les hommes furent citoyens d’abord, puis ils furent rejoints par les femmes puis par les résidents. Les femmes qui furent actives dans les événements qui conduisirent à la convocation des Etats généraux de janvier 1789[16] furent néanmoins progressivement mises à l’écart. La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen[17] adoptée par les députés le 26 août 1789 introduit le flou. Retour affirmé à la case départ avec la Constitution de l’an I (1793) : le texte ignore la citoyenne. Si « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits », les femmes sont priées de s’effacer. La Terreur mettra fin à la parenthèse révolutionnaire qui vit les femmes faire jeu égal avec les hommes. Olympe de Gouges, Manon Roland et d’autres femmes sont guillotinées. Les clubs de femmes sont fermés. Les Françaises devront attendre le 21 avril 1944 pour que le droit de vote leur soit reconnu par une ordonnance du Comité français de la Libération nationale signée par de Gaulle, soit trente-huit ans après les Finlandaises, premières européennes à être autorisées à voter et à être éligibles. La France de 1789 est révolutionnaire mais fait le choix de la discrimination. Faut-il considérer le fait que la France soit l’un des derniers pays à parler des droits de l’homme et du citoyen et non des droits humains comme un éternel refoulé ? Cette conception inégalitaire de la citoyenneté perdure : en 2017, la nationalité ne fait pas, dans les faits, la citoyenneté. Fabienne Brugère, philosophe, rappelle l’approximation qui consiste à « envisager la synonymie de nationalité et de citoyenneté » et oublier de penser « les droits des citoyens non nationaux [18]». La fabrique de l’exclusion fonctionne sans discontinuer. La présence sur le territoire ne confère pas non plus la plénitude des droits des citoyens natifs. « Tous les animaux sont égaux mais il y en a qui le sont plus que d’autres », slogan écrit sur le mur d’une grange dans le roman La Ferme des animaux[19], critique acerbe de l’évolution stalinienne du régime soviétique, retentit en boucle dans notre actualité. SDF, réfugiés, migrants, déplacés, victimes de tous les abus et de toutes les dérives, de toutes les injustices sont d’abord atteints dans leur être citoyen. L’accès à la citoyenneté ne génère pas pour tous la même égalité. De tristes obstacles se dressent devant cette égalité proclamée mais néanmoins remise à plus tard. La violence n’est pas seulement le fait des armes : quand elle exclut, elle repousse l’accès à la dignité citoyenne[20]. La fraternité qui pourrait être qualifiée de principe le plus humaniste de la devise républicaine s’illustre à contre-emploi à l’encontre des plus démunis. Dans les débats publics autour des questions de laïcité et des valeurs de la République de nouvelles interrogations surgissent : le mot sororité doit-il être adjoint à celui de fraternité ?  Qu’en est-il de la citoyenneté européenne ? La surutilisation du mot « citoyen » ne dévalorise-t-elle pas la citoyenneté ? Citoyens, oui, mais certains le sont plus que d’autres…

Dans le contexte et la dynamique de l’invention de la citoyenneté, l’Etat républicain a d’abord conçu le principe de l’éducation civique dont la mise en mouvement est confiée à l’Ecole, chargée de former les citoyennes et les citoyens et de les socialiser. « C’est le moteur principal de son extension au XIXème siècle », mentionne Philippe Perrenoud[21]. Les instituteurs sont chargés de cette formation fondamentale. En effet, à cette époque, l’Etat républicain en voie de consolidation comprend que l’engagement dans une citoyenneté d’adhésion et de comportement est la condition première de sa pérennisation.

La notion de citoyenneté est associée à celle de démocratie comme composante du lien politique et du lien social qui ouvrent la voie à la participation et au devenir d’une communauté, d’une cité dans l’Antiquité ou d’un Etat d’aujourd’hui. L’état de citoyen permet de participer à la vie publique et politique du pays sous différentes formes : adhésion aux valeurs, implication dans la vie locale, droit de vote, prises de responsabilités dans diverses instances comme les associations, les syndicats, les partis politiques. Il est d’usage de considérer dans le contexte des sociétés contemporaines que la citoyenneté relève d’un statut juridique.

L’accès à des droits politiques est lié à l’idée de respecter des obligations, souvent qualifiées de devoirs, qui permettent de participer à la vie civique du pays. Le droit de vote, dans les sociétés démocratiques, est une condition de l’exercice de la citoyenneté. Le civisme permet la pratique de la citoyenneté par le consentement aux valeurs, aux règles et aux lois de la République. Ces deux notions sont inséparables. Selon le sociologue Danilo Martucelli, « il faut qu’il y ait une certaine dose de civisme pour pouvoir pratiquer la citoyenneté [22]». La notion de citoyenneté induit pour tout individu la capacité à savoir se situer dans la polyphonie sociopolitique de la nation, c’est-à-dire d’être en mesure « de porter ou d’avoir une intelligibilité pratique de la chose publique[23]». Sur cette dimension de la citoyenneté repose la faculté d’agir en tant qu’individu libre et éclairé dans les différents registres de la vie publique. La présence d’une vie démocratique est la condition première de la réalisation d’une citoyenneté inséparable des valeurs républicaines essentielles comme l’éthique, le civisme, la responsabilité et la solidarité, le respect des autres, la tolérance mutuelle, la liberté de conscience…

