L'obésité est maintenant reconnue comme un facteur majeur de risque de cancer et 16 types différents de cancer (dont le cancer du sein, de l'intestin et du foie) sont aujourd'hui documentés comme liés à l'obésité. La graisse favorise le développement du cancer, mais comment ? Cette nouvelle étude de l'Université du Michigan et de la Yale School of Medicine décrypte l'un des mécanismes biologiques qui expliquent ce lien. En cause ici, dans la revue Oncogene, le tissu adipeux viscéral, celui qui recouvre les organes internes et peut favoriser la croissance de la tumeur en libérant une protéine appelée facteur de croissance fibroblaste-2 (FGF2).
Ainsi, pour que la graisse viscérale stimule la croissance cellulaire, les cellules doivent présenter ces récepteurs FGF2 qui vont répondre à certains signaux chimiques. A partir de là, les chercheurs font l'hypothèse qu'en ciblant FGF2, il serait possible de tuer la tumeur " dans l'œuf ". L'étude rappelle bien évidemment l'importance du maintien d'un poids santé comme l'un des facteurs majeurs de prévention du cancer -et d'autres problèmes de santé.
Il s'agit d'une étude in vitro et in vivo sur l'animal visant à mieux comprendre la relation entre l'excès de graisse corporelle, en particulier de graisse viscérale et le risque de cancer et, en particulier, comment la graisse viscérale induit une cellule normale et saine à devenir cancéreuse.
-In vitro : les chercheurs ont incubé des échantillons de tissu adipeux viscéral de souris et de sujets humains obèses sans cancer avec les cellules épithéliales ;
-In vivo : les souris ont été nourries avec un régime allégé en graisse, riche en matières grasses ou un régime alimentaire normal et ont été exposées aux U.V. de manière à favoriser le développement du cancer. Leur graisse viscérale a ensuite été recueillie et les tumeurs analysées.
Cette double recherche montre que le tissu adipeux viscéral stimule la croissance d'une protéine, le facteur de croissance fibroblaste-2 (FGF2), ce qui stimule la croissance des cellules épithéliales, qui peuvent devenir malignes ou cancéreuses. Chez la souris, les chercheurs constatent ainsi que les niveaux circulants de FGF2 sont associés à la formation de tumeurs.
La libération de FGF2 s'avère donc une voie par laquelle le tissu adipeux viscéral conduit à la génération de la tumeur. La découverte de cette voie biologique clé permet de mieux comprendre comment les régimes riches en matières grasses et / ou l'adiposité viscérale peuvent accroître le risque de cancer. Enfin, c'est l'espoir que cette voie FGF2 puisse mener à de nouvelles stratégies de prévention et de traitement du cancer en stoppant la production de FGF2 chez les personnes obèses ou souffrant d'un excès de graisse viscérale.
En effet, le blocage des récepteurs FGF2 pourrait faire partie d'une approche combinée de traitement après diagnostic de cancer du sein ou de la peau.