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Un endroit d'où partir : 3. Une lettre et un cheval, d'Aurelia Jane Lee

Publié le 26 juillet 2017 par Francisrichard @francisrichard
Un endroit d'où partir : 3. Une lettre et un cheval, d'Aurelia Jane Lee

Un endroit d'où partir 3. Une lettre et un cheval est paru ce printemps, suite et fin de la trilogie dont les deux premiers volumes sont parus l'an passé. Le lecteur y retrouve son héros, devenu familier, Juan Esperanza Mercedes de Santa Maria de los Siete Dolores, avec quelques années de plus au compteur.

Ce héros est à la fois charismatique et misanthrope. Il plaît parce qu'il a du charme et qu'il est bel homme, mais il ne reste pas en place et les lieux où il s'installe un moment s'avèrent très vite des endroits d'où il repart et prend la fuite, ce qui ne laisse pas de troubler, voire de blesser, celles et ceux qu'il aime.

Cette vie d'errance, la plupart du temps pas vraiment volontaire, lui réserve bien des surprises. Car, malgré qu'il en ait, elle le ramène toujours, par on ne sait par quel pouvoir d'attraction, vers les mêmes personnes, les mêmes lieux, et, plus subtilement encore, vers les mêmes illusions, les mêmes faux-pas...

Dans ce volume Juan, le peintre, qui lit et qui écrit, vit pendant sept ans d'affilée dans le voisinage de Rafael, son ami, l'ermite et le musicien itinérant. Ce sont des années d'apaisement, pendant lesquelles ils philosophent ensemble et tentent de se transmettre le savoir-faire de leur art respectif.

De cet endroit, après cette trêve, Juan part avec son cheval, Caballo, à plusieurs reprises: il reverra ainsi fortuitement Don Isaac, Remedios et Clara; il reverra d'autres parmi les siens à la suite d'une lettre écrite à Mercedes, qui rompt un long silence et dont les conséquences seront imprévisibles.

Dans ce volume, le lecteur fait plus ample connaissance avec sa personnalité complexe: Juan était plutôt un homme romantique, à sa façon, qui croyait à l'amour - pas un de ces cyniques qui n'y accordent aucun crédit -, qui le prenait tellement au sérieux qu'il créait des drames, dans lesquels il s'empêtrait lui-même:

Ce n'était pas ce qu'on appelle un peu vulgairement un coureur de jupons. Il ne se moquait pas des femmes, au contraire. Il avait tendance à les aimer trop.

En vieillissant les questions religieuses le laissent rarement tranquille: sur ce point, il était sans cesse en recherche et il finissait par croire que la foi n'était au fond rien d'autre que cette incessante inquisition, jusqu'au tréfonds de son âme, que tout homme entreprend un jour ou l'autre et durant plus ou moins longtemps.

Cette personnalité n'a-t-elle pas été le révélateur pour les femmes qu'il a aimées? Car elles ont toutes, après l'avoir perdu, trouvé une nouvelle voie, souvent plus juste, mieux accordée à ce qu'elles étaient dans leur âme. Leurs points de rupture avec lui ne sont-ils pas devenus finalement, comme pour lui, des endroits d'où partir?

Francis Richard

Un endroit d'où partir 3. Une lettre et un cheval, Aurelia Jane Lee, 352 pages Éditions Luce Wilquin

Volumes précédents:

Un endroit d'où partir 1. Un vélo et un puma (2016)

Un endroit d'où partir 2. Une vierge et une cuillère en bois (2016)


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