Bucket est une nouvelle comédie de quatre épisodes qui a été diffusée en Angleterre du 13 avril au 4 mai sur les ondes de BBC Four. Le titre fait référence à l’expression anglaise « Bucket List » qui consiste à réaliser plusieurs choses que l’on a toujours rêvé de faire avant qu’il ne soit trop tard. Dans ce cas-ci, cela s’applique à Mim (Miriam Margolyes) qui est atteinte d’une maladie incurable. Avec sa fille Fran (Frog Stone), elles parcourent donc le pays, mais avec le temps qui joue contre eux, c’est davantage une réconciliation entre les deux femmes qui serait souhaitable; ce qui n’est pas tout à fait à l’agenda pour le moment. De son côté, on a pu voir Hospital People sur BBC One du 21 avril au 5 mai sous une forme de « mocu-mentaire » relatant le quotidien du personnel pour le moins excentrique. Dans les deux cas, on mise sur la popularité des acteurs principaux pour capter notre attention, mais les épisodes en général manquent de mordant et parfois de cohérence.
Bucket : les contraires peinent à s’attirer
Sans que l’on sache trop de quoi il en retourne sur l’état de santé de Mim, Fran accepte immédiatement d’accompagner sa mère dans ses plans à court terme pour le moins farfelus (d’autant plus qu’elle n’entend pas la laisser seule derrière le volant!) Dans un premier temps et à la demande de Fran, elles se rendent dans un parc d’attractions reconnu pour ses manèges et son mini-golf. Dans le second épisode, elles vont à Cambridge dans le but de retrouver une boîte que Mim avait enterrée dans le jardin du recteur. Pleine d’artéfacts, elle compte les vendre pour financer ses prochains projets et dans la semaine suivante, elles assistent au mariage de Gemma (Catherine Steadman), une cousine de Fran qui n’est plus certaine de vouloir s’unir pour la vie.
Les scénarios de Bucket ont été écrits par Frog Stone et à certains moments les échanges sont si intimes que c’est à se demander si elle et Miriam Margolyes sont effectivement mère et fille tellement leur relation à l’écran est convainquante. Bien qu’il n’en soit rien, on est assez tôt séduit par la dynamique inversée entre les deux femmes. En effet, la plus conservatrice des deux est Fran qui par moment semble avoir peur de son ombre tandis que Mim ne s’est jamais préoccupé du qu’en-dira-t-on. C’est aussi la manière parfois impitoyable de traiter sa fille comme quand elle se moque du fait qu’elle soit encore vierge à 35 ans qui vient positivement ébranler les codes établis. De toute la série, c’est le second épisode qui se démarque alors qu’elles visitent le collège où Mim a fait ses études. Celle-ci se remémore davantage les fêtes démentielles auxquelles elle a assisté (« if you can remember the ’60s then you weren’t really there. »), tandis que Fran lui en veut de ne jamais l’avoir inscrite dans une école aussi prestigieuse, elle qui est si studieuse. En plus d’être truffée de bons gags (Mim : « Who can forget the ’60s? My generation broke the rules. » Fran : « And left my generation the bill, which is 10K. », c’est la relation complexe entre les deux femmes qui est davantage approfondie. On apprend en fin de compte que la mère n’a jamais eu son diplôme et c’est pourquoi elle n’y a jamais inscrit sa fille, de peur qu’elle subisse le même échec. Du côté de cette dernière, elle révèle à un nouvel ami qu’elle aura toujours cherché à ce que Mim soit fière d’elle, ce qui nous les rend plus attachantes.
Le seul bémol que l’on éprouve par rapport à Bucket est justement cette inégalité dans les épisodes et les trop rares moments de vérités entre les personnages. Reste que toutes les présences au petit écran de Stephanie Beacham valent le coup d’œil. Ici, dans le rôle de Pat qui ne cesse de regarder de haut Mim : on est loin d’être déçu.
Hospital People : quatre en un
Pour ce qui est du petit tour d’horizon de cette communauté, c’est Susan Mitchell (Tim Binns) qui est responsable de l’établissement et sa gestion « personnelle » est en train de donner beaucoup de cheveux gris à son comptable Sunny (Amit Shah). Dans les environs, nous avons Ivan qui malgré ses piètres talents de DJ passe nuit et jour devant son micro avec sa collègue Shaz (Mandeep Dhillon). De plus, dans les couloirs, il n’est pas rare de croiser le père Kenny qui semble plus intéressé à jouer de la musique plutôt qu’à officier la messe et Ian, un guérisseur qui ne croit pas aux méthodes traditionnelles de soins. Dans le premier épisode, on s’apprête à célébrer la cérémonie du « Patient’s Choice Award ». Dans le second, Susan, alarmiste, est persuadée que la sécurité de l’hôpital est menacée à petite et à grande échelle et déploie un peu trop de moyens en ce sens. Dans la finale la semaine suivante, un éminent millionnaire est admis à l’établissement et sa directrice fait des pieds et des mains pour que son séjour soit le plus agréable possible; espérant par la bande qu’il aura l’amabilité d’éponger quelques dettes liées à sa gestion désastreuse.
Il va sans dire que l’attrait principal ici c’est Tom Binns. En plus d’être le créateur d’Hospital People, a coécrit les scénarios tout en y tenant quatre rôles en alternance : celui de Susan, d’Ivan, d’Ian et de Kenny. Certes, cette versatilité en impose, mais on revient assez vite de ses différentes personnifications et on a l’impression que l’émission n’a pas grand-chose de plus à nous offrir. D’autres comédies anglaises sur le milieu hospitalier ont vu le jour ces dernières années. Getting On (BBC, 2013) par exemple dénonçait par la bande le traitement réservé aux aînés ou dans un ton plus léger The Delivery Man (ITV, 2015) où l’on se gaussait des préjugés concernant un homme « sage-femme ». Avec Hospital People, on a affaire à quatre personnages excentriques et égocentriques qui s’épivardent pour un oui ou pour un non. On a aussi droit à la présence de comédiens vedettes dans des contre-rôles l’espace d’un épisode (Alex Macqueen dans le premier et Sian Gibson dans le second), mais qui orientent de façon mineure le déroulement des événements. Enfin, certains personnages s’adressent directement à la caméra (une technique surutilisée à toutes les sauces ces dernières années) sans que l’on ne se donne vraiment la peine de nous expliquer de quoi il en découle. Et les patients dans tout cela ? C’est à peine s’il y en a un qui ouvre la bouche. En somme, les quelques bons gags ici et là sont loin de compenser les défauts qui s’accumulent au cours des diffusions.
Avec ses trois épisodes seulement, Hospital People était davantage un essai de style plutôt qu’une comédie à long terme, ce format ayant au moins le mérite de créer un rendez-vous hebdomadaire plus solide avec le téléspectateur. Quant à Bucket, la tentative a beau être éphémère, l’impression finale plus favorable en raison d’une meilleure qualité d’écriture et d’une relation plus intense entre deux êtres. Bien curieux de savoir ce que Frog Stone nous réservera à l’avenir.
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