J'ai beaucoup lu au printemps et de fait, j'ai acquis un retard abyssal dans les petites impressions de lectures que je poste ici. Aussi je vais lâcher ici-même quelques billets "2 en 1" pour combler les trous de ce blog fromager.
O n commence par deux romans d'Amélie Nothomb lus à la suite.
Il faut dire que les bouquins de la belge à chapeau se lisent vite, contrepartie de sa production digne de la mitrailleuse hallucinante qu'utilise Clint Eastwood dans l'excellent "Thunderbolt and Lightfoot" de Michael Cimino (pitoyablement traduit par "Le canardeur" dans nos contrées).
Il ne faut pas croire que je sois fan d'Amélie Nothomb. J'apprécie en revanche son refus de la norme et son enthousiasme dès qu'elle parle de littérature ou de musique (elle adore TOOL qui est, comme chacun le sait, le plus grand groupe de rock and roll de l'histoire). Mais s'il est vrai que je lis régulièrement sa production, c'est pour deux raisons :
- en publiant un livre chaque année depuis trois décennies, ça fait un paquet de bouquins disponibles (c'est mon côté collectionneur),
- ses livres rencontrant un certain succès commercial, on trouve régulièrement sa production en occasion à prix sacrifié (c'est mon côté aveyronnais).
1 - Robert des noms propres (Albin Michel, 14.7 €, 180 pages)
Quatrième de couverture :
"Le destin exceptionnel d'une petite fille prénommée Plectrude née sous les auspices les plus dramatiques et au parcours semé d'obstacles. Enfant atypique et solitaire, surdouée et incomprise, Plectrude traverse les épreuves avec la grâce d'une princesse de conte de fées et l'obstination, la certitude et la douleur d'une adolescente d'aujourd'hui".
Le mieux, dans ce bouquin, c'est le prénom de l'héroïne. Plectrude. C'est vraiment un prénom extra pour une héroïne et typique de Nothomb. Pour le reste, je me suis plutôt ennuyé sur les 160 pages de ce roman qui narre les aventures d'une danseuse anorexique née en prison d'une mère assassin. L'idée d'exploiter la mise en miroir de la biographie de l'assassin de Nothomb (souvenirs et recyclages de son premier roman) est plutôt bien vue mais le traitement laisse à désirer. Reste le style vivant et incisif de l'auteur mais là aussi, on l'a connue plus inspirée. Heureusement c'est court.
"Par ailleurs, avoir dix ans est ce qui peut arriver de mieux à un être humain [...] Dix ans est le moment le plus solaire de l'enfance. Aucun signe d'adolescence n'est encore visible à l'horizon: rien que l'enfance bien mûre, riche d'une expérience déjà longue, sans ce sentiment de perte qui assaille dès les prémices de la puberté. A dix ans, on n'est pas forcément heureux, mais on est forcément vivant, plus vivant que quiconque."
2 - Antéchrista (Albin Michel, 14.7 €, 168 pages)
En 2003, publication de " Antéchrista ", douzième roman d'Amélie Nothomb.
Quatrième de couverture :
"Avoir pour amie la fille la plus admirée de la fac, belle, séduisante, brillante, enjouée, audacieuse ? Lorsque Christa se tourne vers elle, la timide et solitaire Blanche n'en revient pas de ce bonheur presque écrasant. Elle n'hésite pas à tout lui donner, et elle commence par l'installer chez elle pour lui épargner de longs trajets en train.
Blanche va très vite comprendre dans quel piège redoutable elle est tombée. Car sa nouvelle amie se révèle une inquiétante manipulatrice qui a besoin de s'affirmer en torturant une victime. Au point que Blanche sera amenée à choisir : se laisser anéantir, ou se défendre".
Encore une histoire de fille étrange dotée d'un prénom à coucher dehors : pas de doute, on est bien chez Nothomb. Pour le reste, c'est aussi un bouquin court qui se lit vite mais contrairement à l'opus précédent, cette histoire m'a plus convaincu. Le vampirisme psychique qui est décrit dans ce bouquin est plutôt bien rendu et donne pas mal de tension au récit. Même si la Blanche qui narre cette histoire est parfois insupportable de candeur et d'attentisme et que l'on a envie de lui mettre de grandes gifles pour la réveiller. Sans même parler de ses parents qui sont crispants et franchement pénibles. Toutefois on se laisse prendre au jeu et c'est bien là l'essentiel pour ce roman d'apprentissage noir ,typique de Nothomb.
"La lecture n'est pas un plaisir de substitution. Vu de l'extérieur, mon existence était squelettique ; vue de l'intérieur, elle inspirait ce qu'inspirent les appartements dont l'unique mobilier est une bibliothèque somptueusement remplie : la jalousie admirative pour qui ne s'embarrasse pas du superflu et regorge du nécessaire. Personne ne me connaissait de l'intérieur : personne ne savait que je n'étais pas à plaindre, sauf moi - et cela me suffisait. Je profitais de mon invisibilité pour lire des jours entiers sans que personne ne s'en aperçut."