NON à la propagandastaffel du FN. NON aux alternative facts et à l’ère de la post-vérité. Les méfaits du trumpisme ne doivent pas venir nous polluer.
Le combat contre le FN se résume bien souvent à celui de la lutte contre son racisme consubstantiel. Certes, cette opposition à la discrimination est importante. Elle m’est personnellement intolérable. Pourtant, d’autres éléments sont également à prendre en compte dans le combat contre un parti comme le FN, dont la nature est d’essence fasciste. Sont constitutifs en effet du fascisme non seulement le racisme et la xénophobie, mais également le rejet des libertés fondamentales, l’autoritarisme et l’ultra-nationalisme. Son pendant est une violence d’État, menée contre les opposants assimilés à des ennemis intérieurs. Sa variante contemporaine, le néofascisme (comme si un fascisme pouvait réellement être néo… avec de si vieilles idées détestables) a pour caractéristique de tenir un discours violemment anti-communiste et anti-gauchiste et se prévaut d’un fantasme exacerbé, sans commune mesure avec la réalité, d’une glorieuse lutte de ces croisés contre le grand remplacement et un supposé phénomène majeur que serait le racisme envers les blancs.
Quand on revient dans la réalité, la concrétisation de l’action de l’extrême droite en général et du FN en particulier, par delà sa dimension raciste, xénophobe et islamophobe, consiste à durcir son opposition à la manifestation de toute vérité qui le dérange à son endroit. D’où le recours si massif aux fake news pour créer un écran de fumée de nature à décrédibiliser ses adversaires et à vider tous leurs arguments même sérieux et factuels de leur substance. Les fameux alternative facts ou faits alternatifs, de la post-vérité. Le règne du mensonge nous est advenu. Des progressistes, sans doute. Tout cela est grotesque. La liberté de la presse est constitutive d’une démocratie réelle et sérieuse. Partout où des pouvoirs autoritaires se mettent en place, ses premières actions consistent à museler les journalistes, à les harceler, à les agresser et à les emprisonner, quand ce n’est pas à les faire assassiner comme on l’a vu en Russie. La manière dont la Turquie traite ses journalistes est également patente. En France, je vois, en observateur attentif, très informé et durable, avec le recul que me confère mon âge, la manière dont le droit de la presse recule dans notre pays. Je vois comment le journalisme est déconsidéré, méprisé, traité de tous les noms d’oiseau (y compris dans ma propre famille politique), voire carrément agressé, ce qui m’est intolérable. On s’attaque là à notre liberté collective, que l’on tente de museler, par la force s’il le faut, comme on le voit bien à l’occasion de chacun des événements à la gloire du parti fasciste français, son image fut-elle ripolinisée outrancièrement quand on connait son arrière salle comme moi. Après les épisodes d’exclusions musclées de journalistes de Médiapart et du Quotidien (d’autres journaux sont également concernés, dont j’ai perdu la mémoire), j’ai été littéralement sidéré par l’épisode de ce photographe indépendant molesté et emprisonné sans raison valable à Hénin-Beaumont, par le seul bon plaisir du petit Führer local. Le peu d’intérêt que cela a provoqué dans la profession me dérange. Pourtant, l’étrange collusion d’intérêts que j’ai pu observer entre le DPS, service de « sécurité’ (quand on les voit, on ne se sent nullement en sécurité) du FN et la police nationale m’a réellement troublé, et inquiété. Cela veut en effet dire que plus personne dorénavant n’est à l’abri des exactions de ces fous, et que la place des violences et de l’arbitraire ne peut plus être contenue par ceux là même, justement, qu’on charge d’ assurer notre propre sécurité personnelle. Ils perdent par là même tout crédit, en se mettant à la disposition d’un ordre privé, et injuste. Qui me dit que cette part importante de l’extrême droite dans notre police ne viendra pas demain me spolier de mes droits à circuler librement à titre professionnel ou personnel simplement en vertu de ma seule opposition bien connue à ces fachos là ? Beaucoup parmi les moins sensibilisés à ce sujet ne comprennent pas et négligent ce qui leur semble être pour eux un détail. C’est pourtant un détail crucial, nos libertés publiques, à tous, et pas seulement celle des journalistes, est en jeu. Un pays dont l’information n’est pas libre est un pays autoritaire dont je ne veux pas, ni pour moi, ni pour personne. C’est de cela dont il s’agit quand une trentaine de Sociétés de journalistes (SDJ) publient, ce vendredi 28 avril, un communiqué pour dénoncer les méthodes du Front national pendant la campagne présidentielle.
« Le FN a décidé de choisir les médias qui sont autorisés à suivre Marine Le Pen », écrivent-ils. Plusieurs titres de presse ont vu leurs représentants tenus à l’écart de toute information et de toute possibilité de suivre sur le terrain la candidate. Les SDJ estiment qu’il y a une entrave à la liberté de la presse.
Bien que satisfait de ce communiqué, je ne comprends pas qu’il ne s’assortisse pas de sanctions, sans lesquelles le FN peut continuer à perpétrer ses exactions en souriant ironiquement sur la faiblesse de notre soi-disant démocratie qui laisse de tels partis violer nos lois. Tant que les journaux ne seront pas plus fermes, et ne menaceront pas le FN, qui comme l’histoire nous l’a si cyniquement démontré instrumentalise si bien nos médias qui ont fait sa fortune, de ne pas couvrir ses événements, se montrant ainsi solidaires des autres journaux, le petit manège détestable pourra continuer son petit bonhomme de chemin, de plus en plus loin. Ne pas réagir quand il sera trop tard, et que tout le monde se sera habitué à certains ignobles et sournois procédés d’intimidation. Apprendre qu’une responsable de com de la Mairie d’Hayange, pour seul exemple notable, se permet de fouiller les conversations sur facebook de certains opposants pour leur demander de retirer tel ou tel mot m’apparait proprement hallucinant. Et personne ne bouge ? Ils sont où, nos si glorieux, intègres et purs castors, dans l’histoire ? Dernier avatar de la chose dont je veux parler ici, cette insupportable sortie d’une petite ordure fasciste, collabo de la première heure de la dictature qui vient.
sourceLe FN officiel a beau jeu ensuite de nier, botter en touche comme il le fait toujours si bien même dans les affaires les plus attentatoires à nos libertés fondamentales et à la réalité historique. Cela n’en demeure pas moins constitutif d’un certain climat à l’intérieur du FN et de sa curieuse conception de la démocratie. On vient d’ailleurs de m’informer que cette proposition ne doit rien au hasard…
sourceIL faut voir le traitement que subissent au quotidien les journalistes de la Voix du Nord.
sourceSur franceinfo, vendredi, Jean-Michel Bretonnier, directeur de la rédaction et rédacteur en chef de La Voix du Nord a évoqué les « intimidations » du maire frontiste qui souhaite que les journalistes fassent « la communication » de la ville. Il s’inquiète de ce que serait la « liberté de la presse en France si Marine Le Pen devenait présidente de la République ». (source)
Bien sûr, le FN nie, ridiculise et raille, botte en touche, décrédibilise. Mais les faits sont têtus pour les petits trafiquants de la réalité comme elle va :
sourceSi rien n’est fait pour lutter un peu plus efficacement que ce n’est le cas actuellement contre les méthodes fascistes de ce parti qui soi-disant pour certains ne le serait pas, qui se cachent derrière leur petit doigt, notre pays court à sa perte Et je ne compte guère sur l’accession de la marionnette des marchés qu’est Macron pour résoudre cela. On sait bien à quel point l’ultra-libéralisme s’accommode si bien de la restriction des libertés fondamentales
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