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Emmanuel Macron sous le sceau de l’Histoire

Publié le 14 juillet 2017 par Sylvainrakotoarison

" Nous savons désormais ce que coûte la liberté. " (Nice, le 14 juillet 2017).
Emmanuel Macron sous le sceau de l’Histoire
Beau ciel bleu, grand soleil pour ce vendredi 14 juillet 2017 à Paris comme à Nice. Décidément, tout sourit au Président de la République française !
Ce qu'on retiendra des deux journées des 13 et 14 juillet 2017, c'est une maîtrise très rigoureuse de la diplomatie française par le Président Emmanuel Macron. Point considéré comme faible lors de sa campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait déjà surpris dans ses précédentes "séquences" diplomatiques. Il a enfin remis la France dans la perspective de l'histoire. Alors que son prédécesseur François Hollande, trop prisonnier de l'immédiateté des événements, boudait tous les dirigeants étrangers dont la tête ne lui revenait pas (parfois avec des raisons justifiées), pour le résultat diplomatique nul que l'on sait, Emmanuel Macron a misé sur une extrême courtoisie de la forme couplée à une grande fermeté sur le fond. En clair, le contraire de la pratique de son prédécesseur.
Emmanuel Macron sous le sceau de l’Histoire
On se souvient que lorsque le Président russe Vladimir Poutine voulait venir le 19 octobre 2016 à Paris pour inaugurer la nouvelle cathédrale orthodoxe de la Sainte-Trinité (du même nom que la cathédrale américaine anglicane parisienne !), née d'un accord avec Nicolas Sarkozy le 7 juin 2007 à Heiligendamm, François Hollande s'était demandé publiquement s'il devait venir le saluer ou pas (à cause du veto russe du 8 octobre 2016 au Conseil de sécurité de l'ONU sur la Syrie). Finalement, Vladimir Poutine avait annulé le 11 octobre 2016 son voyage pour éviter tout incident diplomatique.
Emmanuel Macron, au contraire, a invité Vladimir Poutine sur les pas du tsar Pierre le Grand le 29 mai 2017 dans le prestigieux château de Versailles. Comment un Président français pouvait-il hésiter à saluer le Président russe en déplacement en France ? Vladimir Poutine a profité du voyage pour visiter enfin la nouvelle cathédrale orthodoxe. Cela ne fait que deux mois qu'Emmanuel Macron a pris ses fonctions mais on a l'impression qu'on est à des décennies de la pratique hollandienne de la fonction présidentielle.
Emmanuel Macron sous le sceau de l’Histoire
Quand Emmanuel Macron a lancé le 27 juin 2017 son invitation au Président américain Donald Trump à venir assister au défilé du 14 juillet 2017 sur les Champs-Élysées, il avait pris un certain risque, celui d'un refus. Mais Donald Trump, contesté dans son propre pays (son fils ayant reconnu avoir eu des contacts avec des Russes pour pourrir la campagne de l'ancienne candidate Hillary Clinton ; le 13 juillet 2017, un parlementaire démocrate a même déposé une demande d'impeachment contre Donald Trump), pouvait-il vraiment refuser le prestige français malgré tout le mal qu'il avait pu dire de la France et aussi de Paris ? Évidemment non. Dès le lendemain, le Président américain accepta l'invitation. Ce fut un honneur important de venir au défilé : le dernier Président américain en date à y être invité fut George WH Bush Sr en 1989, à l'occasion du Bicentenaire de la Révolution française (et il n'était pas le seul chef d'État à y être invité).
Emmanuel Macron sous le sceau de l’Histoire
Le jour même de son arrivée à Paris, ce jeudi 13 juillet 2017 (autoroutes coupées pour l'acheminer de l'aéroport à l'ambassade américaine), la Chancelière allemande Angela Merkel était, elle aussi, présente à Paris, reçu à l'Élysée par Emmanuel Macron et participant au 19 e conseil des ministres franco-allemand. En début d'après-midi, Angela Merkel a tenu une conférence de presse commune avec Emmanuel Macron mais a quitté Paris sans croiser Donald Trump, qui partagea plus tard une conférence de presse avec le Président français.
