J’ai dans mon coeur, dont tout voile s’écarte,
Deux bancs d’ivoire, une table en cristal,
Où sont assis, tenant chacun leur carte,
Ton faux amour et mon amour loyal.
J’ai dans mon coeur, dans mon coeur diaphane,
Ton nom chéri qu’enferme un coffret d’or ;
Prends-en la clef, car nulle main profane
Ne doit l’ouvrir ni ne l’ouvrit encore.
Fouille mon coeur, ce coeur que tu dédaigne
Et qui pourtant n’est peuplé que de toi,
Et tu verras, mon amour, que tu règnes
Sur un pays dont nul homme n’est roi !
Théophile Gautier
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