"Je marche parmi le treillis régulier des rues
humant les déchirures fossiles
de la ville
que les années ont reprisées
comme une bure
à l'horizon des cours
parfoissemblable à un passant
tranquille
un habitué du quartier
apparaît une étrave
et glisse le cargo.../...
.../...
C'est un crâne
et des mâchoires ogresses
mordant aux quais du bassin
un ventre d'ombre
où bat le chantdes suintements
et des éclats étranges
siffle encore
par icil'haleine des temps rudes
qui aimante
etfait hâter le pas
au fond
les eaux couvertesimmobiles
luisent
comme des langues grasses
qui n'en auraient pas fini avec les aveux
.../...
.../...
Sur les sols tendres
et silencieux
repris par les morts-bois
s'élève la multitude famélique
des araignées géantes
figées
par le flambant-neuf des sortilèges
On a lutté ici
on s'est serré les coudesmais la mémoire déjà s'envole
et les bassins d'eau rouille
les allées noiresles brèches
racontent d'autres histoires
aux enfants surgis
venus ensembles frotter leurs rêves
à l'inclémence des temps écoulés
cherchant
depuis les hauteurs fracturées
à porter ailleurs le regard
.../...
.../...
La pierre
porte le verbe des années
et c'est à peine si se polit la phrase
sous le couteau
salé des érosions
.../..."
Antoine Choplin
extraits de:"Le verbe des années"