Je me déplace. J'allais écrire je vole. Je ne vole pas je me déplace. Je pense au seul titre du bouquin et du film, "Mes nuits sont plus belles que vos jours". Juste pour le titre. Chez moi, pas de séances d'hypnose ni d'histoire d'amour bizarre et sordide comme dans l'oeuvre. Depuis une dizaine d'année il me semble, depuis que l'on m'a percé un trou dans le crâne, je me déplace. Toujours de nuit.
Un soir je me suis vu marchant tranquillement entre deux canyons, dans le vide, une plume d'aigle à la main gauche, un rameau de sauge à la droite, il y avait un aigle si haut au-dessus de moi, si proche. J'ai demandé à mon artiste de fils de dessiner ce que j'avais "vécu".
Au départ j'étais comme un oiseau qui apprend à voler, c'est pour ça que j'ai failli écrire "je vole". Petites poussées sur les pieds, déplacement laborieux vers le haut, sustentation à quelques centimètres du sol, intuitivement agiter seulement les mains - pas les bras - pour créer le mouvement "d'envol", le décollage. Cafouilleux, cahotique, laborieux, aucune vraie possibilité de me diriger comme je le voulais.
Puis c'est venu. Je ne sais pas comment. Déplacement contrôlé à présent. Je me retrouve à visiter d'incroyables édifices. Des endroits inaccessibles, sauf à certains professionnels hyper spécialisés, réparateurs de flèches de cathédrales, etc. J'adore ces endroits, pouvoir observer la pierre, les gargouilles à quarante ou cinquante mètres du sol, sous la nef, visiter les plafonds, découvrir d'incroyables peintures, sculptures, pourquoi les artistes du gothique flamboyant plaçaient si haut certaines de leurs oeuvres ? J'exulte.
Souvent c'est dans la nature, les hautes canopées de forêts luxuriantes, puis des sommets montagneux, les plus hauts. Je me retrouve là sans mouvement, instantanément, par la force ou le pouvoir de l'esprit. Une nuit j'ai osé, je me suis dit "Et quitter la Terre ?" C'était parti. Voie lactée, planètes, galaxies, rien ne m'est inaccessible. Zéro limites. Déplacement instantané. je n'en reviens pas, c'est incroyable ! Parfois je montre à des personnes qui sont avec moi comment se déplacer, je leur tiens la main, le bras, les lâche, elles se déplacent seules, ça y est. Elles n'en reviennent pas. Aucun domaine n'est inaccessible. Seule, "là-haut", la matière noire est bloquante. Pourquoi ? J'y suis comme devant un miroir. Impossible de passer, d'aller plus loin, c'est une mer infinie de tranquillité, la matrice.
La révolution quantique, la science, nous montreront un jour, j'en suis sûr.