L’éducation à la citoyenneté est un concept qui évolue depuis les années 1980. Définir ce qu’il doit recouvrir, tracer les contours de ses compétences, arrêter les objectifs qui lui seraient attachés suscitent de nombreux débats. Toute pratique d’éducation se réfère, même si elle s’en défend, aux principes généraux de la société dans laquelle elle se situe. L’éducation à la citoyenneté témoigne du projet que la société entend développer pour son évolution. Elle reflète pleinement l’air du temps. Sans être la seule institution partie prenante de cette éducation, l’Ecole a la mission de transmettre les codes et les valeurs, les règles, les principes et les cadres sociohistoriques du vivre ensemble. Pour Dominique Schnapper, une société a besoin de se référer à un projet partagé pour donner du sens au lien social. Si ce projet collectif « reste à inventer [24]», le rôle de l’école est central quant à l’appropriation par les élèves de ses significations multiples. C’est dans la Grèce antique que s’est élaborée la notion de citoyenneté, fondée sur l’égalité de ceux qui sont citoyens statutairement. Les autres, les femmes, les esclaves et les métèques, c’est-à-dire les étrangers, ne jouissent d’aucun droit, ne participent pas aux débats sur l’agora et ne peuvent être propriétaires de la terre. La citoyenneté athénienne s’est fondée sur la différence entre ceux qui sont sujets de droit et ceux qui ne le sont pas.

Plus que jamais, l’Ecole et les institutions éducatives sont associées à la formation du citoyen. Leurs rôles sont affirmés et confirmés par la législation. Plusieurs auteurs d’articles de ce numéro rappellent cette mission fondamentale de laquelle dépend l’adhésion à la démocratie et à la République. L’éducation à la citoyenneté, devenue le « parcours » qui va être emprunté et fréquenté tout au long de la scolarité s’impose comme un instrument premier de la cohésion politique et sociale. Il confirme en tout cas « la fonction enseignante nécessaire et primordiale[25] » de la République. Est-il pour autant le seul chemin qui puisse être choisi pour réussir le vivre ensemble, graal incantatoire de certains décideurs ou boussole  performative d’autres politiques ?

Risquons-nous à ce stade à formuler quatre propositions, complémentaires et reliées les unes aux autres. La première consisterait à ce que la verticalité du pouvoir ne soit pas un obstacle à une citoyenneté d’appartenance et d’engagement. L’autoritarisme ne peut constituer le modèle qui susciterait l’adhésion et l’épanouissement des citoyens. A cette fin, lui opposer une horizontalité généreuse ferait sortir le pouvoir d’une arrogance dont il ne sait aujourd’hui comment se départir. Il semble de première importance de faire passer le message à ceux d’en haut, ceux auxquels Montaigne s’est adressé en son temps pour signaler que « sur le plus beau trône du monde, on n’est jamais assis que sur son cul.[26]»  

 

Cela passerait par l’évolution du discours d’en haut pour une langue qui redonnerait au pathos la place que lui dispute le logos de la gouvernance impulsée par le personnel politique. Cela est notre deuxième proposition. Le mouvement social des infirmières et des soignants de novembre 2016 nous apprend, par exemple, que dans certains établissements hospitaliers, il est demandé aux personnels de parler de clients plutôt que de patients. Ce glissement d’un mot à un autre n’est anodin qu’en apparence. Le libéralisme effronté est pétri de libéralités. A chaque fois que le panier du client se remplit, c’est un peu de citoyenneté qui déserte l’imaginaire social. Erri De Luca, écrivain et citoyen militant italien, stigmatise ce passage du « citoyen au client[27] ». Selon lui, le citoyen italien d’aujourd’hui « est évalué en fonction de son pouvoir d’achat, qui lui permet d’acheter une justice, une santé, une école. Nous avons perdu le sens de l’Etat. » La citoyenneté se dit avant de se vivre : la langue permet l’expression de la citoyenneté de la personne. Sa maîtrise est déterminante pour prendre part au concert citoyen. La vie démocratique n’a de sens que si elle repose sur des citoyens éclairés.

En troisième lieu, la citoyenneté ne peut s’incarner hors de toute structure. Dans un Etat qui ne serait ni tolérant ni protecteur et dans une République qui peinerait à s’affirmer sociale, démocratique et laïque[28] toute démarche d’éducation à la citoyenneté serait amoindrie. Comment rejoindre et accepter « la chaude loi des hommes » appelée par le poète Paul Eluard quand la société est fracturée, que l’Ecole exclut au lieu d’inclure, quand l’emploi est refusé et que l’accès aux droits est malaisé ? L’école ne peut pas tout. François Dubet le rappelle. L’Etat et ses services doivent d’abord se présenter comme les garants d’une citoyenneté partagée par l’ensemble de la communauté des citoyens.