Après avoir quitté Angela Merkel, Emmanuel Macron a eu juste le temps d'aller aux Invalides pour accueillir le Président américain qu'il rencontrait donc pour la quatrième fois, après Bruxelles (Sommet de l'OTAN) le 25 mai 2017, Taormina (Sommet du G7) les 26 et 27 mai 2017 et Hambourg (Sommet du G20) les 7 et 8 juillet 2017 (toujours sur le seul européen). Et ce fut le faste historique de la France qui a accueilli le Président ex-business-man inculte assumé. Napoléon Ier et le maréchal Ferdinand Foch ont pris le relais de Pierre le Grand pour impressionner Donald Trump très attiré par le protocole militaire. Emmanuel Macron et Donald Trump, ainsi que leurs épouses, ont commencé à nouer des relations personnelles voire affectives qui n'ont rien de politiques mais qui pourront être une garantie de non rupture dans le futur.
Emmanuel Macron sous le sceau de l’Histoire
Il faut dire que Donald Trump et Emmanuel Macron, qui n'ont pas beaucoup de points communs dans leur personnalité, cultivent au moins deux similarités : la première, c'est qu'ils savent l'importance de l'esprit d'entreprise pour relancer l'économie d'un pays, et la seconde, c'est que personne, aucun observateur n'aurait misé un seul centime sur les chances des deux candidats de gagner l'élection présidentielle dans leur pays.
Ajoutons à cela un élément majeur de complicité : Emmanuel Macron parle anglais et peut donc discuter avec son homologue américain en dehors de toute formalité et protocole. À cet égard, on regrettera sans doute que le Président français parlât en anglais le 11 juillet 2017 à Lausanne pour soutenir avec Anne Hidalgo la candidature de Paris pour l'organisation des jeux olympiques en 2024 alors que le français était historiquement "la" langue olympique par excellence.
Emmanuel Macron sous le sceau de l’Histoire
Pendant que les épouses visitèrent la si emblématique cathédrale Notre-Dame-de-Paris avec le cardinal André Vingt-Trois (précisons que malgré les impératifs de sécurité, la cathédrale n'a pas été fermée à cette occasion et les touristes pouvaient donc toujours continuer à la visiter), puis embarquèrent dans une vedette pour voir la ville depuis la Seine, Emmanuel Macron et Donald Trump se sont retrouvés à l'Élysée pour le seul moment vraiment concret et sérieux des deux journées, un entretien seuls puis avec des représentants de la sécurité des deux pays. Le dîner au Jules-Verne, au deuxième étage de la Tour Eiffel, continuait l'entreprise de séduction auprès des époux Trump.
Enfin, le lendemain, c'était la totale avec le défilé du 14 juillet au cœur de la capitale française. Il a bien fallu trouver un prétexte à l'invitation française et à la participation américaine et ce fut le centenaire de l'engagement américain aux côtés des Français et des Britanniques dans la Première Guerre mondiale. Donald Trump pouvait être difficilement plus honoré au monde que ce 14 juillet 2017, place de la Concorde à Paris. Dans sa courte allocution après le défilé (c'est nouveau dans le déroulement de la journée du 14 juillet), Emmanuel Macron a surtout insisté sur l'amitié franco-américaine qui résisterait à tous les aléas diplomatiques éventuels. Au contraire de l'Allemagne ou du Royaume-Uni, les États-Unis n'ont jamais été en guerre contre la France.
Emmanuel Macron sous le sceau de l’Histoire
À la fin de la cérémonie parisienne, Emmanuel Macron a pris le temps de saluer et d'écouter les pupilles de la nation qui étaient invitées aux Champs-Élysées. Ce fut probablement l'élément décisif de sa victoire présidentielle : Emmanuel Macron, homme tactile, sait prendre le temps et écouter sincèrement ceux qui s'adressent à lui.
