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De son Algérie natale à son arrivée en France pour suivre des études scientifiques à l’Université Pierre et Marie Curie à Paris, Réda Seddiki raconte à travers son spectacle son rapport aux deux pays, ses coups de cœur et ses difficultés. Il vous fait voyager et aborde des sujets autour d’une série de préoccupations importantes avec un humour intelligent et poétique. Courez voir son spectacle touchant et sincère!
C’est votre premier Festival d’Avignon OFF, comment se déroule-t-il?
"Le Festival d’Avignon est un véritable volcan et je n’ai jamais vécu ça. C’est un véritable test artistique. Tout le théâtre français est là et c’est étonnant de voir tous ces jeunes artistes passionnés par l’écriture et le théâtre. Nous essayons tous de nous en sortir et cette solidarité humaine et artistique me touche beaucoup. Il y a plus de 1.000 compagnies de théâtres qui souhaitent exister. Lorsque je croise d’autres artistes dans la rue, nous prenons le temps de discuter et je rencontre vraiment des personnes qui m’inspirent. Il y a tellement de pièces à voir, un grand merci à Jean Vilar pour la création d’un tel événement! Par ailleurs, l’équipe du Festival OFF et le théâtre de la tache d’encre m’ont bien accueilli, le site internet du OFF est très pratique et l’organisation est parfaite".
Dans quel état d’esprit vous trouvez-vous à une semaine de la clôture du Festival?
"Je suis au maximum tous les jours depuis le début du festival qui a commencé le 7 juillet 2017, et malgré l’épuisement physique, la passion pour le théâtre l’emporte et le partage avec les spectateurs me redonne de l’énergie".
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes artistes débutants pour la prochaine édition du OFF?
"Même si le réseau artistique est important, les maîtres-mots sont passion et patience. Si on est passionné, on aimera toujours ce que l’on fait. La fatigue morale peut être pesante mais avec la passion, tout est possible. Comme ma mère le dit souvent: "Même si parfois, c’est difficile, il faut toujours qu’il y ait de la passion dans un couple". Avec mon spectacle, c’est la même chose".
Dans votre spectacle "Deux mètres de liberté" mis en scène avec votre directeur artistique Gérard Sibelle, vous évoquez la désillusion de cette France idéalisée. Quand a-t-elle commencé?
"Quand je suis entré dans le monde du travail, j’ai découvert la France qui paie des impôts, la France qui marche aux antidépresseurs, la France qui vote, la France stressée. La désillusion m’a fait voir une autre réalité. J’ai été déçu mais je suis passé d’un amour rêveur à un amour lucide. Malgré tout, mon amour est encore plus fort. Je suis tombé amoureux de la France et de sa culture. Pour moi la France est comme une femme, j’aime la chanson de Ben Mazué "Peut-être qu’on ira loin", dans laquelle il dit... "j’ai pas peur de l’ennui, je prends quand même… parce qu'il y aura jamais plus belle que toi, parce que je trouve ça beau moi, une femme qui fane à mon bras…". Ce n’est pas parce qu’on est déçu que l’on n’aime plus. Je ne voulais pas devenir aigri et c’est là que j’ai éprouvé le besoin de m’ouvrir sans me battre contre les autres et de faire découvrir ma culture".
Quels retours recevez-vous de votre public français et de votre public algérien?
"Je suis ému à chaque représentation et je reçois souvent des hommages de la part de mon public français, étonné de mon amour pour la France. Quelque part, je les rassure. Un spectateur m’a dit un jour: "Vous êtes ici chez vous". Faire voyager mon public et sortir des clichés habituels sont très importants pour moi. J’essaie de transmettre, à travers ce spectacle citoyen, utile et sociétal, tous mes sentiments dans leur intégrité comme je l’ai fait quand je l’ai écrit. Quelque part, c’est le peuple français qui m’a encouragé à écrire.
En juin 2017, j’ai joué en Algérie dans de grandes salles comme le Bastion 23, aussi appelé Palais des Raïs, aménagé pour l’occasion, devant près de 500 personnes. L’accueil était incroyable et fabuleux. Une personne m’a dit: "Aujourd’hui, un vent de liberté a soufflé au dessus du palais…". Dans mon spectacle, je traite de tous les sujets, de politique, de religion…On a parfois peur du tabou mais je me sens libre de parler de tout. J’aime donner de l’espoir. Le public algérien sait que je suis parti mais que je n’ai pas oublié mon pays. Je veux également montrer à la jeunesse algérienne que tout est possible malgré son pessimisme. Je dis aussi des choses sur la France que les Algériens ignorent en leur faisant découvrir cette expérience culturelle à travers mes anecdotes. Il y a du fond dans mon spectacle et j’ai en quelque sorte un rôle de messager pour briser des tabous que certaines personnes n’osent pas évoquer. A travers mon spectacle, je veux avant tout désamorcer ces tabous avec humour".
Quels sont vos projets après le Festival d’Avignon?
"Mon spectacle est prolongé au théâtre de la Nouvelle Seine à Paris jusqu’en décembre 2017 et j’ai également des dates prévues en Algérie. Vous trouverez toutes les dates sur ma page Facebook. Je pense déjà à la programmation 2018-2019 et on m’a également parlé de cinéma mais je veux faire grandir ce spectacle et aller au bout de l’aventure..."