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Ministre sélectionneur

Publié le 23 juin 2007 par Philostrate
Ah, elle en a fait couler de l'encre la nomination de Bernard Laporte au secrétariat d'état de la jeunesse et des sports ! Rompu au rugby business, comme je l'ai déjà souligné dans une précédente chronique, l'actuel sélectionneur du XV de France est pourtant parfaitement raccord dans ce qu'est devenu l'univers de paillettes du sport professionnel. Faire feu de tout bois pour exploiter son talent et surtout son image, "faire cracher" les sponsors, flatter les puissants et les collectivités, se créer un réseau… Autant de disciplines dans lesquelles le champion du XXIe siècle se doit d'exceller à moins d'être un idéaliste indécrottable ou un grand naïf, ce qui  par les temps qui courent revient au même.    Laporte incarne tellement bien ces valeurs, que l'on en viendrait presque à regretter sa nomination tardive. Pourquoi diable repousser sa prise de fonction après la coupe du monde fin octobre ? Secrétaire d'état-sélectionneur, voilà qui aurait eu de la gueule ! Comme dans les républiques bananières où, entre deux réunions de crise sur la famine dans le nord du pays et les querelles ethniques qui se vident à coup de machettes dans le sud, le président et ses ministres règlent la composition de l'équipe nationale et le montant des primes. En cas d'échec, il y a souvent de mauvaises surprises à la descente de l'avion pour les joueurs malheureux, parfois retenus quelques jours dans un camp militaire pour faire amende honorable devant les représentants de la mère patrie. Mais tout cela se fait dans une ambiance tellement bon enfant…    Non, sur ce coup-là, vraiment, notre dynamique président, qui se targue de maîtriser l'art du contre-pied et aime à destabiliser les défenses de ses interlocuteurs a vraiment manqué d'audace. À en croire les informations qui circulent sur les activités annexes de Bernard Laporte, le vrai défi aurait même consisté à lui confier le marroquin de l'environnement. Notre homme-sandwich, aussi habile à vanter les mérites de la couenne phosphatée que d'improbables pâtées pour chiens, semble avoir en effet une conception toute particulière de la nature. Le Nanar, il tranche avec l'amour du terroir dont le rugby a fait depuis des générations son fond de cassoulet et pas qu'un peu ! Quand il s'agit de programme immobilier et de bon pognon, le respect de la "terre de nos ancêtres auquel renvoie l'honneur du maillot" on peut bien s'essuyer les crampons dessus ! À la Teste-de-Buch dans le Bassin d'Arcachon, Laporte et ses associés ont même tout tenté pour essayer de faire revenir les élus locaux sur leur décision de leur refuser un permis de construire pour un projet visiblement bâclé sur les questions d'adduction de l'eau et d'évacuation des eaux pluviales. Du détail pensez donc, pour ce quadra entreprenant qui n'a pas hésité à grignoter un coin de dune sur la zone du Pilat pour mieux y installer son camping !    L'écologie selon Bernard Laporte se limite donc à un pré verdoyant, où gambadent trente joli gaillards nourris au grain, le reste c'est une autre affaire… La rentabilité doit parfois passer après la morale. Celle de notre histoire pourrait bien être la suivante : qu'il sorte de la coupe du monde prématurément la valise pleine d'essais ou glorieusement le trophée à bout de bras, le futur secrétaire d'état n'a pas fini de faire vendre du papier. Qu'il soit recyclé ou non, là n'est pas le problème…

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