Titre
: Pop Memories
Auteur :
Cathy Karsenty (scénario et dessin)
Editeur :
Delcourt
Collection
: tapas
Année :
2017
Page
: 104
Résumé :
Je
me souviens... Au rythme de cette phrase qui démarre chaque page de
l'album, c'est un souvenir musical qui remonte à la surface. Se
déclinent ainsi tout un tas de réminiscences, des instantanés de
vie liés à des chansons et à des musiques.
Mon
avis :
Et
pour que nous ne soyons pas perdus, Cathy Karsenty nous offre en fin
de ce petit volume la playlist des morceaux évoqués au gré des
pages de ce voyage dans le temps.
Cette
énorme et beau paquet de madeleines de Proust m'a ramené des années
en arrière, et en découvrant les souvenirs de la petite héroïne
sautillante et pétillante, j'ai replongé également dans mes
propres souvenirs musicaux.
Ce
recueil est à savourer sans modération car certes il se lit vite
mais un second plaisir surgit à la relecture, au feuilletage du
livre qui vous offre au détour d'une page un moment, une image
dessinée sur le vif, croquée à partir du passé.
La
musique fait le liant entre tous ces souvenirs car c'est toujours
effectivement une chanson, dont un extrait des paroles nous est
livrée sur la page - et si vous ne connaissez pas la totalité des
artistes évoqués, ce n'est pas grave – qui expose une situation
qui, elle, pourrait vous paraître bien familière.
Je
pourrais préciser que ce voyage temporel m'a fait bondir au cœur
des années quatre-vingt - mais pas que... - et que cette petite
playlist apportée à la fin de l'album m'a donné envie d'aller
faire un tour sur le net pour découvrir ces morceaux à côté
desquels je suis passé. D'ailleurs, c'est précisé maintenant !
Mais à côté de ces
petites pépites d'humour et de tendresse, c'est le dessin qui fait
également mouche. Croquée sur fond blanc, notre charmante héroïne,
donc, est stylisée avec talent. Quelques traits noirs lancés sur la
page pour cette touffe ébouriffée et posée comme des fraises sur
un gâteau, quelques éléments dessinent une silhouette qui prend
vie sous nos yeux au fil des pages.
Moi, je m'en souviens aussi de Chi Mai, morceau lié pour ma vie à Belmondo, fauché par une balle, qui s'écroule au ralenti au pied d'un hélicoptère
Beaucoup de noir et
blanc, mais rehaussé par quelques touches de couleur, comme la
perruche verte pour ne citer qu'elle. Ceux et celles qui se
souviennent de « La Notte La Notte » verront de quoi je
parle. Un petit format permettant de mettre un à plusieurs dessins
par page mais surtout, pas de case et pour le coup, la couverture est
l'exemple type de ce que vous allez trouver dans ces pages. La
situation est on ne peut plus universelle, enfin, pour ceux qui ont
grandi dans ces années folles. Vous n'avez jamais dû rembobiner une
cassette qui s'est coincée dans un lecteur en vous aidant d'un
crayon ?
Moi aussi, je me souviens
avoir rangé mes CD par couleur et ces bandes colorées sur
l'étagère, d'ailleurs, font intégralement partie du souvenir. Si
la musique est à l'honneur, cela implique, bien sûr, que la danse
n'est pas en reste. Même si elle n'est pas omniprésente, elle
intervient tout d'un coup dans une page, un pas rapide, le rappel
d'un jeté-sauté-plié, des sauts de joie.
Ces
souvenirs ne sont jamais recontextualisés dans une date, vous ne
trouverez donc pas de repère temporel. Et du coup, aucun point
d'actualité, on voyage de manière totalement achronologique, guidé
non par le chemin temporel linéaire mais par les sauts de mouton que
permet l'effet madeleine de Proust, et mené par cette petite phrase,
gimmick vocal, "Je me souviens...". Ces souvenirs relèvent
autant de l'intime que de l'universel, de la tristesse d'évoquer un
absent que du souvenir de vacances, du constat du temps qui passe
entre deux moments pourtant parallèles que d'une rencontre
improbable. Certes, l'absence d'actualité peut sembler étrange, au
moins pour moi, car dans ma tête, mes années quatre-vingt portent
la marque de quelques grosses catastrophes. Dieu seul sait pourquoi
mais l'album Trois d'Indochine est lié àu nuage radioactif de
Tchernobyl et autour du Je te donne de Goldman et Jones flotte la
découverte du sida.
Tiens,
ça me fait réaliser que c'est peut-être pour cela que l'année des
30 ans de Tchernobyl, je me suis mis à réécouter du Indochine !
Comme quoi, les pop memories ont des retombées parfois bien
curieuses.
En
tout cas, "je me souviens..." qu'il faut que je vous dise
d'aller faire un tour dans la BD de Cathy Karsenty. Un petit tour
auquel j'ai pris énormément de plaisir, qui se veut justement pop
dans le sens musical du terme, des musiques enjouées, qui restent
quelque part dans la tête, colorées, vibrantes et source de
souvenirs... pop !
Zéda
se souvient aussi...
Zéda n'a pas réalisé que tout cela sonne plutôt seventies, voire sixties, et pas vraiment eighties...
David
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