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Get Shorty (2017) : l’autre côté d’Hollywood

Publié le 08 septembre 2017 par Jfcd @enseriestv

Get Shorty est une nouvelle série de dix épisodes diffusée depuis la mi-août sur les ondes d’Epix aux États-Unis. Son personnage principal est Miles Daly (Chris O’Dowd), un sous-fifre qui travaille pour des gangsters d’origine mexicaine et qui se retrouve à la croisée des chemins. Profondément ennuyé par son emploi et désireux de renouer avec son épouse Katie (Lucy Walters), le vent tourne alors que par un rocambolesque concours de circonstances, il se transforme en producteur amateur à Hollywood. Petit à petit, il réussit néanmoins à faire son nid, mais comme au cinéma, l’envers du décor laisse à désirer à plusieurs égards. Adaptation d’un film éponyme de 1995, lui-même basé sur un roman d’Elmore Leonard, Get Shorty est un genre d’hommage à ces films dit « B » qui en reprend les codes avec un humour efficace et des intrigues qui ne manquent pas de nous surprendre.

Get Shorty (2017) : l’autre côté d’Hollywood

Humour de ploucs

La situation de Miles est loin d’être idéale. Depuis plusieurs mois, sa femme l’a laissé et il voit de moins en moins sa fille adorée Emma (Carolyn Dodd). C’est justement cette passion pour le cinéma qui les unit et le personnage principal n’hésite pas une seconde lorsqu’en compagnie de son « collègue » Louis (Sean Bridgers) il est sommé d’aller réclamer une dette importante à Los Angeles par sa patronne, la redoutable Amara (Lidia Porto). Celui qui est en faute est un scénariste qui n’ayant pas de quoi rembourser ne serait-ce qu’un dollar est tué sur-le-champ par Louis. Pour sa part, son acolyte conserve « The Admiral’s Mistress », le script du défunt qu’il dévore. Justement, Amara peine à trouver un secteur où blanchir son argent et Miles la convainc d’investir dans le cinéma indépendant. Pour ce faire, ce dernier s’allie, non sans difficultés avec Rick (Ray Romano), un réalisateur et April (Megan Stevenson) représentante exécutive d’un gros studio. Bien évidemment, les intérêts plus que divergents de chacun ne cessent de compromettre le film tant désiré et c’est à se demander si ce dernier verra même le jour.

Get Shorty (2017) : l’autre côté d’Hollywood
La formule est loin d’être nouvelle avec un membre de la chaîne de la distribution d’un vaste de réseau de drogue qui a de la difficulté à concilier travail-famille (Ozark (Netflix), Snowfall (FX), etc.). Dans ce contexte, le meilleur atout pour le moment de Get Shorty est assurément son personnage principal : Miles. Nonchalant à l’extrême, il dispose de corps comme s’il faisait du repassage. Mais c’est surtout sa volonté d’accomplir quelque chose de plus stimulant  du côté intellectuel qui contraste avec son apparence quelconque. Pour notre plus grand plaisir, Get Shorty exploite à fond cet « humour paresseux » autant du côté de sa tête d’affiche que pour les intrigues en général. Par exemple quand dans le premier épisode Louis tue le scénariste, Miles s’empare du script taché de sang qu’il ne cherche pas à nettoyer lorsqu’il le présente soit à Amara, soit à Rick. Dans la même veine, il convainc Louis de se faire passer pour l’auteur de « The Admiral’s Mistress ». Pourtant, ce dernier ne prend même pas la peine d’en lire une seule ligne, ce qui est du bel effet quand il doit rencontrer le patron d’April pour discuter de la psychologie des personnages ! L’humour absurde n’est jamais bien loin non plus comme lorsque Miles se présente devant celle-ci avec une photo des plus gênantes qu’il a déterrée de son passé. C’est que dans sa prime jeunesse, elle a eu la mauvaise idée de se déguiser en personne de couleur noire (« blackface »), ce à quoi elle répond : « Blackface isn’t offensive in Ontario ». Mais aussi futile ce motif de chantage soit-il, April n’ose pas avouer la vérité à son patron (un Noir justement) et accepte de prendre la production avec le budget approprié sous son aile.

Get Shorty (2017) : l’autre côté d’Hollywood

Un peu moins glamour…

L’autre aspect qui plait particulièrement dans Get Shorty est le point de vue d’Hollywood hautement moins « glamorisé » que ce qui nous est présenté quand on produit par exemple une série sur les dessous d’Hollywood. On est en effet loin du luxe ostentatoire de The Last Tycoon (Amazon) ou alors d’un univers où la popularité dépasse l’entendement dans Famous in Love (Freeform) ou The Arrangement (E !). Ici, on manque de budget, les acteurs sont méconnus et les films sont tout juste bons pour l’exportation dans des pays où les standards sont de qualité sont moindre. En ce sens, Rick, de par ses accomplissements passés incarne cette ringardise hollywoodienne, notamment avec son plus gros succès « Sins of a Chambermaid » que même un Miles considère nul. À l’opposé, dans le quatrième épisode, Rick décide d’accrocher sur son mur le poster de sa création dont il est le plus fier : « Lullaby for Emile »… mais que personne n’a vu. Le titre de réalisateur perd définitivement de sa superbe dans ce contexte et les gags en ce sens dans la nouveauté d’Epix atteignent toujours leur cible.

Cet amateurisme va aussi de pair avec l’équipe d’Amara qui décide de financer « The Admiral’s Mistress ». Ces deux milieux étant aux antipodes, personne dans cette bande n’y connaît rien, à commencer par la principale intéressée qui lorsqu’elle lit pour la première fois le scénario, ne sait même pas ce qu’« Ext. » signifie. Sinon, elle n’a que le nom de John Stamos à la bouche et ironiquement, elle finit par s’attacher au film qu’elle a accepté de financer. À ce sujet, on essaie de donner une attention égale à ces deux mondes, soit, celui du commerce de la drogue avec des luttes de clans et celui de la production. Pour des épisodes de près de soixante minutes, on aurait tout avantage à ce que l’on privilégie ce deuxième univers qui sort beaucoup plus de l’ordinaire et qui génère les meilleurs moments d’humour.

En tous les cas, à en croire la production, Get Shorty est un succès soit critique, soit populaire ou bien les deux puisqu’Epix après seulement deux épisodes a décidé de renouveler la série pour une seconde saison. La chaîne qui ne compte que 30 millions d’abonnés ne fait pas affaire avec Nielsen, alors il nous est donc impossible de connaître l’auditoire réel de sa nouveauté. Reste que l’on peut se réjouir de l’annonce de ce deuxième opus.

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