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Sur tous les médias officiels et grand public, il n’est plus possible aujourd’hui de s’exprimer sur le fait d’avoir choisi de s’abstenir de voter. C’est interdit! Interdit puisque cela ferait le jeu du Front national, arrivé second au premier tour des présidentielles. Un humoriste aurait même été empêché de s’exprimer sur ce sujet sur France Inter. Encore un peu, si un parti d’extrême droite arrive au pouvoir en France cela va être de la faute de ceux qui veulent justement faire comprendre que la société dans laquelle nous évoluons a perdu ses repères et qu’il est urgent d’en changer.
Bouc-émissaire faciles, les abstentionnistes et les votes blancs sont devenus ces derniers jours de campagne, la cible à abattre. Les médias vont chercher tout ce que l’on estime représenter les valeurs de la république et de la démocratie pour s’exprimer dans ce sens. En dehors des ralliements de plus ou moins dernière minute de politiques opportunistes, sont ainsi invités à s’exprimer ceux que l’on estime être des références, tels Robert Badinter, ancien Garde des Sceaux et surtout abolitioniste de la peine de mort en France ou encore Daniel Cordier, dernier compagnon vivant de la Libération, au parcours hugolien, etc…
De leurs côtés, les réseaux sociaux ressortent de vieux articles sur le comportement manipulateur de Marine Le Pen face aux médias. En effet, ces derniers ont décidé en commun de dénoncer sa stratégie actuelle vis-à-vis d’eux car la cheffe du Front national décide qui couvre ses événements en ne donnant pas le bon programme aux journalistes ou en le changeant à la dernière minute, les empêchant ainsi d’avoir leur propre son et images desdits événements.
Seuls quelques articles pro-absentionnistes filtrent néanmoins sur quelques sites assez courageux pour publier des positions à contre-courant. Ainsi une excellente interview d’un économiste italien est publiée sur Mediapart. Bien sûr, pour un sujet aussi délicat, il fallait une figure d’un anti-fascisme avéré. "Une voix autorisée de la gauche italienne", comme il est précisé. Ceci étant établi, le journaliste demande à cette autorité de gauche de s’expliquer, voire de se justifier, et celui-ci de répondre clairement: "Ceux qui à gauche incitent à voter pour le "moindre mal" ne semblent pas comprendre que dans les conditions dans lesquelles nous nous trouvons le "moins pire" est la cause du "pire".". Voilà, tout est dit. Pour n’avoir trouvé que très très peu d’articles sur ce sujet, cette phrase résume tout du choix de nombreux abstentionnistes.
Alors plutôt que de faire une chasse aux sorcières de ceux qui ont décidé de ne pas rentrer dans ce jeu, plutôt que de les rendre responsables de la situation intenable où se trouve aujourd’hui une grande partie des électrices et électeurs français - qui pour nombreux, se sentent obligés de voter pour Emmanuel Macron en précisant de suite que dès sa victoire, ils se placeront dans l’opposition - il serait plutôt urgent de revoir le système. Car l’opposition comme ils disent existe depuis toujours, et depuis toujours, elle s’est inscrite, glissée dans la peau du système même qu’elle dénonçait.
Ne nous trompons pas de responsables. La situation actuelle n’est certainement pas le fait des votes blancs et des abstentionnistes. Que ceux qui ont décidé de voter Emmanuel Macron ne donnent pas de leçon de démocratie aux autres, ni à ceux qui vont voter Marine Le Pen, ni à ceux qui ne vont pas voter du tout. Le temps des leçons est terminé, espérons que le temps de l’action ne se fasse pas trop attendre.