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Ses deux commissaires, la plasticienne Linda Fregni Nagler qui enseigne la photographie à l’Accademia di Brera à Milan et Cristiano Raimondi responsable du développement et des projets internationaux au NMNM, ont réuni quelque 400 œuvres d'Hercule Florence, dessins et manuscrits dont la plupart proviennent de la collection C.H. Florence - Leila et Silvia Florence, à São Paulo. Mais aussi notamment du musée du Quai Branly à Paris, de la Bibliothèque de Genève et du musée Nicéphore Niépce de Chalon-sur-Saône. C'est le résultat de cinq ans de travail et la première fois qu'on peut voir en Europe ces pièces. "Une œuvre qui n’a jamais été montrée et présentée dans son intégralité", souligne Cristiano Raimondi.
Une vie bien romanesque que celle d'Antoine Hercule Romuald Florence, né le 29 février 1804 à Nice et qui avait des attaches monégasques par sa mère. Embarqué à Toulon comme apprenti matelot, il débarque le 1er mai 1824 à Rio de Janeiro, travaille dans un atelier de typographie et une librairie. Il participe ensuite comme dessinateur à l’expédition scientifique du baron Georg Heirich Langsdorff, consul général de Russie à Rio de Janeiro. Expédition financée par le tsar Alexandre Ier, qui le mènera à travers maintes difficultés dans le Mato Grosso et l'Amazonie. La maladie et la folie décimeront nombre de ses compagnons de voyage. Lui reviendra à Rio le 13 mars 1829 avec des quantités de dessins de plantes, animaux et aussi d'Indiens de différentes tribus. Les documents rapportés de l’expédition furent envoyés à l’Académie des sciences de Saint-Pétersbourg où on les oublia pendant des décennies.
En 1830, Hercule Florence épouse la Brésilienne Maria Angélica et s’installe à São Carlos, actuellement Campinas, près de São Paulo. Il se consacre alors à la réalisation de ses projets d'invention. Et ils sont nombreux… En particulier, un système de notation musicale des chants d'oiseaux qu'il appellera la zoophonie. Puis ce seront la pulvographie et la polygraphie, nouvelle technique d'impression qui lui servira pour les tissus de son magasin. Ou bien encore la noria hydrostatica, le papier inimitable, l'ordre "palmien" qui devait s'ajouter aux autres ordres d'architecture. Sans oublier l'Atlas pittoresque des ciels destiné à fournir des modèles aux peintres.
En 1833, avec un voisin pharmacien, il effectue diverses expériences dont une le 15 janvier avec des nitrates d’argent qui aboutira à la photographie, comme il le notera dans son journal de ce jour-là. Au même moment en Europe, on menait les mêmes recherches qui devaient conduire au même résultat. Il est le premier à avoir utilisé le terme "photographie", le 22 octobre 1833 dans son journal. Cinq ans donc avant la date officielle de l’invention de la photographie, le jour de la présentation par Arago à l’Académie des sciences de l’invention de Daguerre le 7 janvier 1839. Devenu veuf, Hercule Florence épouse en secondes noces Carolina Krug, une émigrante allemande de Kassel, laquelle s'impliquait activement dans la cause des femmes et de l'éducation. Il achète une fazenda à Amparo, à proximité de Campinas et y cultive du café avec un de ses fils. En 1874, il a la satisfaction de se voir attribuer par l’Exposition internationale de la ville de Marseille le premier prix pour sa polygraphie. En 1877, il est accepté à l’unanimité comme membre correspondant de l’Institut historique géographique et ethnographique du Brésil. Il meurt le 27 mars 1879 à Campinas. En 2005 un de ses lointains et nombreux descendants Francisco A. Florence Neto déclarait: "Hercule fut, principalement, artiste, aventurier, scientifique, et inventeur".
Ces dessins et les manuscrits d’Hercule Florence, dont la première copie photographique de l’histoire des Amériques sont réunis pour la première fois dans cette exposition de la Villa Paloma. On ne reste pas indifférent devant une pièce particulièrement intéressante et même émouvante, le passeport délivré à Hercule Florence par la police générale de la Principauté de Monaco le 31 juillet 1823. Sont aussi présentées des œuvres commandées pour l’exposition à des artistes tels que les Brésiliens Lucia Koch et Leticia Ramos et Daniel Steegmann Mangrané ainsi que l'Allemand Jochen Lempert. Ils établissent une relation entre leur pratique et d’autres disciplines telles que la biologie, l’histoire, l’histoire des techniques et la météorologie.
Le 3 juillet 2017, à Paris, lors d'une conférence à la Société française de photographie associée à la Fondation Calouste Gulbenkian, était présenté le livre de Boris Kossoy "Hercule Florence, La découverte isolée de la photographie au Brésil", paru en 2016 aux éditions l’Harmattan. L'ouvrage était paru en portugais en 1976 au Brésil. Dans ces années-là, l'architecte Boris Kossoy, professeur titulaire à l’École de Communication et d’Arts de l’Université de São Paulo, écrivait des chroniques sur la photographie dans un journal de la ville. Son attention fut attirée par un ensemble de documents appartenant à un certain Hercule Florence, réunis par un de ses descendants. Y étaient consignées ses nombreuses expérimentations.
Dans un registre un peu plus romancé, on peut signaler "Les trois vies d'Hercule Florence" du Niçois William Luret paru en 2001 chez Jean-Claude Lattès.
Le 4 novembre 2005, un colloque s'était tenu au Théâtre de la photographie et de l'image de Nice, il en subsiste les "Actes du colloque Hercule Florence".
En 2006, dans le numéro 30 des Annales monégasques William Luret avait écrit un article "De Monaco au Brésil: Hercule Florence, voyageur et inventeur oublié".
NMNM / Villa Paloma, 56, boulevard du Jardin Exotique, Monaco. Tél: +377 98.98.48.60
Tous les jours de 10 à 18h, jusqu'au 24 septembre 2017