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Twin Peaks (Saison 3, épisodes 15 à 18) : la vie était un long fleuve tranquille

Publié le 19 septembre 2017 par Delromainzika @cabreakingnews


Si David Lynch avait vu cette saison 3 comme une opportunité de conclure proprement Twin Peaks, je pense que l’on en serait pas là. Il doit espérer au fond de lui qu’une saison 4 de la série verra le jour. C’est en tout cas ce que suggère la toute fin de cette saison 3. Mais baptisée « The Return », cette saison 3 se devait pour David Lynch de n’être qu’un retour pour par la suite aller dans une toute nouvelle direction. Compte tenu du coût de la série et des audiences sur Showtime, je doute que la série puisse être renouvelée, en tout cas de la façon dont elle est revenue. L’une des erreurs de cette saison 3 aura été de s’éparpiller dans tous les sens sans chercher à réellement donner de sens à tout ce que Twin Peaks nous conte depuis le début. Cela ne veut pas dire que cette saison 3 ne fonctionne pas, juste qu’elle est un peu fainéante par moment et que les délires de David Lynch reprennent toujours le dessus. Le schéma suivi pour ces quatre épisodes est pourtant très bon, ce qui pourrait donner envie de voir la suite, surtout que Twin Peaks reste cohérente avec ce qu’elle a toujours voulu faire (notamment depuis la saison 2). « The Return, Part 15 » est enfin une occasion de venir à bout de certaines histoires développées depuis le début de la saison. Tout cela permet d’électrifier un peu le tout, comme Cooper quand il décide de mettre sa fourchette dans la prise.

Tout le monde dans Twin Peaks est au bord de quelque chose qui va arriver, aussi bien dans le bon comme dans le mauvais sens. Ed Hurley a enfin droit à sa liberté, volontairement donnée par Nadine. La scène d’ouverture de « Part 15 » est assez cocasse et permet de faire évoluer un peu plus une histoire qui donnait par moment l’impression de stagner ou de durer depuis bien trop longtemps. La scène qui suit avec Ed dans le diner où « I’ve Been Loving You Too Long » d’Otis Redding retenti est un moment assez impressionnant mais terriblement efficace. Ed et Norma sont donc maintenant libres et c’est une bonne occasion de rappeler qu’il y a des trucs que l’on attendait depuis un bout de temps dans Twin Peaks. Nous avons aussi la scène de Catherine E. Coulson, décédée en 2015, et dont la scène a été filmée juste avant son décès. Le moment est assez touchant mine de rien et la série l’utilise à son avantage, encore plus quand on sait que l’actrice n’est plus de ce monde. Et encore plus quand elle dit des choses comme « You know about death, that it’s just a change, not an end ». Le monologue de Margaret est donc un joli moment dont Twin Peaks avait besoin et qui permet de montrer le temps qui passe.

« Part 15 » est un peu comme ça, comme un épisode qui vient montrer le temps qui passe justement. L’autre paire de cet épisode qui m’a bien plu (et que l’on suit encore par la suite avant qu’ils ne meurent dans l’épisode « Part 16 ») c’est celle de Tim Roth et Jennifer Jason Leigh. C’est un duo assez fun que la série utilise à son avantage une fois de plus. Car le casting est très important mine de rien et que le casting de Twin Peaks a toujours été impeccable. Dale Cooper semble un peu plus capable de faire des choses de lui-même aussi, en tout cas un peu plus que depuis son départ. Et nous avons Dark Coop qui de son côté voyage de trous noirs en trous noirs à la recherche de Phillip Jeffries. C’est à ce moment là que Twin Peaks replonge dans ses délires sous acide. Pas que je n’aime pas ça, mais cela manque parfois de lien avec le reste et c’est clairement le cas ici. Avec « Part 16 », les choses sont légèrement différentes. Entre le réveil de Cooper (qui est plus en forme et doué que jamais, depuis le retour de Twin Peaks), une séquence sympathique d’échanges de coups de feu au beau milieu de l’épisode, il y a des tas de trucs plaisants finalement et c’est dans ce genre de circonstances que l’on a clairement envie de voir la suite.

