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Forever Young

Publié le 25 juillet 2017 par Concentredebonheur @SophieMachot

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La route fut longue. Près de six heures. En temps normal, nous aurions mis quatre heures pour arriver à Six-Fours-les-Plages. Mais là, ce n’est pas un temps « normal ». C’est le temps des vacances. Et pas n’importe lesquelles: les grandes vacances ! En ce 24 juillet, l’autoroute du Soleil est « The place to be ». Alors deux heures de bouchons, c’est juste le prix à payer pour gagner notre paradis. Et puis finalement rouler comme un escargot, c’est exactement ce qu’il faut à Deudeuche, notre vieille 2CV bleue à grosses fleurs seventies. Cahin-caha elle nous a menée ici, dans ce pays de Cocagne où tout n’est qu’abondance.

Deudeuche déborde de partout et de tout. Valises, rabanes, parasol, cannes à pêche, bateau pneumatique bleu et jaune, serviettes de plage, pelle, seau, râteau, méduses en plastique (dont la fonction reste encore à déterminer), espadrilles, bobs moches, brassards Goldorak, monoï, glacière remplie d’oeufs durs, de salades de riz tuperwarisées, de sachets à épices pour paëlla, de semoule pour couscous. Mais elle déborde surtout de rires, de râleries, d’engueulades, de surexcitation et d’amour. Elle est pleine à craquer de bonheur.

Dans mon walkman, « Forever young » d’Alphaville résonne en stéréo. Je cherche à tâtons mes Kickers. Elles ont dû glisser sous le siège de papa. J’adore mes sandales. Elles sont rouges avec une fleur blanche sur le dessus.

Un virage puis un autre. Le nez au vent, j’aspire entièrement la forêt de pins. Au loin, je devine le majestueux fort de Six-Fours. Il se découpe dans la lueur d’une lune généreuse. Son apparition est le signal que tout commence. Enfin ! Je pense à mes cousines qui arriveront le lendemain, à ce verre d’antésite glacé qui m’attend, à cette part de mouna que je goberai d’une seule bouchée. Et puis, il y a cette voix qui chante la vie, la voix de mémé Alfonsine et ces sempiternels « Aïaaa ma fiiille, poh poh poh, aousque que tu cours comme ça que tu vas avoir le rouge qui va te monter à la figure ». Un inimitable mélange de Pataouète et de Provence.

Un dernier virage et voilà son visage qui apparait. Mémé Alfonsine est accrochée à son rideau de cuisine. Très certainement depuis des heures. A nous attendre, morte d’inquiétude, comme toujours. Ses yeux s’embrasent. « Eugène, ils sont là ! Ils sont arrivés ! »

« Tout va bien, Sophie ? Tu veux un autre café ? »

Je sursaute. Devant moi, Jordan le serveur de l’Eden où je suis attablée depuis ce matin. Face à moi, la plage de Six-Fours.

Nous sommes le 24 juillet 2017. « Forever young » d’Alphaville vient de passer à la radio. Instantanément, j’ai été propulsée à l’été 1984. Le corps a une mémoire émotionnelle. La puissance de l’ancrage me fascine.

Mais mon coeur se serre. L’éternité n’est plus. Pépé et mémé non plus. Une vie s’est écoulée et l’insouciance et la légèreté de cette époque se sont envolées. Je réalise alors combien nous étions privilégiés d’être jeunes dans ces années-là. Aujourd’hui, tout me semble si différent et pourtant si familier

Je suis devenue maman à mon tour. Et je me demande: « Qu’avons-nous offert à notre fille comme trésors d’antan , comme souvenirs ? Quelle chanson symbolisera son enfance ? Quelles émotions l’habiteront jusqu’à la fin de ces jours ? A-t-elle, en elle, cet instant d’éternité ? »

Un ballon roule à mes pieds. Je l’attrape. Bob l’éponge me sourit. Je lève les yeux et aperçoit le regard inquiet d’un petit garçon. L’espace d’un instant, nos vies se confondent. Les frontières du temps s’effacent.

Je lui fais un clin d’oeil et lui sourit. Son visage s’illumine. Et d’un rire joyeux, il m’invite à lui lancer le ballon le plus loin possible. Je m’exécute. Il détale bientôt suivi de sa horde de copains. Peut-être ses cousins ?

Oui, l’éternité existe bel et bien. Elle est là, présente en chacun de nous. Au coeur de nos plus beaux souvenirs. Ceux du passé et ceux à venir.

Forever Young, I want to be forever young. Do you really want to be forever. Forever and ever.

Passez un  bel été mes Lect’Ors !


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