A l’affût à proximité d’un terrier de blaireau sur les crêtes du Val-de-Travers, j’attends patiemment la tombée du jour en espérant voir pointer le museau rayé du bandit masqué. C’est une belle soirée d’été. Les champs fraichement fauchés parfument l’air chaud du soir d’une note herborisée, et les chants variés des petits choristes emplumés ajoutent une note musicale à cette douce ambiance vespérale.
Non loin de là tambourine le pic noir. Si le bel oiseau, méfiant comme le renard, ne laisse pas facilement apercevoir sa belle crête… rouge, il ne résiste cependant pas à se montrer présent en faisant retentir à tous vents son chant caractéristique et puissant.
Certains disent que les forêts du Val-de-Travers sont enchantées et peuplées de fées. Les rares qui en ont vu étaient sans doutes un peu éméchés après avoir bu trop de rasades anisées à l’une des fontaines froides clairsemées dans la vallée. Pour ma part, j’ai eu le plaisir de croiser le chemin d’un petit lutin, perché sur une branche basse d’un sapin voisin. Arrivé sans fifres ni tambours, il s’est posté là comme s’il voulait me souhaiter le bonjour.
Tout d’abord plein de méfiance, le petit écureuil a rapidement pris confiance et débuté sa toilette du soir sans faire d’histoires. Une fois son pelage carmin débarrassé des poussières et d’autres embruns, le petit lutin a quitté d’un pas pressé son perchoir bien situé pour rejoindre la bouche du terrier d’un pas décidé. Fouissant méticuleusement la terre fraîchement excavée par les terrassiers rayés, il trouvera rapidement quelques larves dodues qui feront de lui un écureuil bien repus.
Une fois son repas terminé, le lutin des arbres a vite regagné le chemin des cimes, sans doutes pour aller admirer le ciel déjà bien étoilé d’une belle nuit d’été.
Val-de-Travers, le 27 août 2017