Enfin, last but not the least, nous considérons que l’éducation à la citoyenneté est une priorité. Demander aux jeunes générations de porter le projet d’une citoyenneté renouvelée sans en appeler à l’exemplarité des adultes décideurs met en tension le projet même de (re)faire société. Pour réussir le vivre ensemble que nombre de responsables appellent de leurs vœux, il importe que les critères de la citoyenneté soient partagés. Gouverner, décider, concevoir et administrer des politiques publiques, arbitrer supposent des capacités et la maîtrise de savoirs citoyens fondamentaux. Dès lors, l’accès à une fonction représentative de quelque niveau qu’elle soit pourrait être assorti à la reconnaissance de la capacité à l’exercer délivrée par une instance officielle. Nous proposons que cela soit la condition requise pour se déclarer candidat à une charge publique.

« Ecarter les modèles passés pour inventer la société à venir », écrit Pierre Rosanvallon[29]. L’Education populaire dont les pratiques et les principes portent un horizon de transformation sociale et politique et l’Ecole sont liées par l’obligation d’avancer de concert.

[1] Loi n° 2005-380 du 23 avril 2005 d’orientation et de programme pour l’avenir de l’école

[2] Loi n°89-486 du 10 juillet 1989 d’orientation sur l’éducation

[3] Loi n° 2013-595 du 8 juillet 2013 d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République

[4] Charte départementale de partenariat éducatif pour le développement des parcours citoyens des élèves, Académie de Dijon

[5] Circulaire ministérielle n° 2015-085 du 3 juin 2015 relative à la rentrée 2015

[6] Id.

[7] Cnesco, Education à la citoyenneté à l’école Dossier de synthèse, avril 2016

[8] Il apparaît nécessaire de préciser ici que ces « liens » entretiennent un rapport de dépendance. Le civisme désigne l’attachement et l’engagement des individus aux principes de la citoyenneté qui, elle repose sur une dimension politique. Le premier est une condition de l’exercice de l’autre.

[9] Catherine Kintzler, Condorcet l’instruction publique et la naissance du citoyen, éditions Minerve, 2015

[10] Cécile Chambraud, L’éducation à la citoyenneté divise l’église espagnole, Le Monde, 8 septembre 2007

[11] Anselm Jappe, Les aventures de la marchandise. Pour une nouvelle critique de la valeur, éditions Denoël, Paris, 2003

[12] Christophe Prochasson, La gauche d’ancien style est morte », Le Monde, Entretien, 23 avril 2007

[13] Alain Bergougnioux, Une éducation civique rénovée, entretien, in Liaisons, avril 2016, p. 15

[14] Régis Debray, La République expliquée à ma fille, éditions du Seuil, Paris, 1998

[15] Olivier Ihl, Le mérite et la République. Essai sur la société des émules, Paris, Gallimard, 2007

[16] Sur la place des femmes dans les années révolutionnaires, voir : Eliane Viennot, Et la modernité fut masculine. 1789-1804, éditions Perrin, Paris, 2015

[17] Les textes constitutionnels de la IVème République (27 octobre 1946) et de la Vème République (4 octobre 1958) sont rédigés en référence à l’esprit de la Déclaration de 1789. Le préambule de chacun s’y réfère explicitement. Voir www.conseil-constitutionnel.fr

[18] Fabienne Brugère, Quatre mots pour refonder l’idée de progrès, Le Monde, 17 juin 2016

[19] George Orwell, La ferme des animaux, Gallimard, Collection Folio, Paris, 1984

[20] Pierre Duquesne, La violence des riches n’a pas eu la peau du centre pour SDF du 16e, L’Humanité, 19 septembre 2016

[21] Philippe Perrenoud, Apprentissage de la citoyenneté… des bonnes intentions au curriculum caché. Former les professeurs, oui, mais à quoi ?, in Actes du séminaire de formation continue, éducation citoyenneté, 28-30 avril 1997, Enfa, Toulouse, p. 33

[22] Danilo Martucelli, Public élève, valeurs républicaines et crise du contrat pédagogique, in Actes du séminaire de formation continue, éducation citoyenneté, 28-30 avril 1997, Enfa, Toulouse

[23] Id., p 66.

[24] La société a besoin d’un idéal commun, in Alternatives internationales, décembre 2007, pp. 56-57

[25] Claude Nicolet, L’idée républicaine en France, Gallimard, Paris, 1982

[26] Christine Benevent, Laurent Gerbier. « Et au plus eslevé throne du monde, si ne sommes assis, que sus notre cul »: quelques vérités humanistes sur le pouvoir. Fantaisie poétique et dérision des puissants, 2009, France. p.43-59, 2011

[27] Erri De Luca, Le citoyen est devenu un client, Le Monde, Entretien, 2 janvier 2012

[28] Constitution du 4 octobre 1958, article 1er : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée. »

[29] Pierre Rosanvallon, Vers un nouveau « vivre-ensemble », Le Monde, 10 novembre 2011


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