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Alex Salmond : « L’Écosse a voté pour rester au sein de l’Union »

Publié le 31 juillet 2017 par Jyletouze
Ouest-France, 29 juillet 2017

Alex Salmond sera au Festival interceltique qui célèbre l’Écosse du 4 au 13 août.

Alex Salmond sera au Festival interceltique qui célèbre l’Écosse du 4 au 13 août.


Recueilli par Christian GOUEROU.

L’ancien Premier ministre d’Écosse de 2007 à 2014, et ex-leader du Parti écossais (SNP) de 2004 à 2014, pense que Londres doit associer Édimbourg aux négociations du Brexit. Alex Salmond donnera une conférence ouverte au grand public, le lundi 7 août à 14 h, au Club K Moustoir, à Lorient, sur le thème de "Entre Brexit et indépendance, quelle place pour l’Écosse dans l’Europe de demain ?".

Entretien

La majorité des Écossais a voté contre le Brexit. Pensez-vous que l’Écosse arrivera à s’inviter dans les négociations entre Londres et Bruxelles ?
Il est tout à fait clair que le gouvernement écossais de même que le gouvernement gallois devraient être parties prenantes dans les négociations à venir. Les dernières élections l’ayant affaibli, le gouvernement de Londres va sans doute être obligé d’associer directement Édimbourg aux discussions. Nous n’en sommes qu’au tout début des négociations et déjà la position de Westminster est des plus inconfortables. Le Financial Times titrait il y a peu sur l’humiliation que va subir le gouvernement de Westminster face à l’UE. Dans ces conditions, Londres doit tenir compte des positions des autres parties prenantes au sein du Royaume-Uni dont en premier celles de l’Écosse qui a clairement voté pour rester au sein de l’Union européenne. Le but premier du gouvernement écossais dans ces conditions est d’éviter au maximum les dégâts qu’occasionnerait un Brexit tel qu’imaginé par Londres.
La coalition entre Theresa May et le Parti unioniste démocrate (DUP, conservateur protestant) est-elle un mauvais signe pour vous ?
Cet accord entre Theresa May et les unionistes nord-irlandais souligne la situation désespérée où se retrouve le gouvernement de Londres, obligé de promettre un milliard de livres pour obtenir les voix du DUP, ce qui a paru injuste aux yeux des autres nations du Royaume-Uni. Par ailleurs, cette alliance entre Londres et un des partis nord-irlandais va à l’encontre des accords du Vendredi saint qui stipulent la neutralité du gouvernement britannique. Le problème de la frontière entre l’Irlande du nord et la République d’Irlande est l’un des points majeurs de négociation mis en avant par l’Union européenne : sur ce sujet, la position de Londres et des unionistes est différente et cette alliance circonstancielle ne va pas faciliter l’élaboration d’une solution acceptable par les Irlandais.
Suite à l’échec du référendum écossais, quelle stratégie pour obtenir l’indépendance à moyen ou long terme ?
La question d’un second référendum ne relève pas d’une actualité immédiate mais le Brexit va le remettre à l’ordre du jour beaucoup plus vite que prévu. Juste un point d’histoire : quand j’ai été élu pour la première fois en 1987, nous n’étions que 3 députés SNP, aujourd’hui malgré la perte de plusieurs sièges récemment, nous avons 35 députés ; notre Parlement a été rétabli, le gouvernement écossais est dirigé par le SNP et le soutien pour l’indépendance est bien plus large qu’auparavant. Les conditions sont réunies pour la tenue d’un second référendum. Quand ? La Première ministre Nicola Sturgeon a été parfaitement claire : il est probable que le Brexit va nous conduire dans une situation difficile et il est vital pour l’Écosse de garder ses liens avec l’Union européenne. Si le Brexit porté par Londres met en cause ces liens, il est de notre devoir de proposer aux Écossais de se prononcer sur notre indépendance.
Bruxelles soutient Madrid dans le bras de fer avec la Catalogne : le ton de l’UE à l’égard des indépendantistes catalans vous déçoit ?
L’Union européenne est là pour promouvoir les valeurs qui ont conduit à sa création, la démocratie et les droits de l’homme. Les officiels de Bruxelles n’ont pas vocation à prendre des positions pro ou anti Catalogne, ni à s’ingérer dans les affaires intérieures des États membres, si ce n’est à défendre le principe de démocratie, le vote démocratique, les processus démocratiques non-violents, ce qui est l’essence même de l’Union européenne. Il faut faire attention : l’Union européenne ne doit pas sacrifier ses principes au nom des intérêts des plus grands états-membres.

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