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"Lakmé" de Léo Delibes à l'Opéra de Marseille

Publié le 09 mai 2017 par Podcastjournal @Podcast_Journal
Rédacteurs et stagiaires: cliquez sur cette barre pour vous connecter en back-office de la rédaction! Recherche par tags (mots-clés) Recherche d'évènements (agenda) Non, les fastes de l’opéra-comique français ne sont pas tombés en désuétude. Pour preuve cette excellente "Lakmé" de Léo Delibes donnée à Marseille en ce mois de mai et qui prouve une fois encore qu’un metteur en scène intelligent peut redonner ses lettres de noblesse à ce répertoire trop négligé de nos jours. Importée de Lausanne / Paris, la production minimaliste vue partout de France en Navarre signée par Lilo Baur (scénographie de Caroline Ginet et costumes chatoyants d'Hanna Sjodin) témoigne d’un classicisme de bon goût et d’une certaine beauté plastique sous les éclairages pastels et poétiques de Gilles Gentner.
Rien de bien révolutionnaire donc dans cette lecture traditionnelle d’un livret un tantinet larmoyant qui nous conte, on le sait, les amours contrariées en pleine guerre coloniale, entre une fille de Brahmane indien et un officier anglais. Tant mieux! Les transpositions gratuites commencent sérieusement à lasser public et artistes...

Pour apprécier cet ouvrage, il faut aussi un chef sachant donner toutes sa clarté et sa luminosité à la partition un rien crème anglaise de Delibes. Robert Tuohy, comme en état de grâce, dynamique à souhait, adopte des tempi naturels, déploie un tapis sonore coloré, d’une rare richesse, avec des cordes soyeuses et des cuivres (fort sollicités) irréprochables.
"Lakmé" est également affaire de voix. Et le couple vedette Lakmé - Gérald ne souffre pas l’à-peu-près. Une fois dit que le rôle titre ne se limite pas au seul "Air des Clochettes", reconnaissons que la jolie Sabine Devieilhe dessine une héroïne délicate et convaincue, à la fois de saxe et de verre, à la gestuelle moderne, à la caractérisation fraîche et naturelle.
La voix, ronde, pulpeuse est homogène sur toute la tessiture. Les notes stratosphériques du personnage ne lui posent aucun problème. Ce qui lui permettra de tout rafler (ou presque) après le tube célèbre tant attendu qui fait presque virer le spectacle au one woman show.

Son officier anglais d’amoureux, Julien Dran, dans un français châtié (c’est une prise de rôle) ne tente pas d’imiter ses plus illustres prédécesseurs. La mezza-voce séduit, les aigus aussi. On dirait un Don José lunaire, poétique, qui rencontre Lakmé au lieu de Carmen...
Nicolas Cavalier défend Nilakhanta avec un mordant simplement réjouissant, une diction exemplaire pour tous, un impact sur le public indéniable. A la fois fanatique sanguinaire, vrai fou de ses dieux, sont ainsi ressuscités les fastes des Borthayre ou Blanc d’antan. Ses stances resteront pour longtemps un moment d’anthologie dans les annales de la maison.

Le trio d’occupantes britanniques, s’il est bien croqué lui aussi, nous renvoie plus à l’opérette qu'à l’opéra-comique. Minime réserve. Il s'amuse, nous également.
Dès lors, le Frédéric de Marc Scoffoni intéressera d'avantage avec sa voix de baryton cuivrée et sonore. Enfin, Majdouline Zerari (Mallika), dont le timbre se marie fort bien avec celui de Sabine Devieilhe, offre un très joli duo des fleurs et nous met dans sa poche en un clin d’œil.

Une mention pour Loïc Félix, Hadji musical, bien chantant et les chœurs mitonnés aux petits oignons par Emmanuel Trenque. Pas de chorégraphie lourde ou envahissante dans la grande tradition hindoue. Tant mieux. Le kitsch chic et toc de Bollywood n’a rien à faire ici.


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