Horloge humaine
Je les croise chaque matin rue Saint-François. Selon l’heure à laquelle j’embauche, c’est au niveau de la place Camille Pelletan ou entre les rues Leyteire et du Mirail. Une mère et son fils d’environ 13 ans toujours en grande conversation, exposent involontairement une réjouissante complicité. Ils parlent espagnol, toujours, et j’essaie de deviner leur nationalité ou du moins leur provenance : Sud-Américains ?
Quelques mètres derrière eux, quoique sur le trottoir en face, il y a constamment une jeune femme avec une poussette qui n’a pas ce que j’appelle la « maternité triomphante » : elle ne part pas à la conquête du monde, droite comme un « i » derrière sa poussette-bélier, position qui signifie « admirez-moi, je suis mère ». Non, celle-ci s’efface à l’occasion pour libérer le passage et remercie quand vous le faites.
L’autre jour, je les ai tous croisés rue du Mirail et, sans consulter la montre enfouie au fond de ma poche, j’ai pressé le pas, alertée de mon retard insoupçonné jusqu’alors. En vain toutefois…
Colette Milhé