Midnight, Texas est une nouvelle série de dix épisodes diffusée depuis la fin juillet sur les ondes de NBC aux États-Unis et Global au Canada. Le titre fait référence au lieu où décide de s’isoler le voyant Manfred Bernardo (François Arnaud) qui est pourchassé par des créanciers. Ayant la capacité de converser avec les morts, son aide est très utile par exemple lorsque l’on retrouve le corps d’une jeune femme de la communauté noyé dans une rivière. Mais ce n’est là qu’une partie des phénomènes étranges, pour ne pas dire surnaturels qui se produisent à Midnight et le protagoniste s’allie rapidement avec d’autres marginaux possédant certains pouvoirs. La série est une libre adaptation du roman éponyme de l’auteure Charlaine Harris, celle qui a aussi inspiré l’œuvre télévisuelle True Blood d’HBO. Justement, Midnight, Texas ressemble davantage un fourre-tout de ce qui s’est déjà fait ailleurs récemment. Mais avec les restrictions qui s’imposent aux networks et un manque d’objectifs clairs, on peine qui à nous fidéliser.
« Tousqui » surnaturel
Contrairement à ce que l’on aurait pu penser, Manfred possède de véritables dons puisqu’il est capable de laisser pénétrer l’âme des défunts dans son corps et de parler en leurs noms. À priori, c’est n’est pas avec ce genre de business qu’il devrait faire fortune à Midnight qui est pour le moins conservatrice. Néanmoins, il parvient à prouver son utilité lorsque le cadavre de la fiancée du propriétaire de son logement Bobo (Dylan Bruce) est retrouvé sur la jetée. Essayant dans un premier temps de communiquer avec elle dans l’au-delà, il reste tout de même novice en la matière et par inadvertance introduit une foule de nouveaux esprits dans sa maison. C’est une voisine, Fiji (Parisa Fitz-Henley) qui vient à sa rescousse, elle qui est sorcière à ses heures. Et elle n’est pas la seule à posséder des pouvoirs hors de l’ordinaire. Mentionnons entre autres Joe (Jason Lewis), un ange tombé du ciel, Lemuel (Peter Mensah), un vampire avec un douloureux passé, le révérend Emilio (Yul Vazquez) qui se transforme à l’occasion en tigre-garou et Olivia (Arielle Kebbel), une tueuse à gages avec plusieurs secrets qui ne nous ont pas été dévoilés au cours des trois premiers épisodes.
La particularité de Midnight, Texas, c’est que les rendez-vous hebdomadaires ne se ressemblent pas du tout ; ce qui n’est pas en faveur de la nouveauté. C’est que l’on peine à trouver un certain ancrage, lequel est plutôt vague si l’on se fie sur la prophétie de Joe : « An army will rise to battle the evil and seal the veil forever. That army will be led by a man with the gift of vision, who can bridge the living and the dead. » Pourtant, ladite armée peine à nous convaincre alors que ses membres manquent de profondeur et sont surtout loin de combattre à l’unisson, dépendamment de leurs intérêts respectifs. Même chose concernant les ennemis qui n’agissent pas sous un ordre commun. En ce sens, la fiction nous rappelle The Legends of Tomorrow de The CW dans laquelle des héros secondaires des bandes dessinées de Marvel s’unissaient pour différentes missions. Ici, aux pouvoirs surnaturels on a tronqué des forces relevant davantage de la sorcellerie, mais ce n’est pas plus cohérent que l’autre univers évoqué.
En fait, Midnight, Texas est un immense ramassis de ce qui s’est fait en fiction ces dernières années du côté de l’horreur/surnaturel. L’ange en Joe nous rappelle les protagonistes de The Messengers de The CW. Le prêtre Emilio officiant dans un petit village désertique évoque quant à lui Preacher qui connaît des beaux jours à AMC. Quant aux techniques d’exorcisme de Fiji, elles ne sont pas sans nous rappeler la série de Fox du même nom. Reste l’univers vampiresque déjà exploité à profusion, notamment mentionné plus haut avec True Blood d’HBO. En temps normal, cette profusion de moyens pour combattre le mal (eau bénite, ouija, morsures au cou, etc.) et de styles équivaudraient à une manne d’inspiration pour les scénaristes. À l’inverse, on a l’impression que ça les a tout simplement rendus paresseux. On saupoudre les intrigues entre les différents univers d’un épisode, voir, d’une scène à l’autre, mais en restant toujours à la surface.
Une chevauchée tempérée
On retrouve cette même superficialité au niveau des personnages principaux. On a beau par exemple évoquer le douloureux passé d’esclave de Lemuel survenu il y a plus d’un siècle, son pacte avec le diable, tout comme sa « conversion » au bien. Cependant, on tient pour acquis que ces différentes transformations vont de soi sans pour autant créer en nous une quelconque émotion.
Quant aux séries évoquées plus haut, bien que de qualité inégales, à tort ou à raison, elles n’hésitaient pas à mettre le pied sur l’accélérateur en termes d’éléments visuellement choquants, qu’il s’agisse de rasades d’hémoglobine, de mutilations, de combats féroces et dans quelques cas de scènes à caractère sexuel. Bref : du contenu pour adulte à laquelle la case de 21, voire 22 heures seyait le mieux. C’est d’ailleurs ainsi que Blood Drive de SyFy conserve un certain bassin de fidèles, malgré un scénario archinul. Midnight, Texas qui est pourtant diffusée dans la même case horaire se montre plutôt timorée de ce côté. On a beau évoquer des fils de Satan, de la fin du monde ou d’un combat épique entre le bien et le mal, pour le moment, la créature la plus « bizarre » qui revient à chaque épisode est un chat parlant…
Le pilote de Midnight, Texas a rassemblé 3,57 millions de téléspectateurs avec un taux de 0,9 chez les 18-49 ans. Étonnamment, avec un taux de 0,9, la série supplante tous les lancements et retours estivaux chez les networks du côté scripté. La bonne nouvelle pour NBC est que les deux semaines suivantes, c’est à peine si l’auditoire a baissé (3,29 et 3,06 millions respectivement) en plus d’un taux qui s’est stabilisé à 0,6.
Publicités