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Las Chicas del Cable (2017) : l’émancipation grâce aux communications

Publié le 14 mai 2017 par Jfcd @enseriestv

Las Chicas del Cable (ou Cable Girls en anglais) est une nouvelle série de 16 épisodes dont la première moitié est disponible sur le site de Netflix depuis 28 avril. L’action se déroule à Madrid en 1928 alors que la première compagnie de téléphone voit le jour et l’entreprise a un besoin urgent de standardistes. Après des tests rigoureux, plusieurs sont sélectionnées, dont Carlota (Ana Fernandez), Marga (Nadia de Santiago) et Lidia (Blanca Suarez). Toutes issues de milieux différents, c’est cette dernière qui suscite le plus d’interrogations. D’un passé opaque et lourd, elle ne s’est pas faufilée entre les mailles du filet uniquement pour s’assurer une revenu fixe, mais bien dans le but de voler son employeur. Pourtant, elle n’en a pas fini avec les imprévus. Autre série originale européenne à s’ajouter au catalogue du service de vidéo sur demande, Las Chicas del Cable capte facilement notre attention pour ses personnages attachants et des intrigues prometteuses, mais à mesure que les épisodes s’enchaînent, plusieurs défauts ressortent au point où l’on hésite à se rendre au bout de l’aventure.

Las Chicas del Cable (2017) : l’émancipation grâce aux communications

De constants problèmes de communication

Dans les premières minutes du pilote, la meilleure amie de Lidia est tuée devant ses yeux par un amant jaloux. Par la suite,  le commissaire de police Benjamin Villalba (Javier Laorden) qui connaît bien la jeune femme décide de la faire chanter : soit il l’accuse du meurtre et c’est la pendaison qui l’attend, soit elle accepte de se faire engager pas ladite compagnie téléphonique. C’est qu’à l’étage des directeurs se trouve un coffre-fort rempli d’argent qu’on lui demande de chiper en échange de sa liberté. L’opération semble faisable d’autant plus que le fils du patron Carlos (Martino Rivas) a jeté son dévolu sur elle. Mais c’est lorsque Lidia tombe sur son associé Francisco (Yvon Gonzalez) que tout change. Amour de jeunesse, il est désormais fiancé à la fille du patron, mais éprouve toujours des sentiments envers elle et va jusqu’à payer sa dette. Le problème est que peu de temps après, le chantage de Villalba recommence et ses amies ne sont pas non plus à l’abri des ennuis. Une femme subvenant seule à ses besoins étant mal vu, certaines se sont brouillées avec leur famille, leur mari ou peinent tout simplement à assumer cette indépendance récemment acquise.

Las Chicas del Cable (2017) : l’émancipation grâce aux communications

Dès que l’on amorce Las Chicas del Cable, il nous vient tout de suite en tête Berlin 56 (ZDF, relayée par Arte) dans laquelle un vent de changement soufflait sur la société, le symbole étant le rock n’ roll. Trois sœurs y incarnaient différentes facettes de l’évolution féminine et c’est un peu la même chose avec la nouveauté de Netflix. Carlota par exemple est issue d’une illustre famille qui ne lui demande rien de plus que de se trouver un riche mari et non qu’elle s’abaisse à travailler comme le petit peuple. Quant à Marga, c’est tout le contraire. Petite fille de province brillante, mais timide et innocente, elle s’est tellement sacrifié pour les autres lorsqu’elle était plus jeune que sa famille l’a presque envoyée de force dans la métropole afin qu’elle goûte à la liberté. Il y a aussi Angeles (Maggie Civantos) qui supervise toutes les standardistes et qui subit beaucoup de pression de la part de son mari Mario (Sergio Mur) afin qu’elle reste au foyer. L’apport de Lidia, personnage hybride par excellence se situe davantage au niveau des intrigues. Tantôt voleuse, tantôt amoureuse et s’obstinant à gagner (en vain) sa liberté; c’est aussi elle qui a chaque début et fin d’épisode nous livre des réflexions sur l’environnement dans lequel elles évoluent.

À ce sujet, on a droit à quelques moments amusants sur l’envers du décor dont les risques associés au fonctionnement de leur travail (qui semble ennuyeux à mourir) puisqu’avec une seule erreur les gens peuvent entendre des conversations privées ou tout simplement se retrouver face à un inconnu à l’autre bout du fil. Et qui dit série produite par Netflix dit grand budget et on n’est pas du tout déçu par la reconstitution d’époque tout simplement splendide.

Las Chicas del Cable (2017) : l’émancipation grâce aux communications

Telenovela de luxe

Seulement, le charme s’étiole au cours des épisodes #2 et 3. Les histoires de couchettes et les flirts prennent une place démesurée et les intrigues commencent à tourner en rond. En effet, on ne compte plus le nombre de fois où Lidia est convoquée au bureau du grand patron pour une quelconque faute professionnelle et évidemment, ce dernier passe l’éponge à chaque fois. Sinon, le climat politique est assez orageux alors que des groupes songent à renverser le roi Alphonse XIII. Pour éviter le chaos, la compagnie planifie de procéder à l’espionnage des conversations téléphoniques, mais pour le moment cette intrigue est trop relayée à l’arrière-plan. C’est justement là la différence avec Berlin 56 : au lieu d’effectuer un retour dans l’histoire comme c’était le cas avec la série allemande, Las Chicas del Cable emprunte un tournant trop « universel » pour essayer de plaire à tout le monde. On se borne à des généralités concernant le statut de la femme par exemple (obéissance au mari versus désir d’émancipation, l’amour libre versus le mariage, etc.), si bien que la série aurait pu se dérouler dans n’importe quelle ville d’Europe ou même d’Amérique.

Mais l’irritant majeur, c’est sans conteste la trame sonore. Pourtant, la musique des années 20 regorge d’énergie et de rythme et on s’explique mal le recours à des chansons ultra modernes et interprétées en anglais de surcroît (Beasts With no name, Rags to Riches, After You, etc.). Cela donne d’ailleurs lieu à des moments particulièrement malaisants lorsque les filles sortent dans des clubs avec les figurants qui ne savent trop comment danser…

Malgré tout, Las Chicas del Cable mérite que l’on donne la chance au coureur, mais il ne faut pas tenir pour acquis qu’après les huit premiers épisodes de la saison on ait envie d’y revenir lorsque l’autre moitié sera mise en ligne. En tous les cas, les hispanophones sont bien servis avec Netflix qui en est à sa troisième série dans leur langue. Après Club de Cuervos et Narcos, cette nouveauté pourrait bien consolider son un bassin important quant à ses abonnements à l’international.

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