À peine Donald Trump fut-il parti qu'Emmanuel Macron s'est envolé vers Nice pour honorer de sa présence (et de la présence de nombreux ministres et autres officiels comme Gérard Larcher, François de Rugy, Jacques Toubon, et aussi les locaux Christian Estrosi, Éric Ciotti, Renaud Muselier, etc.) la cérémonie d'hommage aux 86 victimes de l'attentat de Nice du 14 juillet 2016. Parmi les présents, il y avait aussi au premier rang le prince Albert II de Monaco et les deux anciens Présidents Nicolas Sarkozy et François Hollande. En début de soirée, Emmanuel Macron a voulu rappeler que certains ont payé de leur vie le droit de vivre en démocratie et en paix : " Nous savons désormais ce que coûte la liberté. ".
On pourra toujours sourire ou même fustiger ce genre de cérémonie avec musique militaire, honneurs militaires, décorations, etc. Au-delà de la reconnaissance des autorités nationales, du besoin évident de faire le deuil de la part des proches des victimes, il y a aussi ce rituel républicain finalement à la fois nécessaire et attendu (si l'on croit les audiences des chaînes de télévision qui ont retransmis ces cérémonies, tant à Paris qu'à Nice), et Emmanuel Macron a montré qu'il s'y sentait très à l'aise, capable d'incarner, sans doute mieux que ses anciens concurrents (je songe notamment à François Fillon), la permanence de la France, de sa grandeur, dans l'histoire républicaine et, surtout, dans l'histoire du monde.
Ce sceau de l'histoire va conduire Emmanuel Macron à un autre devoir. Après avoir honoré Vladimir Poutine et Donald Trump, il serait bien inspiré d'honorer de la même manière, dans un autre cadre encore, Xi Jinping, le Président de la République populaire de Chine, même si ce dernier est déjà venu plusieurs fois à Paris, honoré notamment le 26 mars 2014 par François Hollande (qui a eu parfois de bonnes intuitions diplomatiques) d'un accueil similaire aux Invalides, et cela aussi malgré la mort du dissident chinois Liu Xiaobo, Prix Nobel de la Paix 2010, le 13 juillet 2017, sans avoir pu sortir de Chine, ni pour recevoir son Prix Nobel, ni pour se soigner.
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (14 juillet 2017)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Sous le regard de l'histoire.
Hommage d'Emmanuel Macron à Simone Veil le 5 juillet 2017 aux Invalides.
Hommage d'Emmanuel Macron à Helmut Kohl le 1er juillet 2017 à Strasbourg.
Discours de politique générale d'Édouard Philippe le 4 juillet 2017.
Discours d'Emmanuel Macron au Congrès de Versailles le 3 juillet 2017.
Audit de la Cour des Comptes du quinquennat Hollande (29 juin 2017).
Portrait officiel du maître des horloges.
François de Rugy au perchoir.
François Bayrou sycophanté.
Édouard Macron II : bientôt la fin de l'indétermination quantique.
Les Langoliers.
Forza Francia.
La Ve République.
La campagne des élections législatives de juin 2017.
Loi de moralisation de la vie politique (1er juin 2017).
Emmanuel Macron et la fierté nouvelle d'être Français ?
Richard Ferrand, comme les autres ?
Édouard Macron : d'abord l'Europe !
Édouard Philippe, nouveau Premier Ministre.
L'investiture d'Emmanuel Macron (14 mai 2017).
Programme 2017 d'Emmanuel Macron (à télécharger).
Le Président Macron a-t-il été mal élu ?
Qui sera nommé Premier Ministre en mai et juin 2017 ?
L'élection d'Emmanuel Macron le 7 mai 2017.
Macronités.
Ensemble pour sauver la République.
Débat du second tour du 3 mai 2017.
Emmanuel Macron sous le sceau de l’Histoire
http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20170714-macron.html


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