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Après la défaite les politiques retournent à la vie civile

Publié le 03 septembre 2017 par Economieenpaca
Après la défaite les politiques retournent à la vie civile

Un ancien chef de l'Etat au conseil d'un groupe du CAC 40? C'est une première en France. Le 5 juin, Nicolas Sarkozy, 62 ans, a été confirmé comme administrateur d'AccorHotels par un vote à 97 % des actionnaires. Une nomination justifiée par " l'expertise internationale " de l'ancien président de la République, explique Sébastien Bazin, le PDG du groupe. Quelques jours plus tard, le nouvel administrateur indépendant du numéro un européen de l'hôtellerie est déjà sur le terrain, illustrant de quelle manière il peut se rendre utile. Le 18 juin, à Abidjan, c'est avec les égards dus à un chef d'Etat en exercice qu'Alassane Ouattara accueille celui qui a pourtant été battu au premier tour des primaires de la droite, en novembre 2016. Une marque de reconnaissance de la part du président ivoirien, que son ami français a grandement aidé à déloger son prédécesseur, Laurent Gbagbo, en 2011. Loin des oreilles indiscrètes, les deux hommes s'entretiennent au pavillon présidentiel de l'aéroport Félix-Houphouët-Boigny, avant une rencontre officielle qui se tiendra deux jours plus tard, au palais, en présence cette fois de Sébastien Bazin. L'Afrique est la nouvelle priorité du groupe Accor, et la Côte d'Ivoire sera son " hub ", annonce Nicolas Sarkozy. Une affaire prometteuse!

Plan B vital

Après la défaite les politiques retournent à la vie civile

Chantal Jouanno 48 ans - AVANT Sénatrice, ministre. - APRÈS Chasseuse de têtes au cabinet SpencerStuart.

A l'image de l'ancien président dont il fut le Premier ministre, François Fillon, 63 ans, a choisi de briser un tabou, le 22 août, en entrant comme associé dans une société de gestion d'actifs. Et pas n'importe laquelle : Tikehau Capital, dont la manoeuvre jugée hostile sur le capital d'Eurazeo a mobilisé, en juin dernier, tout l'establishment financier parisien.

Changer de vie? La question est d'actualité pour une partie de la classe politique, balayée par le dégagisme et la vague des " marcheurs ". Entre les deux tours des législatives, Nathalie Kosciusko-Morizet s'en inquiétait déjà : " En n'ayant que mon seul mandat parisien, je vais devoir trouver un autre emploi pour vivre ". Battue le 18 juin, elle doit, comme 200 autres députés, trouver rapidement un plan B. Plus lucides, ou lassés par le combat politique, d'autres élus entament une reconversion sans y être forcés par un échec, comme Jean-Pierre Raffarin, 69 ans, qui renonce à toute " vie politique élective " pour créer l'ONG Leaders pour la paix. Ou comme l'ex-ministre Chantal Jouanno, dont le mandat de sénatrice de Paris se termine en septembre et qui ne se représente pas : elle devient chasseuse de têtes au sein du cabinet SpencerStuart. Une décision mûrement réfléchie. " J'ai pris les premiers contacts il y a plus de six mois, dans une démarche volontaire de quitter la politique, raconte l'élue. A 48 ans, on peut faire des choix, après, c'est plus compliqué. " Ancienne championne de karaté, haut fonctionnaire, spécialiste de l'environnement et des questions de société, Chantal Jouanno a déjà eu plusieurs vies. " J'ai eu d'autres propositions, c'est une rencontre qui m'a décidée ", dit-elle.

Après la défaite les politiques retournent à la vie civile

François Fillon 63 ans - AVANT Premier ministre. - APRÈS Associé de Tikehau Capital

"Coeur de compétence"

Difficile, désormais, d'envisager la politique comme la carrière de toute une vie. Arnaud Montebourg l'avait déjà compris, en 2014, quand il avait dû céder son bureau de Bercy... à Emmanuel Macron. Cette année-là, l'ex-ministre du Redressement productif avait pris le chemin de Fontainebleau pour y suivre une formation de " management avancé " à l'Insead. Après quoi il était entré au comex d'Habitat et au comité d'orientation stratégique de Talan, un groupe de conseil en big data. Montebourg, qui a démissionné de ces postes pour se présenter à la primaire de la gauche, est de nouveau en quête d'un point de chute, après l'échec de sa candidature. En effet, son retour à Habitat " n'est pas d'actualité ", selon l'entreprise, tandis qu'à Talan, son poste est désormais occupé par... l'ancienne ministre Fleur Pellerin, spécialiste du numérique devenue entrepreneuse après avoir créé le fonds d'investissement franco-coréen Korelya. La rumeur, qu'il laisse courir, prête à l'homme à la marinière l'intention de fonder une société de production de miel. Made in France, comme il se doit.

" Les hommes et femmes politiques peuvent trouver des postes à leur mesure dans des rôles de conseil comme administrateur, avocat, conseil en stratégie, ou dans la banque d'investissement ", estime Marc Sanglé-Ferrière, directeur général de Russell Reynolds France, qui en voit de plus en plus. " Ils peuvent accéder à des métiers nombreux, intéressants et rémunérateurs. Mais ils doivent faire un travail sur eux-mêmes et analyser quel est leur coeur de compétence. "

"Service temporaire"

Lorsqu'il a quitté la politique pour partir à New York diriger la filiale américaine de LVMH, en 2008, Renaud Dutreil a suscité beaucoup d'étonnement. " Je me suis toujours senti un peu entrepreneur ", confie l'ancien ministre des PME, ex-député de l'Aisne, qui s'est vu confier en juillet par le groupe suisse Mirabaud Asset Management la mise en place d'un fonds thématique de private equity dédié aux " entreprises du patrimoine vivant, qu'il faut aider à devenir globales et à réinventer le modèle ". Si Renaud Dutreil s'est tout de même investi, pendant un an, dans la campagne d'Emmanuel Macron, pas question de replonger dans la vie politique en acceptant un poste quel qu'il soit. " La politique est un service temporaire et non une carrière dont on doit vivre ", dit-il. Pas sûr que tous en soient convaincus.

Anne-Marie ROCCO - Challenges


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