On sait maintenant que le cannabidiol (CBD), un des 2 principaux agents actifs du cannabis a un effet anticonvulsivant dont l'efficacité a été documentée à la fois chez l'animal modèle d'épilepsie puis chez l'Homme. Cette étude ouverte menée par une équipe de l'Université de l'Alabama à Birmingham confirme son intérêt thérapeutique en cas d'épilepsie réfractaire, chez les enfants et les adultes atteints. Ces données, présentées dans Epilepsia, la revue de la Ligue internationale contre l'épilepsie (ILAE), expliquent, pour la première fois, comment le CBD interagit avec les antiépileptiques couramment utilisés.
L'étude menée auprès de 39 adultes et 42 enfants atteints d'épilepsie difficile à contrôle par médicaments, suggère qu'un traitement neurologique expérimental dérivé du cannabis modifie en fait le taux sanguin des antiépileptiques couramment utilisés. Cette interaction médicamenteuse serait donc désormais à considérer. Car tous les patients épileptiques prennent généralement des médicaments contre les crises. Ici, les participants, sous traitement antiépileptiques ont également reçu cette thérapie expérimentale à base de CBD. Les chercheurs ont mesuré le taux sanguin des autres médicaments pour voir s'ils étaient modifiés avec la thérapie expérimentale.
Le cannabidiol interagit avec les autres antiépileptiques : L'équipe constate en effet des changements significatifs dans les niveaux des agents actifs avec les traitements,
-par clobazam, son métabolite actif N-desmethylclobazam, par topiramate et par rufinamide chez les adultes et les enfants,
-par zonisamide et l'eslicarbazépine chez les adultes.
-Sauf pour le clobazam / desmethylclobazam, ces taux de médicaments ne sont pas modifiés au-delà des limites normalement acceptées.
-Les participants sous valproate (Dépakine®) et CDB présentent des niveaux plus élevés d'aspartate aminotransferase (AST) et d'alanine aminotransferase (ALT) suggérant des modifications de la fonction hépatique : en effet, trop élevés, les niveaux de ALT et AST indiquent une fonction hépatique anormale, mais cette élévation significative ne s'est produite que chez un nombre très restreint de participants (4 enfants et 1 adulte). De plus ces niveaux reviennent à la normale après l'arrêt du valproate et de la CDB.
Ainsi, si l'interaction entre CBD et le clobazam était déjà établie dans la littérature, ces nouvelles données montrent les interactions possibles du cannabidiol avec les autres anticonvulsifiants. Ces premiers résultats soulignent l'importance de surveiller les taux sanguins de médicaments antiépileptiques ainsi que la fonction hépatique en cas de prise de cannabidiol.
Il faut considérer le cannabidiol, concluent les auteurs, comme un médicament qui comme les autres antiépileptiques peut avoir des interactions avec d'autres médicaments.