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Etrange fierté

Publié le 25 juin 2007 par Marc Gauthier
medium_fierte.jpgBonjour les gens ! Vous allez bien ?

Pour réveiller un peu mon blog, je voudrais aborder rapidement la notion de fierté, sur laquelle je lis des choses que je trouve un peu étranges, notamment chez koz. Il semble effectivement accorder une importance particulière à la fierté qu’un individu peut ressentir vis-à-vis de son pays. Ou plutôt, à celle qui viendrait de la seule appartenance à un pays dont il admirerait l’histoire.

Il y a quelques temps déjà, j’avais émis chez lui une interrogation personnelle sur la valeur de cette fierté, sur ce qu’elle signifie. Pour moi la fierté est quelque chose d’un peu étrange, enfin surtout l’usage que je vois les gens en faire. Car très souvent il me semble qu’elle est brandie pour des éléments qui sont tout à fait indépendants des personnes qui l’évoquent.

C’est bien évidemment le cas de cette fierté qui devrait rejaillir sur nous du fait de l’appartenance, que nous n’avons bien sûr pas choisie, à tel ou tel pays. Vraiment ce n’est pas de la mauvaise foi de ma part, et j’écris cela sans le moindre sarcasme malgré ce qu’on pourrait peut-être penser, mais je ne parviens pas à reconstituer le puzzle qui fait que d’autres ressentent de la fierté à appartenir, là aussi un verbe passif, à un pays, sous prétexte que celui-ci a quelques siècles d’existence et qu’on y trouve, oh surprise, quelques événements supposés dignes de louanges.

Fier d’être français ça veut dire quoi ? Content d’être français, d’avoir la chance de vivre dans un pays en paix, où la qualité de vie est plutôt bonne par rapport à tant d’autres pays, dont la culture est intéressante, la nourriture savoureuse, etc.  pourquoi pas ? Mais fier ? Comment peut-on être fier de trucs qu’on n’a pas faits ? D’un passé ? D’une histoire ? On est fier par contumace ?

D’une certaine façon ma logique ici rejoint un peu la logique stoïcienne : se soucier et se préoccuper uniquement des éléments sur lesquels nous avons la possibilité d’agir et qui ne sont pas dépendants de circonstances ou d’agents extérieurs à nous. Je ne comprends pas quelle cohérence il y a à s’enorgueillir d’actes dont nous ne sommes pas responsables.

Plus j’y pense plus j’ai le sentiment qu’il s’agit là encore d’une valeur que l’on détourne pour son propre intérêt, en la dépouillant de ce qui pourrait légitimement la constituer. Car être fier de soi, de ce que l’on a accompli, voire même être fier de ce qu’accomplissent ses proches, parce qu’on se sent une proximité de vie avec eux, une forme d’implication commune, pourquoi pas. Hum, tiens, en écrivant cette dernière phrase, je me demande si ce n’est pas ça. Ceux qui sont fiers d’appartenir à leur pays seraient fiers de leurs illustres aînés, et sentiraient en eux une forme de communauté de vie, même avec des personnes disparues ?

Si c’est de cela qu’il s’agit, mon doute persiste à bien y réfléchir (il y a du temps entre mes paragraphes vous savez). Parce que tout de même, un pays et une histoire présentent deux défauts importants pour que naisse une empathie sincère avec ces illustres représentants et leurs exploits que l’on aime tant brandir : un pays n’est pas une personne, et l’identification, qui est la source de l’empathie, n’est alors pas permise, ou alors d’une façon très dégradée, très floue ; cet éloignement est encore plus net concernant l’histoire, qui si elle peut être marquante, ne génère en fait qu’un sentiment pour la personne elle-même, une forme d’autosatisfaction si vous préférez, qui me semble bien difficile à tourner vers les autres.

Pour dire les choses autrement, et peut-être serais-je moins confus ainsi, le processus qui peut amener une personne à être fière de son pays, ou de tout élément qui lui est aussi singulièrement extérieur, est exactement celui de la valeur qu’on s’auto-attribue par ce jeu de miroir dont je dénonce ici depuis longtemps les travers. S’imaginer soi-même être un grand homme, digne de valeur et de respect, parce que l’on se déclare proche par la pensée et par l’émotion de telle ou telle figure historique qui inspire le respect dans l’imaginaire collectif. Se trouver un champion, ou plusieurs pourquoi pas, qui ont porté haut les étendards dont on voudrait se draper à moindre frais. Se trouver un surfer d’argent quoi (mince, une fièvre d'autopromo maintenant). Quelque chose qui nous rassure sur nous-mêmes sans que l’on ait vraiment besoin de rendre des comptes sur soi.

On perçoit peut-être qu’en fait, même à titre personnel la fierté n’est pas une valeur qui me sied beaucoup. Je la trouve dans le fond trop facile, trop creuse. Je ne vois pas clairement ce qu’elle m’apporte de sain et de constructif à titre personnel. C’est probablement dû à ma façon de l’interpréter, et je ne prétends donc pas ici que cela doive être la vision de chacun. M’enfin pour moi, ça ne vaut pas plus que ça quoi. Je préfère dire éventuellement que je suis content, de ce que je fais, ou de ce que j’essaie d’être (pas trop de ce que je suis, ça je m’en méfie plutôt, je trouve que ça a un côté mort), mais que je suis fier, bof.

P.S: hé vous z'avez vu Sangoku, comment il a trop la classe. 


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