Dale Cooper - « I am the FBI » (en voilà une ligne censée et fun)

Dale Cooper est donc enfin réveillé pour de bout. A 100% comme il le dit si bien dans cet épisode. Il était temps que Dale soit de retour, car avec une saison qui s’appelle « The Return », il fallait bien que son héros soit lui aussi de retour. Il a tout de même fallu près de 15 épisodes pour que cela soit réellement le cas, ce qui est un peu beaucoup tout de même. Mais Twin Peaks a décidé aussi de traîner en longueur, en s’égarant par moment avant de toujours revenir aux fondamentaux. Bien que ce retour de Twin Peaks est pour moi plutôt réussi, je ne peux m’empêcher d’être aussi d’accord avec ceux qui le trouvent épuisant et décevants. Et dans cet épisode, il y a même un exemple du pourquoi cette saison 3 n’est pas toujours réussie. Et je parlerai bien évidemment de l’histoire de Richard Horne et tout ce qui l’entoure. Tout cela est encore une fois lié au problème de Dark Coop cette année. Il y a quelque chose d’anti-climatic là dedans mais j’aurais apprécié que Twin Peaks puisse aller plus loin et autrement…

Les personnages secondaires dont Twin Peaks n’avait plus besoin sont congédiés de façon parfois un peu étrange mais l’épisode sait rester captivant jusqu’au bout et c’est bien ce qu’il y a de plus étrange là dedans finalement, sans compter Diane (et la prestation sans faute de Laura Dern) qui donne une toute autre dimension au personnage et un aperçu intéressant du double épisode final qui nous attend. Comme Dougie, Diane a été fabriquée dans un but précis, mais contrairement à Dougie elle le sait très bien. Et c’est ce qui rend le tout un peu plus fascinant surtout que Laura Dern, dans son fauteuil, brille à sa façon. Le double épisode final est quant à lui une occasion de conclure la saison comme n’importe quelle saison d’une série qui serait déjà assurée de revenir l’année prochaine. Cela peut servir de fin, de vraie fin à Twin Peaks, mais comme la fin de la saison 2, je ne pense pas que cela soit la fin propre que l’on pouvait attendre. Car David Lynch et Mark Frost ont probablement vu cette saison comme le retour en grâce d’une série qui a encore des tonnes de choses à nous raconter. La série créée alors des parallèles avec le reste de la série et notamment avec le fameux « Who killed Laura Palmer ? » qui reste un élément important de la narration de Twin Peaks.

Une bonne partie de la mythologie de Twin Peaks a été utilisée au fil des années mais nous n’avons pas vraiment eu de réponse propre à tout cela. Et je trouve ça un peu dommage par moment. Il y a des séquences étranges et d’autres qui ne méritent pas spécialement le coup d’oeil mais cette fin, bien que bourrée de défauts par rapport à l’idée que l’on peut se faire d’une conclusion, ne fonctionne pas toujours aussi bien que l’on ne pourrait le souhaiter. Les deux créateurs de Twin Peaks ont donc décidé de nous jouer à nouveau une sérénade que l’on connaît bien. Ces deux épisodes utilisent alors les évènements de la série comme une boucle temporelle dans laquelle plus de 25 ans s’écoulent. Tout cela afin de créer un mystère encore plus grand que celui qui a été le point de départ de Twin Peaks. Ils ont raconté une histoire sans fin, et ils recommencent à faire ce qu’ils avaient déjà fait à la fin de la saison 2… Damn ! Pourtant, ils nous laissent espérer cette conclusion dans la première partie de ce double épisode avant que l’on ne se rende rapidement compte de la supercherie. Pour autant, certaines intrigues reposent sur certains éléments narratifs classiques et propres à Twin Peaks. Il n’y a donc pas toujours de quoi être dépaysés et cela fonctionne assez bien.

Mais Twin Peaks est aussi capable de faire tout le contraire. Et c’est là le problème. Tout ce qui se passe dans Twin Peaks ne peut de toute faon pas se résumer à un face à face, car la mythologie de la série est bien plus grand que ça, sans compter qu’ils décident de l’agrandir encore cette année. Le retour de Cooper dans l’épisode « Part 16 » était une belle opportunité afin de lui donner ces deux épisodes pour briller dans son rôle d’agent à nouveau. Dale Cooper tente des tas de choses, et échoue. Comme sauver Laura Palmer de la mort dont elle a déjà souffert, de revivre un moment du passé, etc. Finalement, cette fin n’est pas une conclusion en soi et embrouille par moment toujours un peu plus le téléspectateur. Mais Twin Peaks n’a jamais été une série simple à comprendre donc je me demande si un jour elle aura une vraie fin… David Lynch ne semble pas prêt pour le moment et la scène centrale de « Part 17 » démontre encore une fois toutes les capacités complètement cinglées de cette série à créer des moments funs et étranges.

Note : 7.5/10. En bref, une fin de saison réussie pour Twin Peaks. Mais pas une fin de série…


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