La tentation de tout nouveau pouvoir qui s’installe est de faire du neuf. De le dire et de le redire. Le répéter une nouvelle fois est supposé ne pas nuire à l’intention affichée. La sur-répétition peut néanmoins être contre-productive. En toute raison, les équipes du nouveau président déclarent plus que de logique, que la communication sera rare et réfléchie. La présidence normale a usé la communication réduite à une com permanente, brouillonne et, par conséquent, vite fatiguée. Place au triptyque méthodologique confidentialité, discipline, solidarité.
Sans faire un procès en méconnaissance des fondamentaux, il semble nécessaire de faire savoir aux communicants de l’Elysée que ne pas communiquer, communiquer autrement ou communiquer avec sobriété restent des actes de communication. Il n’existe pas de non communication, a rappelé dans ses ouvrages Paul Watzlawick et avec lui toute l’école dite de Palo Alto. Toute posture, toute décision et toute modalité de gouvernance laissent voir un projet de communication.
En installant une autre approche de la communication, le président et son gouvernement entrent dans la tentation de continuer le storytelling, cette technique mercatique qui consiste à raconter une histoire construite et argumentée, qui a fait l’originalité et le succès de la marque En marche !
S’il est nécessaire pour un gouvernement de communiquer au sens institutionnel, le nouveau président et ses équipes seront réellement innovants s’ils réussissent à installer des formes d’horizontalité dans les processus de communication, c’est-à-dire si le pays a, enfin, le sentiment d’être écouté et, a fortiori, celui d’être entendu. Cela est à la fois un enjeu et un projet politiques. Les citoyens sauront assez vite si les promesses de changement tiennent la route.