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Diviser pour mieux régner

Publié le 27 août 2017 par Podcastjournal @Podcast_Journal
Rédacteurs et stagiaires: cliquez sur cette barre pour vous connecter en back-office de la rédaction! Recherche par tags (mots-clés) Recherche d'évènements (agenda) Pour cette première tournée, les trois pays visités n’ont évidemment pas été choisis au hasard. Membre de l’Union européenne depuis 1995, l’Autriche ne peut être comparée à la Roumanie et la Bulgarie, associées depuis 2007 seulement et pas à part entière puisqu’elles sont encore en dehors de l’espace Schengen. Volontairement, aucun pays du groupe de Visegrad n’a été retenu par l’Élysée qui nie toute volonté de diviser les pays d’Europe centrale. Pourtant, la stratégie semble assez claire. Jupiter veut diviser pour mieux régner et quoi de mieux que de promettre le ciel aux derniers entrants, à ceux qui sont encore de l'autre côté du limes et ne jouissent pas encore de tous les privilèges européens?

Concernant le détachement des salariés dans l’Union européenne, les Roumains comme les Bulgares sont plutôt favorables à laisser leurs concitoyens aller travailler en Europe en toute liberté. A moins, évidemment que la France et d’autres pays européens ne leur promettent des avantages pour qu’ils gardent leurs chômeurs…

Négocier avec les pays du groupe de Visegrad est plus compliqué. Membres à part entière depuis 2007, ceux-ci se battent pour obtenir la même considération que les pays fondateurs de l’Union. Leur rappelant que désormais ils sont tous membres de la même famille sans distinction. Pour les pays fondateurs, même si c’est ce qu’ils ont voulu, autant dire de suite que c’est difficile à accepter.

Malgré tout, le président français tente aussi de diviser les pays du groupe de Visegrad. Les possibilités sont légions. Aujourd’hui, la Hongrie et la Pologne prennent beaucoup de place en faisant beaucoup de bruit. Ces pays non frontaliers ont souvent eu d’excellentes relations. C’est évidemment moins le cas avec la Slovaquie qui héberge encore une importante minorité hongroise et est prise en tenaille entre ces deux grands pays - tout est relatif - d’Europe centrale. Les dissensions ne sont jamais très loin. Et même si les quatre pays sont majoritairement d’accord sur de nombreuses questions, entre autres celles du traitement à accorder aux réfugiés, la République tchèque et la Slovaquie peuvent être sensibles aux chants des sirènes macroniennes. Peut-être sont-ils aussi plus habitués à la négociation que d’autres. Macron semble justement prêt à négocier sur les quotas de réfugiés si ces pays acceptent les modifications qu’il veut imposer en ce qui concerne les travailleurs détachés. Pour l’heure, ces promesses ne sont pas difficiles à tenir vu que ces pays sont tous d’accord pour refuser l’entrée sur leur territoire des réfugiés et qu’actuellement l’Union européenne a du mal à leur imposer le contraire. Alors pourquoi se gêner?

Car c’est bien là que se situe le problème, l’incapacité de Bruxelles à imposer sa loi à ses membres et en arriver à une politique de division et de négociations bilatérales pour avancer et se faire respecter. Tant que l’Union européenne n’arrivera pas à établir un minimum de consensus en son sein, le champs sera libre pour les déclarations tonitruantes et creuses échangées entre le président français et la Première ministre polonaise, et dont les médias se sont fait les rapporteurs. La tournée d’Europe centrale d’Emmanuel Macron aurait-elle eu le même impact et le même intérêt si celui-ci ne s’était pas fendu de formules à l’emporte-pièce, agressives et dévalorisantes? Pas sûr. Il savait à qui s’attaquer, la Première ministre polonaise est elle aussi une habituée du fait.

Les salariés européens, les réfugiés et nous, avons été ainsi témoins d’un duel politique sans intérêt sur fond de questions essentielles.

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