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Les rapports s’accumulent et s’empoussièrent

Publié le 27 juin 2008 par Magazinenagg
Dans sa chronique, Donald Charette dénonce la multiplication des rapports qui s’empoussièrent sur une tablette.
Faut-il s’en surprendre?
C’est le propre des gouvernements d’adopter sans délais les rapports qui proposent de nouveaux programmes ou des augmentations de dépenses et de « tabletter » ceux qui recommandent de réduire les dépenses ou d’abolir des programmes inutiles et nuisibles.
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La chronique de Donald Charette
Donald Charette, Le Journal de Québec, Mise à jour: 31/03/2008 10:42
Le royaume du rapport
Le Québec est sans doute le royaume du rapport, et cette tendance s'est accentuée avec le gouvernement Charest.

Lors du dernier conseil national du Parti québécois, Pauline Marois a brandi une donnée assez significative : le gouvernement libéral a demandé depuis 2004 pas moins de 23 rapports ou commissions pour l'aider à prendre des décisions judicieuses. Elle y voyait la preuve de l'immobilisme gouvernemental. Vérification faite, on en dénombre effectivement plus de 20 en date du mois de février et d'autres ont pu naître depuis.

Certaines de ces commissions, groupes de travail, comités, etc. ont eu des suites réelles alors que d'autres, visiblement, n'ont servi qu'à acheter du temps. La commission Johnson (octobre 2006 à octobre 2007) sur l'effondrement du viaduc de la Concorde est l'une des plus connues et des plus efficaces, ses recommandations ont été rapides (un an) et ont été mises en application. Il faut souligner qu'il y avait mort d'hommes et qu'une véritable psychose s'était emparée des citoyens inquiets qui s'étaient mis à zieuter les infrastructures routières. S'il avait fallu qu'une autre structure tombe, le gouvernement n'aurait pu se relever.

La Commission Bouchard-Taylor a permis d'étouffer la crise des accommodements raisonnables. Lancée en février 2007, elle devrait accoucher de ses recommandations incessamment. Dans la catégorie des rapports qui servent à gagner du temps il faut ranger le rapport Castonguay sur le financement des soins de santé. Le ministre Philippe Couillard s'est empressé d'émasculer le groupe de travail de toute recommandation impopulaire et coûteuse pour le contribuable, ne conservant que la partie sur les gains de productivité. Le rapport Castonguay reprenait le bâton du pèlerin là où le rapport Ménard (un autre !) l'avait laissé deux ans plus tôt en 2005.

Le gouvernement Charest avait l'occasion de faire une petite révolution, il a opté pour la gestion tranquille en pelletant en avant les solutions draconiennes.

Le rapport Coulombe dans le secteur forestier a conduit à une réduction de 20 % de l'offre forestière.

En 2004, le gouvernement Charest annonçait la création d'un groupe de travail sur les organismes gouvernementaux qui devait faire une grande rationalisation. Il serait bien mal aisé d'identifier un seul conseil, régie, département aboli ou regroupé. La même année, le mandat était donné à un groupe de travail d'intégrer les services de première ligne à la structure de Services Québec, les résultats tardent à venir.

Le rapport du groupe de travail sur les aides fiscales aux régions ressources a été déposé, mais plusieurs recommandations ignorées. En agriculture, le rapport Pronovost a été salué de tous, sauf de l'UPA dont le monopole était mis en cause. Le ministre Laurent Lessard a formé un groupe pour analyser les conclusions du rapport... La ministre Marguerite Blais a mené une consultation sur la condition des aînés et le rapport suggère d'injecter 500 M$ dans un virage à domicile. Hormis quelques millions saupoudrés, rien n'a été fait, faute d'argent.

Groupes de travail sur Télé-Québec, la SODEC, l'accès des immigrants aux professions règlementées, la sécurité des piscines résidentielles, le cinéma, le gouvernement ne manquera pas de pistes de solutions, pour peu qu'il veuille intervenir et qu'il en ait les moyens. Un rapport, très attendu celui-là, sur la tarification gouvernementale. On chuchote qu'il fera mal, s'il passe, bien sûr, l'épreuve du Conseil des ministres.

Le gouvernement Charest a appris à bouger rapidement sur les sujets chauds, les bagarres au hockey par exemple, quitte par la suite à référer tout cela à un comité, à retarder les décisions ou, pire, à ignorer les solutions qui font mal (par exemple récupérer deux points de TPS libérés par Ottawa). Visiblement, ce style plaît aux électeurs et les libéraux cartonnent dans les sondages. Certains croient que Jean Charest pourrait être tenté par des élections hâtives, au printemps ou à l'automne, après le Sommet de la Francophonie. Peut-être qu'un comité s'en occupe déjà.

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