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Violences conjugales, la parité s’installe

Publié le 12 juillet 2017 par Parle-Moi D'Amour

Violences conjugales et femmes sont souvent associées. Ce que l'on sait moins, c'est que les hommes sont, eux aussi, de plus en plus concernés. En France, 80.000 hommes sont victimes de leur conjointe chaque année. Une voie de parité dont on se passerait bien.

Violences conjugales, un sujet douloureux dans l'histoire d'un couple. Le plus souvent liées à une dispute ou un grave problème relationnel, les violences conjugales touchent les hommes et les femmes. Ainsi, une enquête réalisée par l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), révèle que 149 000 hommes ont subi les violences de leur conjointe en 2012 et 2013. Le prompteur de la violence conjugale est donc mixte : si " Tous les trois jours, une femme décède sous les coups de son conjoint ", " Tous les 14,5 jours, un homme décède sous les coups de sa conjointe ".

Très largement médiatisée grâce aux mouvements féministes des années 70-80, on connaît bien les violences faites aux femmes. On y est sensible et, de ce fait, leur cause est défendue. Pour leur venir en aide et les soutenir, des structures se sont mises en place, notamment le 3919 (Fédération Nationale Solidarité Femmes et soutenu par le Ministère chargé des droits des femmes).

Côté hommes, la prise de conscience tarde à venir. Pourtant, de la même manière que les femmes, ils subissent une violence physique ou psychologique, mais leur cause, moins connue, demeure mal défendue.

Les stéréotypes ont la vie dure

Pourquoi ? La première raison vient de notre culture. On admet facilement la fragilité féminine mais difficilement la faiblesse masculine. C'est contraire à nos codes culturels.

C'est tellement vrai que, dès que l'on surprend une dispute conjugale dans la rue, on va directement prendre partie pour la femme et lui proposait notre aide. Les réactions sont très différentes lorsqu'il s'agit d'une femme qui agresse son conjoint.

Yvon Dallaire, , en fait le constat dans son article " La violence conjugale : mythes et réalités " " Lorsque la femme s'emporte contre son conjoint et en vient même à le frapper, non seulement personne n'intervient mais, en plus, la majorité des spectateurs se moquent du jeune homme ", explique t-il.

Le psychiatre et psychanalyste Serge Hefez le confirme en soulignant l'aspect dégradant de la situation pour un homme " Il est déclassé, dévirilisé, il perd sa place "naturelle" de dominant. Et nous en sommes gênés, au point de le trouver ridicule au lieu d'éprouver de l'empathie pour lui, comme chaque fois qu'un mâle se montre "féminin", soumis, pénétré plus que pénétrant. "

Le bénéfice de l'indulgence

Il semblerait qu'une deuxième raison vienne compléter la première. Il se pourrait bien en effet que La violence féminine bénéficie d'une certaine indulgence dans la pensée collective. On se souvient de l'image caricaturale de la femme attendant son mari, le rouleau de pâtisserie à la main. Un cliché comique, admis de tous, qui a rendu presque sympathique, voire anodine, cette dimension de la violence de la femme dans le couple. Notre culture reste donc ancrée sur cette réputation d'une femme plus fragile que l'homme, plus vulnérable , moins égale en terme de force musculaire, et, par conséquent, d'une dangerosité quasi insignifiante. Seulement voilà, désormais les femmes apprennent à s'affirmer de plus en plus et à se défendre (tant mieux, si c'est pour la bonne cause ! Trop de femmes sont encore agressées à l'extérieur ). Elles sont en effet de plus en plus nombreuses à pratiquer des sports de combat, tels que la boxe, le karaté ou les MMA ( mixed martial arts, arts martiaux mixes).

Les violences conjugales sont un moyen de prendre conscience que la vie à deux n'est pas si simple

Pour ces deux raisons, mais aussi, pour certains, dans le but de protéger leurs enfants et d'en conserver la garde, les hommes victimes d'une violence conjugale, restent souvent isolés et murés dans le silence. Ils en parlent moins et le déclarent moins.

Toujours selon l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, seulement 3 hommes sur 100 osent déposer plainte pour violence conjugale contre 10 femmes sur 100. C'est d'ailleurs une femme, Sylvianne Spitzer, qui a crée SOS Hommes battus en 2009,mais qui a malheureusement fermé ses portes en 2015. Il reste maintenant l'association CVP (Contre la Violence Psychologique) vers laquelle ils peuvent trouver une aide.

Les disputes, un fléau à travailler

Comment un homme et une femme, réunis à l'origine par un sentiment amoureux peuvent-ils en arriver là ? Les données sur les mobiles de la violence conjugale restent peu documentés. La principale source d'étude sur la question sont les chiffres donnés , chaque année, par le ministère de l'intérieur.

Ainsi, une étude nationale sur les morts violentes au sein du couple, rendue publique en 2013 par le ministère de l'intérieur, révèle qu'elles sont majoritairement liées à des disputes ou à un refus de séparation.

Cela corrobore l'analyse de Yvon Dallaire selon lequel les bases de la violence sont liées à des générant une grande souffrance au sein du couple. Il précise que pour faire reculer cette violence entre les deux partenaires, il est nécessaire de travailler ensemble sur cette " dynamique destructrice " qui consiste à fonctionner sur le schéma " un coupable, une victime ", souvent à l'origine de disputes à répétitions et d'incompréhensions mutuelles au sein du couple.

Il reste encore du chemin à parcourir pour que l'homme et la femme se rejoignent et se comprennent . Les violences conjugales sont un moyen de prendre conscience que la vie à deux n'est pas si simple, qu'elle demande un réel travail sur les notions aussi essentielles que le respect de l'un et de l'autre, la responsabilité de ses actes et de ses décisions. Ce qui tendrait bien à démontrer que l'amour ne relève d'une magie mais qu'il s'apprend. Comprendre que l'amour n'autorise pas tout, c'est déjà apprendre à aimer.

Belle réflexion les amoureux !

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