
Pensée. Les capitalistes, eux-mêmes en pleine mutation insoupçonnable, avaient besoin d’un chef d’entreprise pour diriger la cinquième puissance mondiale. Il a surgi des cabinets de Normal Ier. Les financiers coalisés l’ont choisi. Puis ils ont fait ce qu’il fallait. L’ancien de la banque Rothschild, qui affirme qu’il voulait «d’abord gagner de l’argent pour être indépendant», était là au bon moment. Ce qui ne l’empêche pas, lui, l’amoureux de Léo Ferré et de Charles Aznavour, de citer Musset: «On vient toujours trop tard dans un monde trop vieux.» Le concernant, on croirait entendre un oxymore. À un détail près. Si les puissants, de droite comme de gôche, ont tout misé sur lui, il y a une raison simple. Le nouveau président est un vrai social-libéral, soucieux d’aider les entreprises privées, d’assouplir « le marché du travail » et d’adapter l’économie à la flexisécurité. Pourquoi? La priorité donnée à l’individu reste la matrice de Mac Macron. Son point faible. La question des «classes», sans parler de «la lutte des classes», n’a jamais été son affaire. D’autant qu’il théorise sa méthode: « Les politiques croient que l’action c’est 90% de réflexion stratégique et 10% d’exécution. Je pense exactement le contraire.» Ses positionnements, jugés «flous» au regard de discours qualifiés de «creux», n’ont pas vaincu le mirage de cette vieille France qui continue de se rêver pacifiée, le magot bien à l’abri, dans les bras d’une droite et d’une gauche alliées. Mac Macron, lui, a ses raisons que la tactique politique n’ignore pas. Pour se défendre, il revendique carrément une « pensée complexe ». De quoi nous effrayer? «La pensée est l’esclave de la vie, et la vie est le fou du temps…» Ca, c’est du Shakespeare.[BLOC-NOTES publié dans l’Humanité du 12 mai 2017.]