La baisse des aides au logement devait aboutir à exclure 50 000 bénéficiaires. Après un tollé et un rappel à l’ordre du président, le gouvernement a revu sa copie.
Et un rétropédalage de plus pour le gouvernement. Après avoir adopté des postures de matador pour rejeter les critiques contre la baisse de 5 euros des aides personnalisées au logement (APL), Jacques Mézard, le ministre de la Cohésion des territoires, a fait marche arrière mercredi soir sur un des points de sa mesure, en décidant d’abaisser le seuil à partir duquel ces aides peuvent être versées. Jusque-là, ce seuil était fixé à 15 euros. Quand le montant des aides calculées pour un locataire était inférieur à cette somme, elles n’étaient pas versées. Désormais, la limite basse est fixée à 10 euros. Ce réajustement, en apparence technique, est politique. Avec un seuil à 15 euros, la baisse du montant des APL aurait pu aboutir à l’exclusion de 50 000 bénéficiaires. Pour ceux qui se retrouvaient ainsi privés de toute aide pour se loger, le manque à gagner pouvait atteindre jusqu’à 228 euros annuels. La décision de remonter le seuil, prise in extremis, permet d’éviter ces milliers d’exclusions que l’exécutif a négligées quand il a décidé de faire des économies en réduisant le montant des APL.
Une économie sur le dos des plus pauvres
« La baisse de 5 euros n’a jamais été pensée comme une méthode pour exclure les personnes ayant droit à une allocation inférieure à 20 euros », a expliqué le service de communication du ministère de la Cohésion des territoires dans un mail personnalisé envoyé à l’Humanité. L’exclusion simple et arbitraire de 50 000 bénéficiaires des allocations aurait été une pierre de plus dans le jardin de l’équipe Macron. Déjà, sa décision de retirer 5 euros aux bénéficiaires des APL avait suscité une volée de bois vert. Nombre de commentateurs avaient fait le parallèle entre cette économie budgétaire sur le dos des plus pauvres et les milliards d’euros de cadeaux fiscaux faits aux catégories les plus aisées, écornant l’image du gouvernement et du président Macron. Toujours sensible à la communication, le chef de l’État semble avoir pris conscience des effets dommageables de cette mesure. Selon le Canard enchaîné, il l’aurait qualifiée devant ses équipes de « connerie sans nom ».