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Couilles de velours, de Corinne Desarzens

Publié le 15 septembre 2017 par Francisrichard @francisrichard
Couilles de velours, de Corinne Desarzens

Le grand âge assure l'illusion que l'on peut tout dire. Sur le bâtiment qu'est le corps. Sur la fusée qu'est le destin. Sur la moutarde après dîner qu'il faut éviter parce qu'elle veut dire trop tard. Qu'est-ce qu'on risque?

Rien. D'autant que Corinne Desarzens n'est pas d'un grand âge et ne s'illusionne pas. Elle dit donc tout haut ce qu'elle a envie de dire, notamment sur le blason masculin, dans ses Couilles de velours. Et elle le fait par petites touches, par de jolis petits textes tout empreints de poésie.

Comme le firent avant elle les poètes de la Renaissance, qui célébraient tel ou tel détail anatomique du corps féminin, en filant la métaphore, elle parle ici (comme les Chinois) de tige de jade et là de fleur de chair qui rejette la double poche ridée à l'ombre des seconds rôles.

Elle remarque avec humour l'étrangeté de la physiologie du mâle et de son engin télescopique qui se déplie, qui se dilate, qui se répand : tant de parties vulnérables se trouvent soudain à l'air, exposées, alors que la femme garde ses accessoires aussi serrés que dans un sac à main.

Elle ne pense pas qu'à ça, si elle y pense beaucoup (elle ne dit pas incongrûment,  comme des filles ou une businesswoman au bout de son smartphone, qu'elle s'en bat...). Car elle ne se refuse pas de complimenter un dos, même si cela peut vexer celui qui tire fierté de sa vitrine...

Elle s'amuse aussi des différentes acceptions que prennent des mots tels qu'amourettes ou des appellations coquines données à certains biscuits et douceurs. Elle rappelle l'origine du velcro, invention de l'ingénieur suisse Grégoire de Mestral, dont le nom vient de velours et crochet.

Tout cela n'empêche pas les sentiments: la condition pour aimer, c'est d'apprendre à désaimer aussitôt, dès la première minute, pour remettre la jauge à zéro, échapper à la condamnation de l'attente et ne pas souffrir de la perte. Mais voilà : qui peut nier adorer se faire cambrioler le coeur ?

Francis Richard

Couilles de velours, Corinne Desarzens, 96 pages, éditions d'autre part

Autres livres de l'auteur:

Un roi, 304 pages, Grasset (2011)

Carnet d'Arménie, 88 pages, Éditions de l'Aire (2015)

Le soutien-gorge noir, 192 pages, Éditions de l'Aire (2017)


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