Nan Aurousseau appartient à ce courant des auteurs français dissidents. Pas ceux qui écrivent parce qu'ils ont lu (tradition française) mais parce qu'ils ont vécu (tradition américaine). Tout ça parce qu'à l'âge de 18 ans, il est condamné à six ans de prison pour braquage. Lorsqu'il est libéré, il vit dans des camionnettes et dans des squats, la rage chevillée au corps. Comme souvent dans la vie, c'est une rencontre qui lui permettra d'exprimer de façon plus sereine ses pulsions; celle de Jean-Patrick Manchette qui l'encourage à persévérer dans l'écriture. Ce sera bien sûr celle des romans noirs dont il puise l'inspiration dans sa propre vie. Tout en poursuivant son métier alimentaire de plombier. De fil en aiguille l'artisan ex-taulard réinséré se met à jouer de la caméra en plus de la plume. Et c'est une autre rencontre, celle de Jean-Marc Roberts, célèbre patron des éditions Stock à l'époque, qui va lui permettre de connaître la joie de la renommée. En 2005, son roman "Bleu de chauffe" est un succés d'édition. Et la suite, ce sera une série de nouvelles rencontres : Claude Berri, Truffaut... Cinéma et écriture alimentent désormais sa vie dont la prison constitue le déterminant central. Après "Bleu de chauffe", sur une moyenne d'un livre publié tous les deux ans, Nan Aurousseau creuse son sillon dans la veine du roman noir. En 2017 les émissions de radio et les médias écrits ont abondé dans la promotion de son petit dernier paru aux éditions Buchet-Chastel. Et voilà comment je me suis retrouvé à lire "Des coccinelles dans des noyaux de cerise". En vue d'un projet de roman pour 2018, j'avoue que c'est aussi pour moi une lecture intéressée puisque je commence à accumuler de la documentation sur le monde carcéral. Quatrième de couverture : "A Fresnes, où il fait un séjour pour vol avec ruse, François partage sa cellule avec Medhi, un cador du grand banditisme. Ce Medhi, c’est du lourd. D’ailleurs, il ignore superbement François qu’il considère comme de la pure gnognotte. François, de son côté, est tout miel, en rajoute et se fait le serviteur zélé et naïf de Medhi. Peu à peu, le lecteur découvre le plan machiavélique de François..."
Nan Aurousseau parle de ce qu'il connait. La prison, le langage de la rue, les expressions du milieu, on est rapidement mis dans le bain. Le narrateur est un "JE" auquel on croit avec aisance et la mayonnaise prend plutôt bien. Pour autant je n'ai jamais vraiment décollé en lisant ce bouquin. L'ambiance ne fait pas tout, il m'a manqué une voix, un rythme, une originalité. On passe certes un bon moment, c'est distrayant, mais ça fait vite "plop" et au final, on oublie bien vite cette histoire. La fin s'apparente à une fin en queue de poisson qui ne m'a pas vraiment convaincu - même si d'autres lecteurs ont le sentiment contraire, comme quoi... Bref, sept semaines après avoir lu ce livre, je n'en ai que quelques souvenirs épars et confus, pas une image très nette et il ne m'a pas laissé un grand souvenir. Extrait : "Si seulement la vie était comme ça, qu'on se laisse traîner jusqu'au bout en restant affalé sur sa banquette avec un ticket aller, sans avoir à penser ni à bouger son cul, comme ça jusqu'au bout, jusque dans le trou avec quelqu'un d'un peu idiot qui parle à votre côté, quelque'un que vous n'écoutez pas, qui fait comme une musique de fond pour vous endormir. Seulement voilà la vie elle est pas comme ça du tout. Ça dure pas longtemps les voyages, et puis c'est cher, et puis c'est sale le RER et en plus ça va pas loin. Bon Dieu ce que la vie est dégueulasse quand même je me disais". Nan Aurousseau - Des coccinelles dans des noyaux de cerise , Buchet Chastel, 224 pages, 15 €