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Abandonnite aigüe

Publié le 24 août 2017 par Alexcessif
Mes amis
Je vous écris de ce vieux port où Escartefigue jouait à la belote. Une petite virée en solo dans le Lot devenu une épopée de 1200 bornes causée par un détournement sans armes, sans Ulysse, sans Pénélope avec mon contrat exécuté: le cadavre dans le coffre de la Volvo.
A l’arrêt au stand café-carburant-un coup-sur le-pare-brise, j’ai croisé l’abandon, ce sérial killer qui attache les chiens dans la forêt et oubli son enfant sur une aire d’autoroute. Le crime n’est jamais en vacance(s). Arles H : 23.00
- vous mangez avec nous ?
Une ratatouille provençale patiente dans son creuset en fonte (et dans la cheminée, du coup) attendant ma réponse.
Putain ça sent bon, j’avais les crocs, j’ai dit "oui !" me fiant à mon flair plutôt qu’à mes yeux, trop vite, trop tard comme d’habitude : "ils"ont mis du poulaga dans le frichti.
Je ramène l’enfant à sa mère et j’ai du plus lourd à raconter que mon parcours de végétarien*.
- Il a mangé ce midi ?
- Oui, avec moi chez mon père
- C’est où chez votre père ?
Elle a de quoi être méfiante la maman face à cet étranger noctambule hurlant " y a quelqu’un?" à ce portail sans sonnette. L’enfant confié au père pour les vacances était sensé revenir au bercail plus tard et surtout avec son daron. La maman n'ayant pas été prévenue d'un coup de téléphone par le "distrait" comme je le prévoyais, on peut parler d'abandon plus que d'oubli. Quand j’ai vu la mère et l’enfant tomber dans les bras l’un de l’autre de cet aveu tardif, j’ai écarté mes idées de commissariat et mes projets de main cou(v)rante qui n’auraient servit qu’à me couvrir mesquinement. Bref : j’ai trouvé son môme sur une aire de repos en tong/tee-shirt Playstation et short Nintendo, sans téléphone, et donc sans la mémoire du numéro de sa maman.Trois plombes qu'il est là et personne ne lui a posé la question. Lui seul sait que son "père" ne reviendra pas, mais il a trop honte pour lâcher l'info. J’ai pensé flics ou gendarmerie Abandonnite aigüe et Mathy* a dit non : "j’veux pas que papa ait des ennuis avec la police !"
ça m’a fendu en deux cet amour irrationnel, mais pas irraisonné, et surtout je ramenais dans mon coffre le corps de mon ennemi à son commanditaire, alors les képis…

Puis, il y eut la fête foraine dans ce village qui doit beaucoup à Daniel Prévost et pas mal à Nino Ferrer, les tours d’auto tamponneuses avec mon nouvel ami bien cabossé, le repas rustique chez l’ancien et du goudron jusqu’en Arles. Voilà,voilà,Madame !-merci,monsieur-combien-je-vous-dois ?-non-rien-c’était-sur-ma-route !-il-est-très-bien-élevé-votre-fils-au-revoir-Madame ! - Et pourquoi Marseille ?La belote et le pastaga?
- Envie de revoir Belsunce où quelques souvenirs me serrent au niveau du poumon. A cause où grâce à l’ambition de Marius, la souffrance de Fanny, la gouaille de César-il y a souvent une Fanny abandonnée par des marins d’eaux douces- et surtout mon rendez-vous BlaBlaCar Marseille/Bordeaux afin de limiter les dégâts qui m’ont fait chauffer la CB
- Et ce cadavre dans le coffre ?
- Un carton d’archives ! La face administrative de l’ancien "Je" obsédé par son "Moi" côté pile, que je rapporte à la source, au pays de la mémoire et de l’oubli.
Mais ça, c’est une autre histoire. * quand tu t’annonces végéte on te regarde comme si tu avais la braguette ouverte, on te suspecte de vouloir faire la morale et tu dois te justifier de cette "anomalie". Ce soir-là, j’ai bouffé du cadavre pour "ne pas vexer" la dame bien secouée (pas par moi) par la tragédie lui déboulant dans le salon pendant le film de TF1.
* Le prénom a été changé

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