Gide André, Paludes, Paris, Le livre de Poche, 1968 (1895).. 149 p.
Il peut sembler ridicule de désigner ainsi en 2017 un roman publié en 1895, Paludes de Gide. Aussi vais-je me consacrer à justifier mon titre.
Son objet consiste en un mot Paludes passablement énigmatique même si la page 69 nous donne une espèce de définition : « c’est l’histoire d’un terrain neutre, celui qui est à tout le monde… – mieux : de l’homme normal, celui sur qui commence chacun ; -l’histoire de la troisième personne, celle dont on parle – qui vit en chacun et qui ne meurt pas avec nous. – Dans Virgile, il s’appelle Tityre. » Comprenne qui pourra sauf qu’il s’agit aussi du nom du roman qu’écrit l’auteur qui parle à la première personne. Il ne peut donc accéder qu’aux autres, personnes, paroles et textes.
Dès lors, comment rendre compte de ces interrelations alors que « les événements racontés ne conservent pas entre eux les valeurs qu’ils avaient dans la vie » (p.45) ? En outre, « l’acte comme il faut responsable, c’est l’acte libre » (p.75) dans la « contingence » (p. 69). Dès lors, l’homme moyen, pardon normal (p.76, 77), (moyen, c’est Durkeim) n’existe pas : « est-ce que je fais de la statistique? » (p. 80).
Cette « sotie » c’est-à-dire « satire sociale ou politique » écrite à la première personne, refuse tout regard extérieur, tout objet posé a priori pour enregistrer, d’un seul point de vue, les relations aux autres. Elle présente il y a plus d’un siècle quelques questions soulevées par la phénoménologie et que nous rencontrons aujourd’hui en anthropologie.
- Traimond