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Chroniques de l’ordinaire bordelais. Épisode 239

Publié le 16 juillet 2017 par Antropologia

GPS

Nous sommes arrêtés à un feu et la machine tarde à se mettre en route. « Tu prends à droite et après la rue Ste-Catherine tu tournes à gauche puis tu remontes la rue du loup jusqu’à Pey-Berland ! » Le feu passe au vert – je le lui signale mais il répond qu’il n’y a pas de voiture derrière – puis au rouge.

Je lui répète l’itinéraire mais par son silence il méprise la parole indigène et continue de trafiquer la machine. Je m’en agace. Le feu passe au vert puis au rouge. Elle peine à se mettre en route. De nouveau le feu passe au vert puis au rouge.

Enfin la technologie s’éveille et une voix féminine mécanique annonce : « Prenez à droite et tournez à la deuxième rue à gauche, au bout de la rue à  gauche. » L’indigène avait raison. La voix prend le contrôle de l’habitacle pour nous faire naviguer dans un environnement très familier. La concentration est maximale. Pas de conversation, juste le monologue métallique.

Fort heureusement, les indications s’espacent, libérant notre bavardage. Soudain, la voix stipule, alors que nous sommes dans une grande rue conduisant à la barrière St-Médard, « A 300m, continuez tout droit. » Nous sourions du détail superflu.

Il me dit d’un ton un peu docte : « Nous arriverons à 12h09 ». C’est le GPS qui l’indique et en ce premier jour de vacances, je trouve l’information saugrenue et cette dépendance à la technologie pour le moins étrange…

L’utilité de la machine m’apparaît dans les derniers hectomètres, lorsqu’il s’agit de trouver la rue dans cette « zone pavillonnaire ». D’autant que j’ai omis d’imprimer la « Google map »…

Nous roulons au ralenti dans l’allée de nos hôtes et je consulte l’horloge : 12h09. Diabolique machine, qui a fini par me convaincre…

Colette Milhé



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