Détecter à la fois les mutations et les protéines spécifiques de la tumeur dans le sang, se révèle une technique de biopsie liquide " complète " et prometteuse, ici dans le cancer du pancréas au stade précoce. C'est la démonstration de cette équipe de la Johns Hopkins qui mettent à l'épreuve leur nouveau test sanguin et parviennent ainsi à identifier les marqueurs tumoraux chez 221 patients atteints. Ces données, présentées dans les actes de l'Académie des sciences américaine (PNAS) montrent une précision double pour cette double détection, des marqueurs à la fois de l'ADN tumoral et des produits protéiques de ce même ADN.
Praticable sur le plasma sanguin, le liquide céphalo-rachidien ou même la salive, et bien évidemment non invasive au contraire de la biopsie de tissus tumoraux, la biopsie liquide permet d'analyser métabolites et mutations dans le diagnostic de tumeurs difficiles à atteindre, comme ici le cancer du pancréas. Mais cette nouvelle forme de biopsie liquide, proposée par cette équipe américaine permet de mieux repérer encore des molécules d'ADN spécifiques au cancer même noyées dans l'ADN normal circulant dans le sang. Cette recherche permet de pousser encore un peu plus loin les promesses de la biopsie liquide dans la détection et la gestion des cancers.
Le cancer du pancréas, un cancer à détection trop souvent tardive : la plupart de ces cancers du pancréas au stade précoce sont détectés accidentellement. Car c'est bien le défi de ce cancer, peu de symptômes au stade précoce et une détection souvent (trop tardive). D'ailleurs, l'auteur principal, le Dr Jin He, en fait le constat : " Au cours des 30 dernières années, nous n'avons pas beaucoup progressé dans l'identification des personnes atteintes de cancers résécables. Si la performance de ce test est validée par de plus larges études, le test sera précieux pour identifier les patients atteints d'un cancer du pancréas précoce et asymptomatique ".
Un ADN " délicieusement " (exquisitely) spécifique : ce qui suggère que sa détection est puissamment liée au développement du cancer. De précédentes études avaient montré que l'ADN peut être identifié dans le sang de plus de 85% des patients atteints de cancers avancés, c'est la première étude à proposer un test à sensibilité suffisamment élevée pour détecter de tout petits morceaux d'ADN dans le sang, ici de 221 patients atteints de cancers précoces, comparés à un groupe de 182 témoins sains.
- Le test identifie le cancer chez 66 des 221 patients, soit 30%, à partir, essentiellement, de la détection de mutations du gène KRAS seul, un marqueur précoce du développement du cancer du pancréas.
- en combinant à ce premier test, la détection des protéines elles-mêmes produites par ces mêmes gènes, dont les protéines CA19-9, le test combiné repère le cancer chez 109 des 221 patients, soit 49% ;
- en combinant la détection de plusieurs mutations et plusieurs biomarqueurs de protéines, le test identifie le cancer du pancréas chez 141 des 221 patients, soit 64%. Un témoin cependant est détecté à tort par le test (faux positif).