La sortie de ce remarquable ouvrage, distribué depuis le 6 juin en librairie, intervient alors que depuis quelques semaines le Centre de documentation des "Reichsparteitagsgelände" consacre, en collaboration étroite avec le professeur Brechtken et l'Institut d'histoire contemporaine une exposition à l'architecte du régime nazi intitulée Albert Speer en Allemagne, faire face au passé allemand, qui peut se visiter jusqu'au 26 novembre 2017.
Le livre
Albert Speer, une carrière allemande
Texte de présentation (Quatrième de couverture en traduction libre)Membre du NSDAP à partir de 1931 et bientôt confident de Hitler, Albert Speer était en passe de devenir l'architecte de l'État racial. Pendant la guerre, il s'impliqua avec une énergie infatigable en tant que ministre de l'armement dans le combat total et les mécanismes de destruction. Après la guerre , il affirma cependant avoir été apolitique et n'avoir jamais été véritablement nazi.
Le Professeur Magnus Brechtken montre comment Speer parvint à répandre cette légende, à l'instar de millions d'allemands soucieux de se disculper. Brechtken, spécialiste de l'histoire contemporaine et directeur faisant fonction de l'Institut d'histoire contemporaine de Munich, démonte la manière dont Speer a réussi à se profiler comme technicien prétendument apolitique, qui se voit contredite par les faits historiques. Dans son ouvrage, fruit d'années de recherches et d'utilisation de nombreuses sources inconnues auparavant, il décrit comment Speers, comme des millions d'Allemands, a affabulé pour enjoliver son propre passé, et comment des intellectuels renommés ou les médias ont soutenu cette légende.
Le Dr Brechtken est un des plus grands spécialistes allemands de l'histoire du national-socialisme et de celle de l'anti-sémitisme. Son travail académique concerne également les médias et la politique du 20e siècle, ainsi que l'étude du traitement international du régime nazi depuis 1945.
L'exposition de Nuremberg: Albert Speer en Allemagne, faire face au passé allemand

Speer à sa sortie de prison. Crédit photographique
Deutsches Historisches Museum
En tant qu'architecte, Speer fut responsable de grands projets nationaux-socialistes comme celui du "Reichsparteitagsgelände" de Nuremberg (littéralement en allemand : « le terrain du Congrès du parti du Reich »), un gigantesque complexe architectural, situé au sud-est de la ville de Nuremberg, qui a accueilli, de 1933 à 1938, les congrès annuels du NSDAP (Parti national-socialiste des travailleurs allemands). La conception de cet espace reste l'un des symboles de l'architecture de l'époque nationale-socialiste et fut l'un des principaux instruments au service de la propagande du régime, notamment dans le cadre du film de Leni Riefenstahl, le Triomphe de la volonté. Speer, premier architecte du Reich, fut également responsable de la planification urbanistique de Berlin dans la période nazie. Il était l'un des plus proches confidents de Hitler. En 1942, il devint ministre de la Défense. En 1946, au procès de Nuremberg, les Alliés le condamnèrent à vingt ans de réclusion. Après sa libération, Speer se mit à produire un vaste travail de désinformation visant à proclamer son innocence et à se réhabiliter par le truchement d'interviews et de publications. Il réussit ainsi à propager auprès du public une légende auto-formulée selon laquelle, séduit par l'aura du Führer, il aurait travaillé pour lui dans rien savoir des crimes nazis, et particulièrement du génocide juif.

Hitler et Speer
L'exposition du Centre de documentation de Nuremberg a été élaborée en collaboration avec l'Institut d'histoire contemporaine Munich Berlin (Institut für Zeitgeschichte München-Berlin). Elle démonte la légende créée par Speer et, par ce biais, approche également les rapports qu'entretiennent les Allemands avec leur propre passé. Au coeur de l'exposition se trouve la question de savoir pourquoi la légende mise au point par Speer reçut si longtemps tant d'écho en République fédérale allemande, alors même que la recherche en avait démontré la supercherie en la confrontant à la véracité des faits historiques. Speer, à force de répéter le récit trafiqué de sa vie et en le parant d'une prétendue authenticité, était parvenu à donner l'apparence de la vérité à ses allégations. Nombre d'historiens et de journalistes sont ainsi tombés dans le panneau du mythe du "bon nazi", et la constitution de ce mythe offrit aussi à bon nombre de personnes qui s'étaient engagées dans le nazisme une forme d'échappatoire pour se décharger la conscience à bon compte.Plus d'infos en allemand ou en anglais sur l'exposition: cliquer ici
Centre de Documentation des "Reichsparteitagsgelände" / Center Nazi Party Rally Grounds Bayernstraße 110
90478 Nuremberg
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